Ouest-Tribune Le Premier Quotidien de l'Oranie Mercredi 03 Octobre 2012Une foule nombreuse a accompagné Fréha à sa dernière demeure :
Oran rend le dernier hommage à son fils
Ce mardi après-midi, au cimetière d’Aïn Beida, ils étaient des milliers à accompagner à sa dernière demeure le corps du défunt Abdelkader Freha, décédé lundi, à l’âge de 70 ans à la suite d’une maladie. Il aura fallu pas moins de deux heures au cortège funéraire, parti du domicile mortuaire de Maraval pour arriver devant l’esplanade du cimetière abritant le carré des martyrs. En fait, le cercueil fut porté par les agents de la protection civile avant d’être mis en terre.
Après la lecture de la «Fatiha», un orateur a retracé le parcours de ce prestigieux footballeur qui a, pendant plusieurs saisons, fait vibrer les stades d’Oran et d’ailleurs, par l’élégance de son style de jeu, très offensif d’ailleurs, mais surtout par l’art et la manière qu’il avait pour clouer au sol, ses adversaires. Ils sont venus de toutes les régions du pays, d’Alger, de Tiaret, de Mostaganem, de l’Est du pays comme des villes du Sud, ces présidents de clubs de football, ses coéquipiers qui l’avaient accompagné dans cette belle aventure du Mouloudia d’Oran, un club phare à l’histoire fabuleuse et au riche passé, depuis la période coloniale et après l’indépendance.
Oui, le MCO est auréolé de son parcours, qui a commencé dans le quartier populaire du faubourg Lamur (El-Hamri), en 1946 et s’est poursuivi dans les années 50, avec des joueurs qui vont embrasser la cause nationale en quittant les joutes sportives pour rejoindre les rangs de la glorieuse Armée de Libération Nationale. Certains seront arrêtés et incarcérés dans les geôles de la Maison d’Arrêt d’Oran après des procès expéditifs encadrés par des juges du Tribunal des Forces Armées. D’autres encore sont tombés au champ d’honneur.
Ils étaient là, les anciens, Missoum Lahouari, Belahouel Adda, Nehari Bouabdallah, Brahim Bessah, Abdallah Kechra, Drid, mais aussi les inconditionnels du club hamraoui, ceux de l’ASMO, de l’USMO, petites équipes des communes environnantes, les cadres de la wilaya et chefs des services extérieurs, les Moudjahidine, les sénateurs, les députés, les élus locaux et les Moudjahidine aussi. L’émotion était grande quand le corps du défunt fut mis en terre. Beaucoup n’ont pu se retenir pour éclater en sanglots.
C’est l’adieu de toute une foule à «Béka», diminutif de son prénom Abdelkader, le quatrième garçon d’une famille bien «encadrée» par une veuve, une mère courage, Hadja Fatima qui était intraitable avec son petit quand il regagnait le domicile sans avoir marqué de but.
Elle, c’était notre mère à tous et à toutes. Elle a su imprégner de son courage et de son amour pour le Mouloudia, ses enfants, feu Benyoucef, martyr de la guerre et ancien goal du MCO, Ahmed, défenseur au sein de l’équipe des années quarante et enfin, Mohamed, qui a évolué en catégorie cadette, avant qu’il ne soit condamné à mort par contumace pour avoir appartenu au réseau de Fidayîn dans l’Organisation Urbaine d’Oran.
Sa survie, il l’a doit à son courage pour avoir traversé la distance d’Oran à Oujda, où il fut incorporé au sein du Commandement des Frontières.