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Le Mali sollicite l'aide militaire de ses voisins
Publié le 06/09/2012 à 18:42
Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, en discussion avec son premier ministre, Cheick Modibo Diarra (à droite), au palais Koulouba, à Bamako le 23 août.
Le président Dioncounda Traoré ne souhaite pas toutefois la présence de forces combattantes étrangères sur le sol malien.Bamako a officiellement demandé, mercredi, aux pays voisins de venir l'aider militairement. Une requête qui a pris la forme d'une lettre écrite par le chef de l'État malien, Dioncounda Traoré, à son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'organisation régionale. Pour formelle qu'elle soit, la démarche n'en est pas moins une étape très attendue pour tenter de sortir le Mali de la crise où l'a plongé, en mars, un coup d'État suivi de l'occupation du nord du pays par des milices islamistes radicales. «C'est un pas important», souligne Jean Félix-Paganon, le représentant spécial de la France pour le Sahel.
Pour autant, la situation est encore loin d'être claire. À Bamako, la question d'une future intervention extérieure divise toujours. Jeudi, les partis politiques ont, pour la plupart, vite fait connaître leur satisfaction. «C'est une bonne chose car le plus important c'est la reconquête du Nord», a insisté Mamadou Ladji Cissé, le porte-parole du Front de refus. Mais les putschistes, menés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, se sont montrés nettement moins enthousiastes. «Nous ne voulons pas d'hommes de la Cédéao sur notre sol» a affirmé sur RFI, le porte-parole de la junte. «Ces sons de cloches différents sont curieux. Nous avons l'impression que le président Traoré a saisi la Cédéao sans en référer avant aux militaires. Ce n'est pas bon signe», commente un homme politique malien qui se dit «inquiet».
Vers un feu vert de l'ONULa junte, si elle a officiellement remis le pouvoir aux civils, conserve en réalité bien des pouvoirs et la haute main sur les questions militaires. Dans sa missive à la Cédéao, le président a d'ailleurs fait plusieurs concessions aux anciens mutins. Il n'est ainsi plus question que des troupes africaines, limitées «à cinq bataillons» soit entre 600 et 900 hommes, stationnent à Bamako pour sécuriser le gouvernement comme il en avait été question.
De même, les futurs combats au nord seront menés par les seuls soldats maliens appuyés par les Casques blancs de la Cédéao qui ne seront pas «des forces combattantes». Enfin l'Afrique de l'Ouest apportera un soutien logistique et aérien, à l'armée locale. Ces arrangements suffiront-ils à convaincre les militaires rebelles? Rien n'est moins sûr. Du côté de la Cédéao, les points d'interrogation s'accumulent. La future force (Micema), qui devait compter 3300 hommes, est toujours très floue. Pour l'instant, seul le Burkina Faso a formellement promis une contribution. Par ailleurs, ces armées africaines, pauvres, n'ont pas les moyens de se déployer seules, ou d'apporter le soutien logistique et aérien promis à leurs frères maliens.
La France et les États-Unis pourraient suppléer ce manque. Les bases de cette intervention ont été jetées lors d'une réunion à Bamako le 14 août dernier. Encore faut-il que l'ONU donne son feu vert. À New York, le président du Conseil de sécurité, l'Allemand Peter Wittig a assuré attendre des précisions. Les deux premiers projets déposés à l'ONU par la Cédéao ont été repoussée. «Ils étaient trop imprécis, trop ambitieux et trop coûteux», assure un observateur. Le troisième essai devra être le bon car le temps presse. Samedi, le Mujao, l'une des milices djihadistes occupant de nord du Mali, s'est emparé sans combattre de Douentza, une ville clé sur la route de Bamako, prouvant une fois de plus leur supériorité militaire actuelle.