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Institut du monde arabe : le challenge de Jack Lang
Mis à jour le 25/01/2013 à 16:04 | publié le 25/01/2013 à 15:41
Après Dominique Baudis ou Renaud Muselier, Jack Lang prend ce vendredi la direction de l'Institut du monde arabe.
Programmation peu lisible, baisse de fréquentation, problèmes de financements récurrents, la renaissance de l'IMA va demander bien des efforts à l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand .Bâtiment phare de Paris, surplombant la Seine, l'Institut du monde arabe est fatigué. En façade ses moucharabiehs sensés s'adapter à la lumière sont grippés. Le système inventé par Jean Nouvel est beau mais fragile. Une utopie? Il faudrait un million d'euros pour qu'il fonctionne à nouveau. Vingt-cinq ans après son inauguration, l'IMA est à cette image. Mais il se trouve peut-être à un tournant de son histoire. Depuis 48 heures, l'infatigable Jack Lang s'est installé dans le bureau du président, pour une durée illimitée. Il va avoir du pain sur la planche.
En septembre 2012, la Cour des Comptes a fait parvenir une note sur la gestion de l'institut à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et tutelle de l'Ima. Saluant «un effort de redressement financier réel» depuis 2007, grâce à la gestion de Dominique Baudis, le retour d'une «visibilité internationale» ainsi qu'«une nouvelle dynamique», y sont ensuite pointées des «insuffisances».
D'abord «l'absence d'une programmation anticipée, cohérente et lisible des activités culturelles». Ce problème pourrait être réglé par l'unification des deux postes de gouvernance. À 73 ans, Lang cumule en effet la fonction de président du «haut conseil» (chargé de la programmation) et celle de président du conseil d'administration (les finances). Une première.
Institut diplomatique ou culturel? Jusqu'alors l'Ima souffrait, au vrai, de schizophrénie. D'où une chute de fréquentation, estimée à 350.000 personnes par an. En cause: des expos plus modestes qu'envisagées, des spectacles revus à la baisse, des surfaces inexploitées faute de gardiennage. Le récent déploiement du Département des arts de l'Islam au Louvre a gommé en outre les efforts concomitants déployés pour la modernisation des espaces dédiés aux collections.
Officiellement, l'IMA est une fondation, sous l'égide du Quai d'Orsay. Financé majoritairement par l'État français (60 % du budget de 24 millions d'euros) et par des ressources propres, il se veut, bien sûr, la maison (laïque) des 22 pays de la ligue arabe. Chacun ayant un représentant au conseil d'administration cela rend sa gestion au quotidien subtile, voire difficile. Ni tout à fait outil diplomatique, ni tout à fait outil culturel, l'Ima est ainsi en perpétuel recherche d'équilibre. Bien avant le Printemps arabe, une crise financière l'avait déjà secoué. Dans les années 90, certains pays - dont l'Irak ou la Libye - ne payant pas leur écot. Depuis, l'affaire a été résolue, les dettes réglées ou en partie effacées.
Depuis quelques mois, l'Ima propose de renouer avec les grands événements populaires telle l'exposition en cours sur
Les Mille et une nuits . La jeune création arabe est également à l'honneur, notamment sur le parvis, dans le
Mobile art de Zaha Hadid, un pavillon offert par Chanel.
«Une autre réalité du monde arabe doit être montrée, c'est aussi cela notre rôle», explique la directrice Mona Khazindar, une saoudienne. En mai, un festival de cinéma des pays du Golfe, dont la moitié des films ont été tournés par des femmes, vise précisément à cela.
Mais pour faire venir des artistes ou des œuvres, il faut de l'argent. Or les mécènes, hormis des habitués comme Total, se font un peu tirer l'oreille. «À chaque manifestation, j'ai essayé de développer des partenariats financiers avec les pays concernés, raconte Renaud Muselier, président sortant, mais certains n'ont tout simplement pas les moyens.» Ou ne veulent pas. Ou bien enfin les impératifs géopolitiques priment. Voilà par exemple vingt ans qu'une exposition sur la Libye antique est prête… sur le papier.