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L'interdiction de l'alcool au volant à l'étude et déjà critiquée
Publié le 23.12.2012 à 08h22 • Mis à jour le 23.12.2012 à 18h27
Frédéric Péchenard, délégué interministériel à la Sécurité routière, lundi 11 avril 2007 à Paris.
L'hypothèse d'une interdiction de l'alcool au volant, notamment pour les jeunes, va être étudiée au sein du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), une idée critiquée tant par des associations de sécurité routière que du côté des automobilistes. Interrogé sur l'instauration du "zéro gramme d'alcool dans le sang au volant", le délégué interministériel à la sécurité routière Frédéric Péchenard a affirmé au Journal du Dimanche que "ce sera discuté au sein du Conseil national de sécurité routière, qui est un peu le parlement de la sécurité routière, notamment pour les 18-24 ans".Il rappelle que
"cette tranche d'âge (9% de la population)
représente 25% des tués, 1.000 morts" et que
"l'alcool intervient dans 40% des accidents mortels" qui les touchent.
"Nous ne sommes pas en faveur de nouvelles lois alors que les anciennes ne sont pas complètement appliquées, notamment la loi Evin", a réagi auprès de l'AFP Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
"Cette question, récurrente à l'approche des fêtes de fin d'année, mérite bien sûr d'être étudiée", estime-t-elle néanmoins.
La Grande-Bretagne, où le seuil d'alcoolémie autorisé est plus haut qu'en France (0,8 g/l de sang au lieu de 0,5 g/l),
"obtient de meilleurs résultats car la loi y est plus appliquée", fait-elle valoir. En France, une alcoolémie supérieure à 0,5 g/l entraîne au minimum un retrait de six points du permis, c'est à dire la totalité des points du permis probatoire d'un jeune conducteur.
Pour la présidente de la Ligue contre la violence routière, il ne
"faut pas faire du sur-mesure pour les jeunes, cela aurait comme conséquence de fragiliser leur permis et de changer le dispositif de leur permis probatoire". L'alcool est depuis 2006 la première cause de mortalité sur les routes françaises, avec près d'un tiers des tués (30,8% en 2011). Ce taux est pratiquement inchangé depuis 10 ans et bien supérieur à l'Angleterre (17%) ou l'Allemagne (10%), à consommation d'alcool quasi égale.
Pour Pierre Chasseray, directeur général de
"40 millions d'automobilistes", il faut conserver ce seuil de 0,5 g/l, qui est
"une tolérance". Si celle-ci venait à disparaître, il craint que les automobilistes ne se disent:
"Vu que j'ai bu un verre et que je suis positif, autant y aller". Il prône le renforcement des
"contrôles ciblés" notamment aux abords des discothèques et davantage de formation lors du permis de conduire, notamment sur l'utilisation des éthylotests.
Depuis le 1er juillet, la présence d'un éthylotest dans tout véhicule terrestre à moteur circulant en France, à l'exception des cyclomoteurs (moins de 50 cm3 et 45 km/h maximum) est obligatoire. Mais à cause des difficultés d'approvisionnement, la verbalisation en cas d'absence (11 euros) a été reportée au 1er mars 2013.
Relancé par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le Conseil national de la sécurité routière (CNSR), en sommeil depuis 2008, est un organisme créé en 2001 pour être un lieu de débats et une instance de conseil pour le gouvernement, composé d'élus, d'associations, d'entreprises et d'administrations.
Par ailleurs, M. Péchenard a annoncé l'installation de 200 radars en 2013 ce qui portera le total à 4.200 radars (fixes, feux rouges, mobiles).
"Il faut que les automobilistes français roulent moins vite, ce qu'ils ont fait au cours des dix dernières années: la vitesse moyenne a baissé de 10 km/h depuis 2002. Mais ces résultats sont fragiles", souligne-t-il. L'assouplissement du permis à points
"a été une mauvaise décision" du précédent gouvernement, estime-t-il. S'appuyant sur des sondages, M. Péchenard affirme que les Français déclarent aujourd'hui conduire un peu plus vite qu'avant,
"une des inquiétudes pour 2013".