Exclusif - Hervé Morin : «Sarkozy, capitaine sans cap, d'un bateau qui prend l'eau»

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Morin : «Sarkozy, capitaine sans cap, d’un bateau qui prend l’eau»

Propos recueillis par Matthieu Croissandeau | Publié le 16.12.2011, 21h33


Hervé Morin, s'en prend à la gestion de la crise de Nicolas Sarkozy. Pour le candidat, «il est urgent d’agir. Il ne suffit pas d’enchaîner les sommets et les rencontres franco-allemandes tous les quinze jours en annonçant à chaque fois que l’on a sauvé l’Europe pour remettre les choses en ordre.»

Pour Hervé Morin, président du Nouveau centre et candidat à la présidentielle, il est urgent de prendre des mesures pour redresser les comptes.

Le pays est en récession. La France est menacée de perdre son triple A, mais Nicolas Sarkozy juge au fond que ce ne serait « pas insurmontable ». A-t-il pris la juste mesure de la situation ?

HERVE MORIN. Nicolas Sarkozy nous explique qu’il est le capitaine dans la tempête. Mais nous n’avons toujours pas compris quel était le cap ! Et le bateau prend l’eau. Il est urgent d’agir. Il ne suffit pas d’enchaîner les sommets et les rencontres franco-allemandes tous les quinze jours en annonçant à chaque fois que l’on a sauvé l’Europe pour remettre les choses en ordre. Il faut envoyer un message clair à ceux qui nous prêtent de l’argent chaque jour, sur l’assainissement réel et durable de nos finances publiques, et cesser de se contenter de rustines inefficaces ou incohérentes.

L’accord de Bruxelles n’a servi à rien ?

Il est très insuffisant. Il faut aller vers plus de fédéralisme économique avec une véritable harmonisation fiscale et un socle social minimum. Il faut également permettre à l’Europe d’emprunter pour financer de grands investissements. Mais compte tenu de la récession qui s’annonce, il faut surtout prendre des mesures immédiates pour redresser nos comptes, sans céder à la tentation de mettre la poussière sous le tapis jusqu’à l’élection présidentielle comme le fait Sarkozy, parce que cette attitude là nous mène dans le mur.

Que proposez-vous ?

On peut très facilement trouver 15 à 20 milliards de recettes supplémentaires. Je propose par exemple d’instaurer un taux plancher de l’impôt sur les sociétés à 15%, pour que les entreprises du CAC 40 qui en payent deux fois moins en jouant sur les niches fiscales soient mises à contribution (8 milliards d’euros). Je suggère aussi de plafonner la déductibilité des intérêts d’emprunt pour les entreprises (3 milliards d’euros), de modifier la « niche » Copé (2 milliards), de raboter enfin les niches fiscales, hors emplois familiaux (4 milliards).

Et côté dépenses ?

Je propose de mettre les allocations familiales sous condition de ressources, d’établir des franchises pour l’assurance maladie selon les revenus de chacun. Et de demander aussi un effort aux collectivités locales.

Cette politique d’austérité ne risque-t-elle pas d’aggraver la récession ? Le gouvernement a déjà pris deux plans de rigueur depuis la rentrée…

Si on ne le fait pas, c’est tout le système qui s’effondre. Mais il s’agit d’être cohérent et juste. Ce qui n’était pas le cas pour les deux plans de rigueur qui ont surtout frappé les classes moyennes. Par ailleurs, il faut favoriser la relance en exigeant par exemple que la Banque centrale européenne intervienne pour ramener l’euro à 1,15 dollar. J’invite aussi le gouvernement à recapitaliser au plus vite les banques, car aujourd’hui, faute de liquidités, elles resserrent considérablement l’accès au crédit pour les ménages et les PME. Débloquons enfin les 90 milliards d’euros qui sommeillent dans les fonds d’épargne salariale pour relancer la consommation.

Les salariés doivent-ils aussi faire un effort ?

Il faut dire aux Français qu’il est temps de travailler un peu plus, ce qui relancerait immédiatement la croissance. Je propose de passer la durée légale à 37 heures par semaine, ce qui nous ramènerait dans la moyenne européenne. Cela permettrait à l’Etat d’économiser immédiatement 10 milliards d’euros sur les exonérations de charges sociales accordées dans le cadre de la mise en œuvre des lois Aubry.