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ALGER ET DOHA CRÉERONT UN FONDS POUR INVESTIR À L'ÉTRANGER : Le lobby qui toise l'Europe
Par Brahim TAKHEROUBT - Lundi 07 Janvier 2013 -
Le partenariat entre les deux pays projette d'aller très loin
Le projet risque de bousculer les magnats de la finance internationale en ces moments de crise à travers le monde.
Attendu durant la deuxième quinzaine de décembre dernier, l'émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani a dû retarder sa visite de quelques jours pour des raisons d'agenda. Il sera finalement aujourd'hui, à Alger, pour une visite officielle qui marquera la fin du nuage d'été né des approches diplomatiques divergentes au sujet de la guerre en Libye et de la crise syrienne.
Alger et Doha tourment la page et se lancent dans des partenariats économiques d'envergure. Si l'émir du Qatar abordera les questions régionales avec le Président Bouteflika comme la crise au nord du Mali, la guerre en Syrie et les révoltes arabes, les questions économiques auront la part du lion.
Au moins sept accords de partenariat seront signés lors de cette visite. Ils concernent les domaines de l'énergie, des mines et de l'industrie. «Le Qatar entend ériger de nombreux projets en Algérie, notamment dans le domaine de l'industrie automobile», a annoncé à Alger, le 7 novembre dernier, le ministre qatari de l'Economie et des Finances, Youcef Hussein Kamal. «Nous encourageons la société allemande Volkswagen dans laquelle le Qatar possède des actions, à installer une usine de voitures en Algérie», a indiqué le ministre qatari.
Plus ambitieux encore, le partenariat entre les deux pays projette d'aller très loin puisque Alger et Doha envisagent d'investir des chantiers internationaux.
M.Youcef Kamal a souligné à cet effet, que l'Algérie et le Qatar voulaient créer un fonds commun pour la réalisation de projets mixtes à l'étranger. «Au regard de notre expérience en matière d'investissement à l'étranger, nos frères algériens ont manifesté le désir de créer un fonds commun avec nous pour des projets d'investissement à l'extérieur du Qatar et de l'Algérie», a-t-il déclaré. La nature de ce fonds commun, son montant, son fonctionnement et les pays cibles de ces investissements communs ne sont pas encore définis mais le projet risque de bousculer des lobbys de la finance internationale en ces moments de crise à travers le monde.
Surtout que l'Algérie et le Qatar peuvent dégager des moyens financiers, importants, qui leur permettent une ouverture au monde. Pour les projets internes, les deux pays ont déjà défini les champs d'intervention.
C'est ainsi que le 7 novembre dernier, les deux pays ont signé un mémorandum d'entente pour la création d'un complexe sidérurgique dans la zone industrielle de Bellara à Jijel lequel produira 2,5 millions de tonnes d'acier/an, avant de passer à 5 millions de tonnes/ans. Ce complexe, qui créera 2000 emplois directs, permettra de réduire la facture salée d'importation de l'acier de l'Algérie qui s'élève annuellement à 10 milliards de dollars. Les Qataris lorgnent également le Sud algérien mais pas dans le domaine pétrolier. Ils s'intéressent plutôt aux technologies modernes et aux télécommunications. Le projet a été discuté le 8 novembre dernier, entre Chérif Rahmani et le président du conseil d'administration de la société de télécommunications qatarie Qtel, Abdallah Ben Hamad Ben Saoud al-Thani. Ce dernier a exprimé son souhait d'investir le Sud algérien par les TIC. Toujours au sud, l'or algérien intéresse également les Qataris. Qatar Mining est évoquée avec insistance à Alger comme futur repreneur de la mine de Tirek-Amesmessa, située dans la riche région aurifère du Hoggar, dans la wilaya de Tamanrasset au Sud algérien. Actuellement, cette mine fonctionne au ralenti après le retrait de GMA ressources, le partenaire australien de Sonatrach dans ce projet.
Alger et Doha veulent également réaliser un complexe d'engrais phosphatés à Oued Keberit, à Souk Ahras.
L'annonce a été faite le 9 novembre dernier par le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui a eu des entretiens avec son homologue qatari Mohamed Ben Salah Al Sada. Finies donc les brouilles diplomatiques, place au business.