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Des policiers remplacent les grévistes dans les aéroports
Publié le 22/12/2011 à 09:42 Ce matin sur le terminal 2F de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, des policiers remplacent des agents de sécurité
Alors que les agents de sûreté des aéroports entament leur septième jour de grève, l'État a envoyé des policiers et des gendarmes pour effectuer le contrôle des passagers et des bagages. Les syndicats protestent.Le conflit social dans les aéroports prend un nouveau tour, de force. Après un nouvel échec des négociations entre le patronat et les syndicats, les agents de sûreté ont entamé ce jeudi leur septième jour de grève, en cette période de grands départs à l'approche des fêtes de fin d'année. L'État a donc décidé de mettre sa menace à exécution en envoyant des policiers et gendarmes pour remplacer les employés grévistes. Ce matin, des membres de la police des frontières (PAF) et de la gendarmerie du transport aérien (GTA) se sont ainsi rendus au terminal 2F de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle pour remplacer le personnel gréviste des sociétés de sûreté, a confirmé le ministère de l'Intérieur sans préciser le nombre.
Selon des sources concordantes, seule une dizaine de policiers et gendarmes était présente mais le dispositif est «appelé à monter en puissance au fur et à mesure que le nombre de vols va s'intensifier», indique le ministère. Au total, près de 400 policiers et gendarmes se tiendraient prêts à se substituer aux salariés grévistes.
Le syndicat de police Syndicat national des officiers de police (Snop) a lui «pris acte» de l'engagement d'effectifs. Les policiers mobilisés vont «remplir les missions qui sont abandonnées par les grévistes», a précisé Michel-Antoine Thiers, du Snop, sur Europe 1. Ils vont «contrôler des voyageurs et des bagages qui présenteraient un caractère suspect», a-t-il poursuivi. Mais ils ne réaliseront pas les contrôles derrière les écrans qui demandent une formation spécifique, selon une source aéroportuaire.
Le gouvernement avait évoqué la mise en place de ce dispositif en début de semaine. Le président de la République, Nicolas Sarkozy avait sommé le gouvernement «de prendre toutes les mesures nécessaires et opportunes», a rapporté Valérie Pécresse. La porte-parole du gouvernement, et ministre du Budget, a déclaré que le chef de l'État avait «insisté sur le fait que le gouvernement ne pouvait pas laisser prendre en otage les vacances des Français».
Salariés déterminésMais ce n'est pas la réponse attendue par les syndicats. FO estime notamment que le gouvernement veut faire de la police républicaine une briseuse de grève. «L'Etat doit intervenir pour demander aux gestionnaires aéroportuaires de mieux répartir la taxe de sûreté aéroportuaire prélevée sur les billets, comme ça, on nous donne la possibilité de faire notre métier dans de bonnes conditions avec un salaire correct», a demandé Christine Hamiani, de la CGT. Au sixième jour de grève, les agents de sûreté des aéroports affichent leur détermination à obtenir une réévaluation de leurs salaires de l'ordre de 200 euros. «Nous gagnons 1543 bruts par mois. Avec cela nous travaillons le dimanche, nous avons des horaires décalés, nous commençons parfois à 4 heures du matin et sur une vacation 2000 passagers passent sous le portique», détaille une gréviste.
Et les salariés sont prêts à rester mobilisés.A Lyon-Saint-Exupéry, le syndicat Unsa de la Brink's, la société qui emploie 400 agents de sûreté, constate «98% de grévistes». «Il faut que l'on tienne si l'on veut obtenir quelque chose», a déclaré son représentant Denis Lefranc. Et selon ce syndicaliste, «le gouvernement fait écran de fumée en faisant croire que tout se passe bien et que les forces de l'ordre pourraient intervenir alors qu'elles le refusent». De son côté, Christine Hamiani a assuré que les grévistes ont voté en assemblée générale une poursuite du mouvement jusqu'au 31 décembre qui, selon elle, touche déjà Roissy, Orly, Lyon, Beauvais, Toulouse et Nice.
Aéroport de Paris (ADP) constatait toutefois hier que la ponctualité des vols était «normale» à Orly. En revanche, hier, dans les aéroport de Paris-Charles de Gaulle et Lyon Saint-Exupéry, les files d'attente s'allongeaient aux postes de contrôle. En dépit du préavis déposé à Nice, aucune perturbation n'était non plus constatée, tout comme à Bâle-Mulhouse, où un préavis a néanmoins été déposé pour le 24 décembre.