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L'émir du Qatar affiche son parti pris pro-Hamas à Gaza
Mis à jour le 23/10/2012 à 09:15 | publié le 23/10/2012 à 09:12
Un membre des forces de sécurité du Hamas près d'un drapeau du Qatar, lundi, à Gaza.
En visite officielle dans la bande de Gaza, Cheikh Hamad al-Thani arrive avec de nombreux projets d'aide aux islamistes du Hamas, qui contrôlent le territoire. Au grand dam de Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne Si la visite à Gaza mardi de cheikh Hamad al-Thani est une première de la part d'un chef d'État arabe, il ne s'agit pas, en revanche, d'une véritable surprise. L'émir du Qatar est en effet un ami personnel de Khaled Meshaal, le chef du bureau politique du Hamas, le Mouvement de la résistance islamique, qui contrôle le territoire palestinien coincé entre Israël et l'Égypte. Petit détail qui en dit long: depuis son départ au printemps de sa base arrière damascène, Meshaal est logé à l'hôtel Four Seasons de Doha, sous protection de ses hôtes qatariens.
Sur l'échiquier palestinien, Doha n'a jamais fait mystère de ses préférences pour les islamistes du Hamas, au détriment de leur rival nationaliste, Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne. En début d'année, Doha a tenté - en vain - de réconcilier les deux camps.
Nul doute que cette visite hautement symbolique va encore creuser la défiance des responsables palestiniens de Cisjordanie envers le Qatar. «En fait, derrière des déclarations apaisantes, Mahmoud Abbas et ses amis sont furieux, affirme un diplomate à Jérusalem. À leurs yeux, les objectifs de cette visite ne sont pas clairs du tout. Le Qatar parle de réconciliation, et en même temps, l'émir et la Cheikha Moza effectuent une visite officielle à Gaza, la première d'un chef d'État arabe, c'est quand même osé», poursuit ce diplomate.
D'autant que depuis plusieurs années, Doha ne finance plus une Autorité palestinienne, pourtant au bord de la faillite, alors que l'émirat est soupçonné d'aider le Hamas, la branche palestinienne de la confrérie des Frères musulmans, par laquelle Doha exerce aujourd'hui son influence dans les pays arabes qui se sont soulevés contre les dictateurs.
254 millions de dollars investisComme il le fait à chaque fois ou presque qu'il visite un «pays arabe frère», l'émir ne vient pas les mains vides. Doha va investir 254 millions de dollars dans des projets routiers et de développement agricole dans la bande de Gaza, cette vaste prison à ciel ouvert, qu'Israël soumet à un blocus depuis que les islamistes l'ont conquise par la force en 2007.
Depuis le mois de juin, l'émirat a fait don de 30 millions de litres de carburant pour alimenter l'unique centrale électrique de la bande de Gaza, dont Israël s'est retiré en 2005. Combien donne-t-il à la Cisjordanie? Certainement beaucoup moins.
Après l'Égypte et la Tunisie, où le Qatar sponsorise les nouvelles directions issues des Frères musulmans, Doha n'entend surtout pas marquer une pause dans son soutien à la cause palestinienne, fut-il ostensiblement partisan. Car en Cisjordanie comme ailleurs dans le monde arabe, le Qatar estime que le vent est favorable aux islamistes. Une nouvelle preuve? Les élections municipales partielles, organisées ce week-end sans le Hamas, ont été boudées par les Palestiniens de Cisjordanie.
À Ramallah, Naplouse ou Hébron, le pari du Qatar viserait en fait à préparer l'après Abbas, en imposant Meshaal, qui se présente de plus en plus comme un leader nationaliste. Le travail de sape contre Mahmoud Abbas aurait déjà commencé cet été… par la diffusion par la chaîne qatarienne al-Jazeera du documentaire sur l'empoisonnement supposé de Yasser Arafat par Israël, avec probablement l'aide d'une «main palestinienne» dans l'entourage du chef de l'Autorité.