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La grande distribution prise pour cible en Corse : sept supermarchés plastiqués
Publié le 10.09.2012, 06h47 | Mise à jour : 09h51
La grande distribution, souvent dénoncée par les nationalistes corses pour sa mainmise sur l'économie insulaire, a été visée par une série d'attentats dans la nuit de dimanche à lundi.
La grande distribution a été visée par une série d'attentats dans la nuit de dimanche à lundi. Sept supermarchés ont été plastiqués à Ajaccio et en Haute-Corse. Ces attentats, qui n'ont pas été revendiqués, n'ont pas fait de victime et les dégâts ne sont pas très importants, selon les premiers éléments des enquêtes.
Pas moins de cinq établissements de l'enseigne Leclerc ont été visés vers 1 heure, deux à Ajaccio et les trois autres en Haute-Corse (Bastia, Alistro et Saint-Florent). L'entrée du principal magasin Leclerc d'Ajaccio, proche du centre-ville, a été détruite par une charge explosive, mais les dégâts semblaient limités. A Bastia, les vitrines du supermarché, situé dans le quartier du Fango, ont été brisées et des rideaux métalliques détruits, selon les premières constatations.
Les autres magasins plastiqués, également vers 1 heure, sont l'hypermarché Géant Casino et un magasin d'articles de sports Décathlon d'Ajaccio, ouvert cette année. Ces deux grandes surfaces sont situées en périphérie. Des investigations se sont poursuivies dans la nuit pour évaluer les dégâts et prélever des indices.
La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. C'est généralement l'entrée principale des grands magasins qui a été visée, les charges explosives semblant avoir été déposées à l'extérieur, selon les enquêteurs.
La grande distribution accusée d'avoir la mainmise sur l'économie
La Corse est la région de France qui possède le plus grand nombre de supermarchés par rapport à sa population de 306 000 habitants. Cette forte implantation de la grande distribution, qui contrôle des pans entiers de l'économie de l'île et y réalise des profits substantiels, notamment en période estivale avec le passage de centaines de milliers de visiteurs, est dénoncée par les partis nationalistes et par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC, clandestin) dans ses communiqués. Un projet de création d'un nouvel hypermarché dans la banlieue d'Ajaccio a dû être annulé cette année sous la pression de l'opinion.
Leclerc réplique
Il n’y a que des «dégâts matériels», a tenu à préciser ce lundi Michel-Edouard Leclerc, au micro d'Europe 1. Sur le fond, l’association de consommateurs «Que Choisir a reconnu que le Leclerc d’Ajaccio était le moins cher de l’île, au même niveau que les Leclerc du continent», a insisté le patron de l'enseigne visée par les attentats. «Pas sûr qu’il faille offrir une tribune à des gens qui ne croient même pas à leur discours», a encore attaqué Michel-Edouard Leclerc.
Les attentats ont été perpétrés quelques jours après l'annonce d'une scission au sein du parti indépendantiste Corsica Libera, qui avait obtenu près de 10% des voix aux élections territoriale de 2010. Cette formation compte quatre élus à l'Assemblée de Corse (sur 51) aux côtés de 11 autres élus nationalistes d'autres partis. Un groupe de militants de l'aile gauche du parti, en désaccord avec la direction, a annoncé jeudi dernier quitter Corsica Libera pour se réunir au sein d'une formation appelée U Rinnovu Naziunali (Le Renouveau national).
Les attentats revendiqués par le FLNC, ces dernières années, concernaient généralement des résidences secondaires. La dernière revendication remonte au 23 juillet. L'organisation clandestine avait indiqué avoir plastiqué le 2 juillet près de Bonifacio (Corse-du-Sud) plusieurs maisons d'un complexe immobilier appartenant à un banquier parisien.