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L'opposition syrienne planche sur l'après-Bachar el-Assad
Mis à jour le 28/08/2012 à 15:49 | publié le 27/08/2012 à 20:01
Après un tir de missiles, lundi, à Alep.
Quarante-cinq intellectuels et experts syriens ont élaboré un texte d'une centaine de pages pour le jour d'après la chute du chef de l'État syrien.
Le nom du projet est explicite: «Le jour d'après.» Le jour d'après la chute de Bachar el-Assad, s'entend. Cette «feuille de route» élaborée en secret par 45 intellectuels et experts syriens doit être dévoilée ce mardi à Berlin.
Le Figaro peut en révéler les grandes lignes. Ce texte ambitieux d'une centaine de pages explore en détail le chemin vers une Syrie dotée d'une «nouvelle identité nationale». Première étape, une Assemblée constituante élue, qui ouvrira la voie à un système démocratique fondé sur le multipartisme.
Trois types de Constitution sont proposés: régime présidentiel, régime parlementaire et une troisième mêlant les deux systèmes, inspirée de la Constitution syrienne de 1950. Cette vision pour l'avenir se veut le plus rassembleuse possible. «C'est un projet qui doit générer un débat», dit l'un de ses artisans, le politologue syrien Salam Kawakibi, membre du comité exécutif du collectif. Ce travail est destiné «tout d'abord aux comités de coordination», les instances représentatives de l'intérieur de la Syrie, ajoute Kawakibi. Dès mardi, le texte sera consultable, en arabe et en anglais, sur un site Web créé spécialement. Une association a aussi été créée pour servir de cadre aux futures discussions.
Mettre un «projet technique» à la disposition des Syriens Les rédacteurs du «Jour d'après» veulent manifestement répondre au reproche fait par les opposants de l'intérieur à ceux de l'extérieur. Ceux qui se battent sur le terrain dénient aux partis installés à l'étranger le droit de parler en leur nom. C'est pourquoi, insiste Salam Kawakibi, «il ne s'agit pas d'une tentative de créer un nouveau corps politique», seulement de mettre un «projet technique» à la disposition des Syriens. D'ailleurs, dit le politologue, «des personnalités de l'intérieur ont participé aux débats, soit par Skype, soit en accomplissant clandestinement des allers-retours entre la Syrie et l'Europe». Par sécurité, leurs noms ne peuvent être révélés.
Les autres participants «choisis pour leurs compétences» étaient présents à titre individuel, tout en appartenant à toutes les confessions et origines ethniques syriennes, et à la plupart des partis d'opposition. Le collectif s'est aussi adjoint des consultants étrangers, acteurs des transitions en Amérique latine ou en Afrique du Sud.
Convaincre les combattantsLe travail s'est principalement déroulé en Allemagne. Des ateliers se sont tenus en Suisse, aux Pays-Bas et en Norvège, à l'invitation d'ONG de ces pays. Les principaux bailleurs sont une fondation américaine, l'Institut des États-Unis pour la paix, créé par le Congrès, et une allemande, l'Institut allemand pour les affaires internationales et la sécurité.
Le rapport final comporte six grandes sections qui veulent couvrir tous les domaines: État de droit, réforme des services de sécurité, justice transitionnelle, réformes économiques et sociales, Constitution, loi électorale. La justice transitionnelle occupe une place importante. Les rédacteurs espèrent qu'elle permettra d'éviter «des formes violentes de rétorsion qui aggraveraient le conflit et la fragmentation de la société».
Ce collectif d'experts et de techniciens réussira-t-il à rassembler toutes les composantes de l'opposition syrienne, dont les projets d'unification sont restés pour l'instant sans suite? L'accueil des opposants de l'intérieur sera déterminant.