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Troubles du rythme : quand le coeur déraille
Publié le 24/12/2012
INFOGRAPHIE - De nombreuses méthodes et traitements existent pour une bonne prise en charge des arythmies.
«La principale difficulté est de pouvoir observer le trouble du rythme au moment même où il se produit», souligne le Pr Jean-Luc Pasquié, rythmologue au CHU de Montpellier. Un simple électrocardiogramme (ECG) permet d'identifier la majorité des arythmies, mais elle est le plus souvent intermittente. Certaines techniques, comme le holter cardiaque, enregistrent le rythme cardiaque pendant plusieurs jours ou plusieurs mois. Les tests à l'effort permettent, dans certains cas, de déclencher l'arythmie. L'ECG peut être complété par une échographie cardiaque pour identifier l'origine du problème ou éliminer la possibilité d'une pathologie cardiaque.
Les troubles du rythme sont fréquents, le plus souvent bénins et ne provoquent pas toujours de symptômes. Ils se répartissent en deux grandes classes selon que le cœur bat trop lentement (bradycardie) ou trop rapidement (tachycardie). L'importance des symptômes n'est pas en rapport avec la gravité de l'arythmie, mais ils peuvent, même lorsque celle-ci est sans risque, altérer la qualité de vie des patients. «Les patients souffrant de troubles du rythme se plaignent le plus souvent de palpitations, un terme qui regroupe en fait plusieurs types de sensations», rappelle le Pr Pasquié. Le cœur bat trop vite, irrégulièrement, provoque des «coups» dans la poitrine et ces symptômes peuvent s'accompagner d'essoufflement, parfois même de malaises ou d'évanouissements.
Les arythmies liées à un défaut de fonctionnement de l'oreillette sont les plus fréquentes, en particulier la fibrillation auriculaire. Liée à l'âge, elle commence après 50 ans, atteint 5 à 10 % des personnes entre 60 et 70 ans et jusqu'à 20 % des plus de 80 ans. Des parties endommagées de l'oreillette y provoquent des contractions rapides mais incomplètes ce qui peut fatiguer le cœur si la fibrillation se prolonge.
Mort subite inexpliquéePar ailleurs, le sang peut stagner dans les oreillettes et former des caillots capables de provoquer des accidents vasculaires, notamment dans le cerveau. Pour les patients à risque, en particulier les patients âgés, un traitement anticoagulant doit alors être prescrit. Des médicaments anti-arythmiques peuvent réduire les symptômes dans la majorité des cas. Dans certains cas, il est possible de détruire les zones endommagées de l'oreillette par cautérisation. «Cette intervention, dont le résultat n'est pas toujours définitif, est lourde et provoque, dans 3 à 5 % des cas, des complications parfois graves, précise le Pr Antoine Leenhardt, cardiologue rythmologue à l'hôpital Bichat, à Paris. Elle ne doit être pratiquée que dans des centres spécialisés».
Ce type d'intervention est également envisagé face la tachycardie jonctionnelle lorsque les symptômes en sont gênants et mal contrôlés par d'autres approches. Un défaut de conduction électrique entre les oreillettes et les ventricules accélère brutalement et fortement le cœur. La tachycardie disparaît aussi brutalement qu'elle est apparue, sans conséquences.
Ne pas hésiter à consulterLes ventricules peuvent également être à l'origine de troubles du rythme. Les extrasystoles, qui correspondent à une contraction précoce ou supplémentaire d'un ventricule, sont les plus fréquentes. Elles donnent la sensation que le cœur a «manqué un coup» et sont bénignes s'il n'y a pas de maladie cardiaque sous-jacente. La tachycardie et la fibrillation ventriculaire sont les deux troubles du rythme les plus graves. Lorsque les ventricules se contractent trop vite ou que des impulsions erratiques les empêchent de se contracter entièrement, ils ne peuvent plus assurer la circulation du sang, ce qui peut provoquer la mort.
Ces arythmies accompagnent souvent un infarctus et sont généralement liées à la maladie coronaire après l'âge de 40 ans. Ils peuvent également se produire chez des sujets plus jeunes, provoquant une mort subite qui reste bien souvent inexpliquée et dont l'origine peut être familiale. La tachycardie ventriculaire peut être traitée par des médicaments, par ablation des zones endommagées ou par la mise en place d'un implant. La fibrillation ventriculaire, mortelle si elle n'est pas interrompue par un choc électrique qui force les cellules du cœur à reprendre un battement synchronisé, peut être prévenue par un implant cardiaque.
Qu'ils soient potentiellement graves ou seulement gênants, les troubles du rythme peuvent être pris en charge. Il est donc utile de consulter dès que les sensations de palpitations, de battements trop rapides ou irréguliers se prolongent plusieurs minutes et se produisent régulièrement.