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À Alep, les rebelles tentent de reprendre Salaheddine
10 août 2012 à 11:36 (Mis à jour: 17:43)
Un membre de l'Armée syrienne libre dans une rue du quartier de Salaheddine, le 10 août.
Au fil de la journée Une attaque contre l'aéroport international d'Alep, menée par les insurgés, aurait été repoussée par l'armée syrienne. Des combats acharnés se poursuivent entre les insurgés et l'armée syrienne à Alep, ville-clé située près de la frontière turque.
Mercredi, l'armée avait lancé une offensive terrestre importante pour reprendre le quartier emblématique de Salaheddine aux rebelles. Ceux-ci ont résisté une journée, avant que d'intenses bombardements ne les forcent à se retirer.
L'armée syrienne libre, touchée de plein fouet par les bombes, a demandé hier une zone d'exclusion aérienne. C'était le mot d'ordre des manifestations (traditionnelles du vendredi) auxquelles elle a appelé aujourd'hui.
Les combats font rage à Alep depuis le 20 juillet, et la ville est la cible de bombardements incessants (lire ici «Les combats à Alep en dix dates»).
Nouvelle offensive rebelle à Salaheddine La rébellion syrienne affirme s'être réorganisée pour tenter de reprendre le quartier emblématique de Salaheddine à Alep mais l’armée resserrait son étau en bombardant d’autres quartiers insurgés.
Cet après-midi, une
boulangerie du quartier de Tariq al-Bab, dans l’est d’Alep, a été
bombardée faisant une dizaine de morts, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des centaines d'habitants faisaient la queue devant le magasin, situé dans un quartier contrôlé par l'Armée syrienne libre (ASL). Au moins trois enfants ont été tués et une vingtaine de personnes blessées par ces tirs d’artillerie en milieu d’après-midi, ont précisé les journalistes.
L'agence officielle Sana annonce quant à elle que l'armée syrienne a
repoussé une attaque contre l’aéroport international d’Alep menée par les rebelles, et a tué la plupart des assaillants. «Une valeureuse unité de l’armée a fait face à un groupe de terroristes mercenaires qui a essayé d’attaquer l’aéroport international d’Alep. L’armée a riposté et tué a la plupart d’entre eux», selon Sana.
Un manifestant, étudiant de 19 ans, est
mort après avoir été touché à la tête par un tir de l’armée, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Comme tous les vendredis depuis le début de la révolte en mars 2011, l’opposition avait appelé à des manifestations à la sortie des mosquées. Cette fois, les rebelles ont adopté comme mot d’ordre:
«Donnez-nous des armes anti-aériennes», pour faire face à la puissance des bombardements aériens des forces gouvernementales.
Trois autres manifestants ont été blessés, selon l’OSDH basé en Grande-Bretagne mais qui s’appuie sur un important réseau de militants et de témoins en Syrie. Il y a eu aussi des manifestations dans plusieurs localités de la province de
Damas, notamment dans Douma et Harasta, et dans les provinces de Deraa (sud) et Hama (centre).
L’Observatoire syrien des droits de l'Homme a fait état de 191 morts, dont 107 civils, 45 rebelles et 39 soldats, pour la journée d'hier. Vingt-sept personnes sont mortes à Alep.
La citadelle d'Alep touchéeLa citadelle d’Alep, joyau de l’architecture militaire islamique du Moyen-âge, a été touchée par un obus tiré par l’armée syrienne, a indiqué vendredi le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, dans un communiqué.
«La citadelle a été touchée par un obus de mortier, une arme que personne à Alep, ni en Syrie, ne possède hormis les forces alliées au régime», souligne le communiqué photos à l’appui.
Selon le texte, l’obus est tombé à l’entrée fortifiée de la citadelle qui est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et a détruit une plaque en marbre portant le nom du site.
Nouvelles sanctions et soutien supplémentaire aux insurgésLes Etats-Unis ont annoncé vendredi des sanctions contre la compagnie pétrolière Sytrol, détenue par l’Etat syrien, pour avoir entretenu des relations commerciales avec l’Iran, pointé du doigt par Washington pour son programme nucléaire controversé.
«Les Etats-Unis restent profondément inquiets des liens étroits partagés par les régimes syrien et iranien (...) Ce genre de relations commerciales permet à l’Iran de continuer à développer son programme nucléaire et fournit au gouvernement syrien des ressources pour opprimer son propre peuple», a déclaré un porte-parole du département d’Etat, Patrick Ventrell, dans un communiqué.
Par ailleurs, Le ministère du Trésor américain a blâmé vendredi le Hezbollah libanais, déjà classé comme organisation terroriste aux Etats-Unis, pour son
«rôle central» dans la répression menée par le régime de Bachar al-Assad en Syrie. Il accuse l'organisation liée à l’Iran de
«fournir de l’entraînement, des conseils et du soutien logistique pour aider le gouvernement syrien dans sa lutte de plus en plus impitoyable contre l’opposition».Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a de son côté annoncé vendredi l’intensification des contacts de diplomates de son pays avec les rebelles syriens, à qui le Royaume-Uni va fournir une aide supplémentaire de 5 millions de livres (6,3 millions d’euros), à l’exclusion d’armes.
Hier, la France a envoyé un avion transportant quelques 90 militaires et plus de 20 tonnes de matériel médical à destination de la Jordanie pour venir en aide aux réfugiés qui fuient les combats en Syrie.
Lakhdar Brahimi, le successeur pressenti de Kofi Annan pour devenir le médiateur international en Syrie, a appelé vendredi le Conseil de sécurité des Nations unies à s’unir.
«Le Conseil de sécurité de l’ONU et les Etats de la région doivent s’unir pour permettre une transition politique dès que possible», a indiqué l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien dans un communiqué commun du groupe des «Elders» (anciens), qui réunit des personnalités oeuvrant au règlement des conflits dans le monde.
Une conférence
«consultative» sur la Syrie, réunie à l’initiative de l’Iran, principal allié régional du régime syrien, s’est tenue hier à Téhéran. Y participaient des diplomates de Russie, d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan.
En France, la polémique continueLe secrétaire général de l’UMP,
Jean-François Copé, dénonce
«l’inertie de la diplomatie française» sur le dossier syrien et demande au président François Hollande d’interrompre ses vacances pour prendre
«une initiative diplomatique forte», dans un entretien au
Figaro de vendredi.
Il approuve ainsi l’intervention de l’ex-chef d’Etat Nicolas Sarkozy et ses critiques implicites de l’action française. Pour lui, l’envoi de matériel humanitaire par la France, comme cela a commencé jeudi,
«aussi utile soit-il, ne peut tenir lieu d’action diplomatique forte». Le leader du principal parti d’opposition estime que
«le président de la République devrait revenir à Paris, contacter ses homologues et les rencontrer, bref, prendre directement en charge la conduite de la diplomatie française comme le veut la tradition lorsque les droits de l’Homme sont menacés».