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La France compte à nouveau trois millions de chômeurs
Mis à jour le 26/09/2012 à 09:17 | publié le 26/09/2012 à 06:55
La France renoue en cette rentrée 2012 avec les heures les plus sombres de son histoire en matière de chômage de masse.
Ce nouveau seuil, atteint pour la dernière fois il y a treize ans, confirme que l'Hexagone a bel et bien un problème de chômage de masse, qu'aucun gouvernement n'a réussi à résoudre.Ce sera officiel à 18 heures précises, mais le ministre du Travail Michel Sapin l'a déjà confirmé ce matin sur France 2: la France va franchir le seuil psychologique des trois millions de chômeurs en métropole, lors de la publication des données des inscrits à Pôle emploi à la fin août. Le gouvernement a certes préparé le terrain il y a un mois, en indiquant que la barre tant redoutée des «3 millions» était dépassée depuis longtemps - si on prend en compte la France entière, Dom compris, ou si on intègre les autres catégories de demandeurs d'emploi. Le symbole n'en reste pas moins fort. La France renoue en cette rentrée 2012, quelques mois seulement après le changement de majorité, avec les heures les plus sombres de son histoire en matière de chômage de masse.
Avec de tels chiffres, il ne fait guère de doute que la France a bel et bien un problème de chômage structurel, incapable de descendre depuis trente ans - même en période de reprise économique - sous la barre des 8 % de la population active. Les causes sont multipleset les remèdes relativement inefficaces à inverser la tendance sur une longue période. Aucun responsable politique n'a, à ce jour, trouvé la martingale et les premiers pas du gouvernement de Jean-Marc Ayrault confirment que le grand soir de l'emploi n'est pas pour demain.
François Hollande a eu beau promettre à la télévision qu'il allait «inverser la courbe du chômage dans un an», l'engagement présidentiel risque de se transformer en vœu pieux. Avec le flot de désillusions qui va avec. «Que serait un gouvernement qui n'afficherait pas un tel objectif politique?», se défend Michel Sapin. «Un gouvernement impuissant», répond-t-il dans la foulée, jugeant certes «ambitieux», mais «atteignable», l'objectif de redescendre sous la barre des trois millions de chômeurs d'ici à un an, grâce à «la politique économique, sociale et européenne du gouvernement».
En attendant le retour de la croissanceOutre les effets des mesures déjà prises (embauche de 2000 conseillers à Pôle emploi, rallonge de 80.000 contrats aidés au second semestre…) ou à venir (recrutement à partir du 1er novembre de 100.000 emplois d'avenir pour les jeunes sans qualification, lancement des premiers contrats de génération début 2013, «compromis historique» attendu des partenaires sociaux sur la sauvegarde de l'emploi…), le ministre de l'Emploi parie surtout sur le retour providentiel de la croissance en France. «Sans croissance, on n'y arrivera pas», avoue Jean-Marc Germain, l'ex-directeur de cabinet de Martine Aubry à la mairie de Lille et au PS, aujourd'hui l'un des députés les plus en vue de la commission des affaires sociales de l'Assemblée.
«Avec la relance du processus européen, je suis persuadé qu'il va y avoir un chaos dans l'autre sens, assure pour sa part Michel Sapin. Les marchés ont compris que notre engagement va dans la bonne direction. Il peut y avoir un appel d'air fort en octobre et une reprise en novembre, qui produira ses effets sur l'emploi à la mi-2013.»
Le sursaut, pour l'heure, se fait attendre. Le rouleau compresseur du chômage de masse a repris inexorablement sa marche forcée, et rien ne semble, à court terme, en mesure de l'arrêter. Or, il y a urgence, et ce probablement comme jamais. Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi a enflé de 140 000 rien qu'en catégorie A sur les sept premiers mois de l'année (soit une progression cinq fois supérieure à celle de la même période en 2011, mais moitié moindre qu'en 2009). Et la tendance n'est malheureusement plus «à la baisse de la hausse» comme il y a quelques mois. Bien au contraire.
Résultat, le nombre de jeunes et de seniors inscrits en catégorie A dépasse 1,1 million de personnes (et bien plus si on prend en compte ceux qui travaillent à temps partiel ou les découragés, qui ont renoncé à franchir les portes d'une agence) et représente plus de 37 % des inscrits. Un taux jamais atteint depuis la création, en 1967, de l'ANPE, l'ancêtre de Pôle emploi, par un jeune secrétaire d'État à l'Emploi dénommé Jacques Chirac. Le premier ministre de l'époque, Georges Pompidou, lui avait demandé de créer un bureau national de placement des chômeurs, au motif que la France ne supporterait jamais de franchir le cap, tous âges confondus, du demi-million de demandeurs d'emploi. On sait ce qu'il en est advenu…
Quant au stock de chômeurs de «longue durée» (sans emploi depuis plus d'un an), il dépasse aujourd'hui 1,7 million de personnes, soit près de quatre chômeurs sur dix! La situation devient particulièrement désespérante pour les 470.000 en «très longue durée» (inscrits depuis plus de trois ans), dont les effectifs ont bondi de 20 % sur un an. Là encore, du jamais-vu qui annihile un peu plus chaque mois leur maigre perspective de réintégration, même momentanée, sur le marché du travail.
En attendant le retour de la croissance, le marché de l'emploi est voué à rester dépressif. L'Unedic estime que le nombre de demandeurs d'emploi progressera encore de 170.000 d'ici à la fin de 2013.