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Paris hausse le ton contre le Hezbollah
Mis à jour le 06/02/2013 à 16:50 | publié le 06/02/2013 à 15:46
Les corps des Israéliens tués à Bourgas, en août 2012, ont été rapatriés en Israël dans les jours qui suivirent l'attentat mettant en cause le Hezbollah (ici, à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv).
La France va engager des pourparlers avec ses partenaires européens en vue de sanctionner le Hezbollah, mis en cause mardi dans un attentat perpétré en Bulgarie qui avait fait six morts, en juillet dernier.Traditionnellement prudente face au Hezbollah, la France a décidé de réagir mercredi au lendemain de la déclaration bulgare désignant le mouvement chiite libanais comme responsable d'un attentat anti-israélien perpétré en juillet 2012, ayant coûté la vie à six personnes.
«Nous avons bien pris note des déclarations du ministre de l'Intérieur bulgare et nous en tirerons les conséquences, en coordination avec nos partenaires européens», a déclaré mercredi le porte-parole du Quai d'Orsay. Outre six tués, dont cinq Israéliens, l'attentat survenu le 18 juillet dernier à l'aéroport de Bourgas, dans l'est de la Bulgarie, avait fait une trentaine de blessés.
Actifs depuis longtemps sur ce dossier, les États-Unis ont immédiatement félicité mardi leur «ami proche et allié de l'Otan pour son enquête minutieuse» et pressé l'Union européenne d'agir contre le Hezbollah en plaçant ce dernier sur la liste des organisations terroristes. «Nous devons envoyer un message sans équivoque à ce groupe terroriste pour qu'il ne puisse plus commettre d'acte abject dans l'impunité», a déclaré le nouveau patron de la diplomatie américaine, John Kerry, qui s'est entretenu au téléphone avec son homologue européenne, Catherine Ashton.
Caillassé pour avoir condamné les attaques terroristes du HezbollahL'inscription du Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes nécessiterait l'unanimité des Vingt-Sept. Engagée à plusieurs reprises, la dernière fois en juillet 2012, cette initiative n'a jusqu'à présent pas abouti face à la réticence de certains États membres, dont la France. Les raisons ne manquent pas: crainte de déstabilisation du Liban, où le Hezbollah joue un rôle politique clé, peur de représailles sur la Finul, au sein de laquelle les militaires français, avec 900 hommes, forment un des premiers contingents.
«L'attentat s'est produit sur le sol européen; les Bulgares ont été assez courageux. On ne peut pas rester inerte, il faut que la solidarité européenne s'exerce», indiquait hier une source bien informée. «Laurent Fabius a pris sa décision et il semble déterminé», ajoute cette source. En février 2000, le chef du gouvernement Lionel Jospin avait été caillassé par des étudiants palestiniens de l'université de Bir Zeit après avoir condamné les «attaques terroristes du Hezbollah». Le premier ministre s'était vu ensuite vigoureusement «recadré» par le président Jacques Chirac.
«La possibilité d'ajouter le Hezbollah à la liste des organisations terroristes va être étudiée par les États membres, mais ce n'est pas la seule option», indique Maja Kocijancic, une des porte-parole des services diplomatiques de l'UE. La question pourrait être abordée le 18 février lors de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Actuellement, seuls deux membres de l'Union européenne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, ont mis le Hezbollah sur leur liste nationale des organisations terroristes. Les autorités néerlandaises ont mis au ban l'ensemble des composantes du mouvement chiite, Londres uniquement sa branche militaire. Toutefois, «il est bien évident que les sanctions sont d'autant plus efficaces qu'elles sont prises et appliquées à 27», soulignait mardi le porte-parole du Quai d'Orsay.
Pour Simone Rodan-Benzaquen, la directrice du bureau français de l'American Jewish Commitee, «l'inscription du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes de l'UE permettrait le gel de leurs avoirs, la restriction de collecte de fonds et l'interdiction de voyage de leurs dirigeants».