Par Ève Lévesque | Agence QMI
Sans le retard de ses amis, Bilal Jamaleddin n'aurait peut-être jamais pu secourir l'homme tombé sur les rails de la ligne orange, à la station de métro Lionel-Groulx, samedi soir.
Vers 22 h, le jeune homme qui fêtera son 24e anniversaire mercredi attendait ses amis à l'intérieur de l'édicule de la station Lionel-Groulx, de l'autre côté des tourniquets.
«Une fille paniquée est montée voir le commis en criant qu'il y avait quelqu'un sur les rails, a raconté Bilal. Je me suis approché de la mezzanine pour voir ce qui se passait en bas, et j'ai vu un homme sur les rails, en sang.»
Sans réfléchir, Bilal Jamaleddin s'est lancé dans l'escalier pour rejoindre la victime, âgée d'une soixantaine d'années. «Je n'ai pas pensé à moi une seconde. J'ai carrément sauté sur les rails», s'est-il souvenu.
Un autre passant tentait d'aider le vieil homme à se relever. «Mais quand j'ai sauté à mon tour, l'autre personne est partie. J'ai dit à l'homme de rester couché, pour ne pas qu'il bouge la tête, au cas où il avait quelque chose de cassé.»
L'homme était gravement blessé à la tête. «J'ai appliqué une pression sur la blessure, beaucoup de sang coulait derrière sa tête, a-t-il dit. C'était horrible. Ses yeux étaient exorbités, il avait du sang dans les yeux, partout dans le visage, sur les oreilles, sur les mains. Mes amis étaient aussi sur le bord de la voie et essayaient de trouver des mouchoirs pour m'aider.»
Une dame médecin d'origine française, en vacances à Montréal, a aussi, par la suite, porté secours à l'homme. Durant les minutes passées à attendre les ambulanciers, l'homme était conscient. « La dame et moi lui parlions constamment, on lui demandait son nom, quelle heure il était et quel jour nous étions », a-t-il expliqué.
Dans le feu de l'action
Selon le jeune homme, près d'une centaine de personnes attendaient le métro à ce moment-là. «Personne ne réagissait autour, s'est indigné Bilal. Il faut agir dans ces situations-là! Les gens faisaient comme s'ils n'avaient pas vu. Mais il faut se dire que ç'aurait pu être n'importe qui, votre père, votre mère.»
Bilal Jamaleddin s'est dit impressionné par la rapidité de l'équipe de la Société de transport de Montréal à se rendre sur les lieux de l'incident.
«En cinq minutes, tout le monde était là, a-t-il dit. Il y avait deux agents de sécurité, le concierge, un contremaître, et le commis qui vend des billets nous donnait des gazes et des bandages.»
Une fois l'adrénaline disparue, le jeune homme a réalisé qu'il aurait aussi pu se blesser. «J'aurais pu y passer. Un train aurait pu arriver, ou j'aurais pu être électrocuté par les rails. C'est après que tu te poses ces questions. Mais j'ai seulement fait mon devoir. On a tous des choses à accomplir dans la vie, et ça faisait partie des miennes.»
Selon la STM, l'arrêt sur la ligne de métro a duré près de 30 minutes avant que le service ne reprenne et Urgences santé a confirmé avoir été appelé sur les lieux entre 22h et 22h30, samedi soir, pour un homme gravement blessé à la tête qui saignait abondamment.