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Amina, première «Femen» tunisienne, aurait disparu
Publié le 22/03/2013 à 18:13
La jeune fille a lancé en mars une page de soutien au mouvement Femen en espérant l'étendre à la Tunisie.
Une lycéenne tunisienne avait reçu des menaces de mort après la diffusion de photos d'elle dénudée sur une page Facebook dédiée au mouvement féministe Femen. Elle est aujourd'hui injoignable. Elle a fait parler d'elle sur le Web depuis début mars, mais aujourd'hui, plus de nouvelles. Amina Tyler, jeune Tunisienne de 19 ans, a été la première en Tunisie à militer à la façon des Femen, en posant seins nus sur des photos et en lançant la page Facebook Femen Tunisian fanpage. Mais depuis jeudi, elle est injoignable, rapporte l'ONG qui a essayé de la contacter à la suite de menaces de mort proférées contre elle.
Depuis le début du mois de mars, plusieurs photos d'Amina ont circulé sur les réseaux sociaux. La jeune fille s'y affiche seins nus, avec des inscriptions sur le corps en arabe ou en anglais, dans le style désormais connu des féministes ukrainiennes. «Mon corps m'appartient et il n'est l'honneur de personne», peut-on lire sur l'une des photos.
Sa page Facebook, lancée le 1er mars et affichant désormais plus de 6800 abonnés, a très vite fait parler d'elle. Dans une émission diffusée sur une chaîne tunisienne et repérée par
Courrier International , Amina explique que «ce n'est nullement de la provocation, mais une simple action pour prôner la liberté de la femme». Si la jeune fille s'attire le soutien de certains internautes, elle fait aussi face à une violente opposition, donnant lieu à insultes et menaces de mort. «Tu es folle», «C'est une pute», «Tu fais honte», peut-on lire dans les commentaires.
Un appel public à «réprimer» ces actionsPlusieurs sites tunisiens rapportent qu'Adel Almi, personnage médiatique connu pour ses provocations islamistes, a été jusqu'à appeler publiquement à «réprimer» l'action de la jeune fille, estimant qu'«Amina doit être flagellée une centaine de fois» et parlant même de «lapidation à mort». Invité cette semaine de la même chaîne télévisée que la jeune fille, il a nié avoir appelé à la lapidation et évoqué des problèmes «psychiatriques» dont souffrirait Amina. Il a toutefois refusé de s'asseoir dans le même siège qu'elle, le qualifiant de «trop impur».
Jeudi, une femme se présentant comme sa tante a posté une vidéo dans laquelle elle explique qu'Amina est «déséquilibrée» et «psychopathe», appelant ceux qui la rencontreraient à la dénoncer à la police. La veille, des pirates islamistes avaient pris le contrôle de la page Femen Tunisia, autre page de soutien au mouvement. Les photos des différentes actions seins nus des Femen ont été remplacées par des images illustrant la profession de foi de l'islam, accompagnées de phrases comme «La page a été piratée et si Dieu le veut, ces saletés vont disparaître de Tunisie».
Ces différentes réactions ont poussé l'ONG Femen à alerter sur la possible disparition d'Amina. «Son téléphone est resté éteint», «nous craignons pour sa vie», affirme l'organisation dans un communiqué publié jeudi. Vendredi matin, elle a indiqué avoir reçu des informations selon lesquelles Amina aurait été enlevée par sa famille pour être placée dans un centre psychiatrique contre sa volonté, tout en précisant ne pas savoir si l'information est véridique.