Le cap des trois millions de chômeurs est franchi

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Le cap des trois millions de chômeurs est franchi

Mis à jour le 02/09/2012 à 23:47 | publié le 02/09/2012 à 20:10


Le gouvernement admet qu'il faudra du temps avant que la situation de l'emploi s'améliore.

Ayrault «ne veut pas être le premier ministre d'un tournant de l'austérité».

Les mauvaises nouvelles de rentrée pour le gouvernement se multiplient. Compte tenu de la tendance, le chiffre n'est pas une véritable surprise. Mais l'annonce dimanche, par le ministre du Travail, Michel Sapin, du franchissement du seuil des 3 millions de demandeurs d'emploi fait l'effet d'une douche froide. Les Français ont conduit François Hollande au pouvoir car celui-ci leur promettait de «redresser la France»? Voilà qu'on leur annonce que la situation de l'emploi n'avait pas été aussi dégradée depuis juin 1999. Les derniers chiffres officiels faisaient état de 2,987 millions de personnes sans aucune activité fin juillet, après quinze mois de hausse ininterrompue.

«Ne nous battons pas sur des symboles qui sont des symboles déjà dépassés», a minimisé Michel Sapin sur Radio J, rappelant qu'en prenant en compte les statistiques de l'outre-mer, le seuil de 3 millions avait déjà été dépassé en juillet (le total des demandeurs d'emploi sans aucune activité atteignait 3,232 millions). «Ce n'est pas un scoop!» a insisté le premier ministre, invité dimanche soir de l'émission «Tous politiques» de France Inter-AFP-Le Monde.

Il n'empêche. Ce chiffre symbolique met la pression sur l'exécutif et ne fait que renforcer le sentiment d'urgence face à la situation. Ce à quoi le premier ministre répond que le gouvernement «a accéléré la convocation du Parlement» en session extraordinaire, à partir du 10 septembre, afin justement de faire entrer en vigueur le plus rapidement possible le dispositif des «emplois d'avenir» puis les contrats de génération (maintien dans l'emploi d'un senior et embauche d'un jeune).

1,5% de croissance pour créer des emplois

Le gouvernement admet qu'il faudra du temps avant que la situation de l'emploi s'améliore. «La question est: est-ce que cela va augmenter encore? Oui, cela va augmenter», a indiqué Michel Sapin. «Pour gagner cette bataille, car c'est une bataille, celle de la croissance, celle de l'emploi, il faudra du temps», indiquait déjà François Hollande vendredi, lors d'un déplacement à Châlons-en-Champagne. «On ne peut pas corriger en quatre mois une politique qui a été menée pendant dix ans», a défendu le ministre délégué aux Affaires européennes Bernard Cazeneuve, invité hier du «Grand Rendez-Vous» i-Télé/Europe-1/Le Parisien.

Et pour cause: les mesures d'emplois aidés permettront certes d'atténuer la dégradation sur le front de l'emploi. Mais ce n'est qu'à partir de 1,5% de croissance que l'économie crée des postes. Or le PIB ne devrait progresser que de 0,3% cette année et aura du mal à dépasser 1% en 2013. En outre, tant que les entreprises n'auront pas regagné en compétitivité, il y a fort à parier qu'elles ne créeront pas d'emplois durables. Ayrault a de nouveau évoqué une hausse de la CSG pour ne plus faire reposer le financement de la protection sociale uniquement sur le travail ; mais ce n'est qu'«une piste» parmi d'autres. «Nous devons tout faire pour encourager la croissance, en concertation avec nos partenaires européens», a insisté le premier ministre. Et d'insister: «Trop de gens pensent qu'on ne va pas y arriver. Moi je dis qu'on va y arriver, que la France va s'en sortir.»

Haute voltige

En plus des «réformes structurelles» que le gouvernement va mettre en œuvre, Jean-Marc Ayrault a reconnu que cela nécessitera «des efforts, et nous les ferons». Il a une nouvelle fois assuré que le déficit public serait ramené à 3% l'an prochain. «Il faut maîtriser les comptes publics, ne pas laisser filer la dette et les déficits (…) On ne peut pas vivre avec comme premier budget de la nation le remboursement des intérêts de la dette.» Pour autant, il a affirmé ne pas vouloir «être le premier ministre d'un tournant de l'austérité». Des efforts mais pas d'austérité: l'équation du gouvernement s'annonce proche de la haute voltige…