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Khaled Mechaal à Gaza pour fêter la «victoire» du Hamas
Publié le 07/12/2012 à 08:22
C'est sur cette scène, où est représenté une version géante du missile M75 que Khaled Mechaal doit s'exprimer.
Le chef de file du Hamas est attendu vendredi pour la première fois dans la bande de Gaza, pour assister à un «rassemblement de la victoire».
Khaled Mechaal, qui n'a pas mis les pieds dans les territoires palestiniens depuis son départ de Cisjordanie à l'âge de onze ans, est sorti largement renforcé des combats qui ont fait rage pendant huit jours dans l'enclave dont le mouvement islamiste s'est emparé en juin 2007. Depuis le cessez-le-feu du 21 novembre, conclu sous l'égide d'une Égypte désormais dirigée par des Frères musulmans dont le Hamas est lui-même issu, il parle plus que jamais de réconciliation avec le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.
«La défaite de l'ennemi à Gaza» et l'arrivée au pouvoir de la confrérie au Caire créent un nouvel environnement qui devrait permettre aux Palestiniens de former un gouvernement d'union, a déclaré le chef de file du Hamas, dans un entretien accordé, fin novembre, à Reuters, dans un hôtel de Doha où il s'est installé depuis son départ de Syrie, en janvier. Khaled Mechaal doit rester un peu moins de 48 heures dans la bande de Gaza, où le Hamas a prévu d'organiser samedi un grand rassemblement pour célébrer sa «victoire», à l'occasion du 25e anniversaire de sa fondation.
Les affrontements ont fait 170 morts dans les rangs palestiniens et six côté israélien. L'État hébreu assure avoir considérablement entamé les capacités militaires du Hamas, mais le mouvement est sorti nettement renforcé du conflit, qui lui a valu des témoignages de solidarité de la plupart des pays arabes et de l'Autorité palestinienne. La visite de l'émir du Qatar, premier chef d'État à se rendre dans l'enclave, a même mis fin à son isolement diplomatique. Khaled Mechaal, qui a pris une part active aux négociations, a lui-même raffermi sa légitimité à la tête de son mouvement, même s'il assure vouloir passer la main à brève échéance.
«Une stratégie nationale palestinienne»«Pour la première fois, un cessez-le-feu a été conclu aux conditions posées par le Hamas et cela en présence des Américains», s'est-il félicité. L'homme âgé de 56 ans par ailleurs vigoureusement soutenu l'initiative de Mahmoud Abbas aux Nations unies, où le président de l'Autorité palestinienne a obtenu le 29 novembre le statut d'État observateur.
Outre le succès diplomatique, cette reconnaissance implicite d'un État palestinien favorise «l'unification des efforts nationaux palestiniens» dans le cadre du processus de réconciliation avec le Fatah, souligne Khaled Mechaal.
«J'ai dit à Abou Mazen (Mahmoud Abbas) que nous voulions que cette initiative s'intègre dans le cadre d'une stratégie nationale palestinienne (comprenant) la résistance (armée) qui a excellé à Gaza et fourni un exemple de la capacité du peuple palestinien à résister et à tenir tête fermement à l'occupant», dit Khaled Mechaal.
Au-delà du processus de réconciliation, Mechaal pourrait même acquérir le statut d'interlocuteur dans le cadre du processus de paix israélo-palestinien. Pour le gouvernement israélien, il n'est évidemment toujours pas question de négocier ouvertement avec un mouvement toujours voué à la destruction de l'État hébreu.
Tentative d'empoisonnementReste que Khaled Mechaal, victime en 1997 d'une rocambolesque tentative d'empoisonnement du Mossad à Amman, a adopté ces dernières années un ton plus nuancé, appuyant par exemple l'idée d'une trêve à long terme en échange d'un retrait israélien sur les frontières de 1967.
Son départ de Damas et l'opération israélienne «Pilier de défense» l'ont par ailleurs amené à prendre ses distances avec l'Iran et à se rapprocher du Caire ou de Doha, ce qui le rend plus «fréquentable».
«Du point de vue israélien, Khaled Mechaal joue aujourd'hui un rôle plus positif», estime Shlomo Brom, chercheur à l'Institute for national security studies (INSS) de Tel Aviv, un organisme indépendant. «En gros, le Hamas est divisé en deux factions, celle de Gaza et celle qui vit en exil à l'étranger. Il y a des débats entre elles et la faction de Mechaal est bien plus modérée, d'où l'intérêt pour Israël», ajoute-t-il.
Le rassemblement de samedi ne coïncide pas tout à fait avec le 25e anniversaire de la fondation du Hamas, mais avec celui de la première intifada, commencée en 1987. Les rues de Gaza ont été pavoisées aux couleurs du mouvement islamiste pour la visite de son chef de file, qui doit arriver via l'Égypte. Une vaste scène a été dressée à Gaza-ville. Elle est surmontée d'une reproduction gigantesque du missile M75. Plusieurs exemplaires de cet engin, fabriqué localement et qui fait la fierté du Mouvement de la résistance islamique, se sont abattus à Tel Aviv et à Jérusalem.