Jamel Administrateur
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| Sujet: Les salafistes tissent leur toile dans le monde arabe Sam 8 Sep - 10:23 | |
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Les salafistes tissent leur toile dans le monde arabe
Mis à jour le 07/09/2012 à 17:19 | publié le 07/09/2012 à 17:00
Manifestation de salafistes contre un homme accusé de blasphème envers le Prophète, en juin à Tunis. Ces partisans d'un islam ultrarigoriste aspirent à conquérir le pouvoir, mais refusent de lâcher du lest.Du Caire à Tunis en passant par la Syrie, c'est l'arme favorite des salafistes: la prédication (da'wa). «Nous cherchons à ouvrir des bureaux de prédication dans tous les villages, afin que les Syriens retrouvent leur attachement à l'islam, après quarante ans de doctrine laïque baasiste», explique un militant salafiste joint au téléphone près d'Idlib. «Comme sous le communisme avec le Che, chaque combattant salafiste anti-Bachar se doit d'être aussi un propagateur de la foi», ajoute cet activiste, qui se félicite de voir les librairies de sa région de nouveau approvisionnées en livres d'Ibn Taymiya, le grand prêcheur salafiste du XIIIe siècle, interdit par le parti Baas. Les révoltes arabes ont fait apparaître sur le devant de la scène ce courant de pensée qui prône un retour aux sources de l'islam, en réaction à la sécularisation des sociétés arabes et au modernisme occidental. En Égypte, à la surprise générale, le parti salafiste Nour (lumière) a remporté 24,4 % des suffrages aux législatives. En Tunisie, les coups d'éclat des «Partisans de la charia» inquiètent. Et en Syrie, de nombreuses brigades engagées dans la lutte armée (Faucons de Damas, Ahrar al-Cham) se réclament ouvertement de l'idéologie salafiste. Partout, la nébuleuse bénéficie de l'appui politique de l'Arabie saoudite, la maison mère du salafisme, et de son bras armé, la Ligue des oulémas musulmans. Un État islamique en Syrie?Grâce aux mouvements de contestation, les salafistes auraient effectué «une mue idéologique», soutiennent certains spécialistes, comme l'universitaire Mathieu Guidère. «Ces nouveaux salafistes sont pragmatiques et pacifiques», affirme-t-il. Au jugement de Dieu, ils préféreraient désormais celui des urnes, qui les met en position d'arbitre en Égypte et, à un degré moindre, en Tunisie. «Les salafistes connaissent leur poids exact dans la société, ils ne rêvent plus du grand soir», estime Mathieu Guidère. Plus question de faire revivre les musulmans comme au VIIe siècle. Leur projet de «réformation» de la société se heurte à la réalité du terrain, et surtout à la concurrence d'autres factions islamistes, les Frères musulmans en particulier, soutenus eux par le Qatar, où est abrité un de leurs leaders spirituels, le cheikh Youssef al-Qaradawi, à la tête, de l'Union des oulémas musulmans. Poussée par des oulémas saoudiens, eux-mêmes réformateurs, la mouvance salafiste est aujourd'hui en ébullition. Mais de nombreux débats n'ont pas encore été tranchés. Sur leurs relations avec l'Occident, par exemple. Peuvent-ils, également, renoncer à leur dogme d'un rejet de toute alliance ou cohabitation pacifique avec des non-musulmans? «Le non-musulman pourra participer aux structures dirigeantes de notre futur État, mais avec des limites, explique l'activiste syrien. D'abord, nous ne devons pas contredire la sunna (la loi de Dieu, NDLR) et le Coran. Ce qui n'est pas négociable non plus, c'est que le président de la République devra être musulman. En revanche, l'Assemblée du peuple pourra compter des non-musulmans, mais il nous faut trouver un moyen pour que ces derniers, s'ils venaient à y être majoritaires, ne puissent pas édicter une loi contraire à la charia: par exemple, autoriser l'alcool pour les touristes sous le prétexte que cela augmenterait les recettes du pays.» La frontière entre le salafisme politique et le salafisme djihadiste reste souvent ténue. L'exemple syrien est encore là pour le prouver. «Contrairement à notre brigade, reconnaît le militant d'Idlib, d'autres groupes salafistes veulent imposer par la force un État islamique en Syrie.» | |
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