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Washington : Assad «perd le contrôle de la Syrie»
Publié le 18.07.2012, 16h58 | Mise à jour : 18h42
DAMAS, 18 JUILLET 2012. Funérailles à Jubar, un quartier de la capitale.
La situation en Syrie «devient incontrôlable». Tel est le constat établi ce mercredi par les ministres américain et britannique de la Défense, Leon Panetta et Philip Hammond. «Il est extrêmement important de travailler avec les autres pays qui partagent cette inquiétude afin de mettre le plus de pression possible sur al-Assad pour qu'il quitte le pouvoir et permette une transition pacifique», a affirmé l'Américain. Sur place, des combats meurtriers touchent la capitale et un attentat-suicide revendiqué par l'Armée syrienne libre (ASL) a tué trois hauts responsables de la Sécurité syrienne, dont le beau-frère du président. Les deux hommes ont par ailleurs mis en garde Damas quant à la nécessité de préserver la sécurité de leurs armes chimiques. En fin d'après-midi, la Maison-Blanche estimait que Bachar al-Assad était en train de «perdre le contrôle de la Syrie».
Le vote du Conseil de sécurité reporté à jeudi. Dans ces nouvelles circonstances, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, avait souhaité que le vote prévu mercredi soir au Conseil de sécurité soit retardé pour tenter d'aboutir à un hypothétique compromis avec Moscou. Au final, le vote a été reporté à jeudi, a déclaré l'ambassadeur de Russie à l'ONU. Son homologue chinois a précisé que les discussions allaient continuer mercredi après-midi dans le but de parvenir à «un consensus». Le projet de résolution présenté par les Européens et les Américains menace de sanctions le régime syrien s'il ne renonce pas à utiliser ses armes lourdes contre l'opposition. Il renouvelle aussi pour 45 jours le mandat des 300 observateurs de l'ONU en Syrie, qui expire vendredi soir. Moscou a soumis à ses partenaires un projet de résolution rival qui se contente de prolonger le mandat des observateurs pour trois mois mais ne parle pas de sanctions.
L'UE redoute une crise humanitaire.
La présidence chypriote de l'Union européenne estime que le Vieux-Continent. doit se préparer à une crise humanitaire provoquée par le conflit en Syrie. Le sujet a été inscrit à l'ordre du jour de la réunion informelle des ministres de l'Intérieur de l'UE, lundi et mardi prochains à Nicosie. L'île se prépare déjà à servir de base pour les opérations d'évacuation des ressortissants étrangers, mais ses côtes étant très proches des côtes de la Syrie, elle redoute aussi des arrivées de réfugiés. Elle demande aux Etats de l'UE de dire «comment ils peuvent aider les voisins de la Syrie dans la gestion des personnes déplacées». Elle leur demande également s'ils sont «disposés» à accueillir des réfugiés «sur leur territoire».
La Russie refuse que l'ONU soutienne une «révolution». Moscou ne laissera pas adopter au Conseil de sécurité une résolution qui signifierait le soutien de l'ONU à une «révolution» en Syrie, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, en marge de la visite à du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui condamne un régime syrien qui «tue sans pitié ses citoyens», . «En fait de calmer l'opposition, certains de nos partenaires l'encouragent (...)», a poursuivi le diplomate russe. Moscou a par ailleurs condamné l'attentat «odieux» souhaitant que les auteurs de cette «nouvelle tentative de déstabilisation de la situation en Syrie» soient «identifiés et punis», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
L'Iran condamne l'attentat. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a condamné l'attentat qui a tué mercredi trois hauts responsables syriens à Damas, a rapporté mercredi l'agence officielle Irna. Par ailleurs, il a demandé «l'arrêt immédiat (...) des ingérences étrangères, des envois d'armes (en contrebande, NDLR) en Syrie et du soutien de certaines parties régionales et internationales aux actes terroristes». L'Iran, principal allié du régime du président Bachar al-Assad, prône le dialogue entre le pouvoir et l'opposition pour mettre fin au conflit.
Fabius : trouver rapidement une «transition politique».
Réagissant à l'attentat à Damas, le ministre français des Affaires étrangères a affirmé Sénat : «Le gouvernement français, sans connaître les circonstances de cet attentat, a toujours porté condamnation du terrorisme, cela étant dit, compte tenu (du) degré de violence, cela rend d'autant plus nécessaire et urgent le fait de trouver une transition politique qui permette au peuple syrien d'avoir un gouvernement qui exprime ses aspirations profonde.» Le ministre a précisé, hors hémicycle, que la France demandait le vote «urgent» d'une résolution aux Nations unies «pour arrêter les violences».
Les Etats-Unis allongent leurs listes noires. Washington a annoncé mercredi avoir allongé substantiellement le nombre de personnes physiques et morales syriennes faisant l'objet de sanctions américaines. Le département du Trésor a indiqué avoir identifié 29 dirigeants, dont plusieurs ministres et le président de la banque centrale, comme tombant sous le coup d'un décret visant les responsables du gouvernement syrien, et cinq entreprises comme tombant sous le coup d'un autre décret destiné à empêcher la prolifération d'armement non conventionnel. Le conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain a évoqué la crise syrienne mercredi avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et exprimé sa crainte que le conflit ne prenne un tour religieux et «contamine les voisins» de la Syrie.
Israël suit «de près» la situation. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak Barak «procède ces dernières heures à des consultations sur les évènements en Syrie et a ordonné aux autorités sécuritaires compétentes de suivre attentivement les développements de la situation», a indiqué son bureau. La veille, le chef des renseignements militaires israéliens, le général Aviv Kochavi, avait affirmé que le président syrien avait redéployé une partie de ses forces du plateau du Golan, près de la frontière avec Israël, vers Damas et d'autres zones de la Syrie touchées par des combats. L'Etat hébreu est officiellement en état de guerre avec la Syrie.