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Les républicains s'étripent, Obama pose ses jalons
Publié le 16/12/2011 à 20:48 Barack Obama le 15 décembre dernier.
Le président a entrepris de remobiliser ses troupes pour la présidentielle.
Pour la première fois depuis le début de sa présidence, 52 % des Américains affirment que Barack Obama devrait se limiter à un seul mandat, selon un récent sondage. Ils ne sont que 43 % à penser qu'il devrait au contraire rester à la Maison-Blanche. Le manque d'enthousiasme est notamment patent chez les jeunes, qui avaient plébiscité Obama en 2008 et qui ne sont plus que 46 % à le soutenir, selon une enquête menée par l'Institut politique de Harvard. Des chiffres qui en disent long sur les difficultés qui attendent le président sortant au cours de sa deuxième campagne.
Dans un contexte économique mondial déprimé et imprévisible, qui nourrit une profonde inquiétude, tous les observateurs sont persuadés que la bataille de 2012 sera très serrée, quel que soit le vainqueur qui émerge de la drôle de primaire républicaine qui se joue depuis des mois sans voir émerger de favori incontesté. Sera-ce Newt Gingrich, l'ancien speaker de la Chambre, un vieux politicien expérimenté et beau parleur, qui a profité des débats télévisés pour s'imposer à la surprise générale en tête de la course depuis un mois? Ou l'ancien gouverneur Mitt Romney, le gestionnaire mormon efficace et plus centriste, que la base conservatrice accuse d'opportunisme, mais qui semble regagner un peu de terrain au forceps dans l'Iowa?
La question est cruciale bien sûr, car Obama ne sera pas jugé dans l'absolu pour ce qu'il a accompli ou non, mais sur fond de comparaison avec le candidat républicain. «Les gens se demanderont: malgré toutes les déceptions, est-ce que je connecte plus avec Obama qu'avec l'alternative? », notait récemment le journaliste du Boston Globe Glen Johnson. Actuellement, Obama devance à peine Mitt Romney {46,4 contre 44,8} selon la moyenne des sondages publiés par le site RealClearPolitics. Il a en revanche huit points d'avance sur Gingrich (48 contre 40).
Sur les traces de RooseveltEn privé, les équipes d'Obama - qui disent étudier de très près la tactique de réélection de George W Bush - ne cachent pas qu'une bataille contre l'imprévisible Newt Gingrich, brillant, mais sujet aux dérapages verbaux, et gêné par son profil de go between un peu faisandé entre les intérêts des grands groupes privés et la machine politique du Congrès, les arrangeraient. «Souvenez-vous, plus un singe grimpe haut, mieux vous voyez son derrière», a confié abruptement cette semaine au
New York TimesDavid Axelrod, conseiller d'Obama en charge de sa campagne. «Le speaker est très haut sur la branche, nous allons voir si les gens aiment la vue».
Mais les conseillers électoraux de la présidence affirment aussi avoir intérêt à ce que le suspense du duel Romney-Gingrich se prolonge. Leur calcul est que cette bataille républicaine à l'arraché pour séduire la base, droitisera de plus en plus le discours des deux candidats, laissant le champ libre aux démocrates pour reconquérir le centre.
Le président a déjà commencé d'occuper le terrain, en tentant de se présenter comme le candidat de «l'équité», prêt à se battre encore et encore pour imposer de nouveaux impôts et de nouvelles règles aux riches et à Wall Street, et renflouer les caisses de l'État en redonnant leur chance aux classes moyennes privées d'avenir et de crédits. Friand de symboles, il s'est rendu à Osawatomie, dans l'est du Kansas, une petite ville où le président républicain Theodore Roosevelt avait lancé en 1909 un agenda social révolutionnaire, au grand dam de son parti. Tout le message d'Obama consiste à se positionner du côté d'une majorité qui se sent exclue d'un jeu politique dominé par les intérêts spéciaux du grand capital. En s'appropriant Theodore Roosevelt, Obama vise aussi à dépeindre les républicains d'aujourd'hui comme une machine dépassée et ultrapartisane, incapable de travailler à l'intérêt national.
«Ce thème de justice économique est très fort, nous pensons qu'il va toucher large», notait la semaine dernière, confiante, la présidente du Parti démocrate dans l'Iowa, Sue Dvorsky. Elle en voulait pour preuve le récent succès enregistré par les démocrates dans une sénatoriale partielle en novembre. Reste que beaucoup d'ex-partisans d'Obama s'interrogent sur sa capacité à sortir la machine politique de l'impuissance, même s'ils sont d'accord avec son message. Son plus grand défi sera de les convaincre qu'il ne sera pas à nouveau paralysé s'il reste le locataire de la Maison-Blanche.