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Syrie : l'opposition en appelle à l'ONU, toujours paralysée
Publié le 13.07.2012, 07h45 | Mise à jour : 20h02
ARCHIVES - (ici les conditions difficiles d'un hôpital qui accueille les blessés à Qusayr). Jeudi, 150 personnes sont mortes à Treimsa, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Les Syriens ont aussi défilé contre la mort jeudi soir d'au moins 150 personnes, jeudi, à Treimsa dans le centre de la Syrie, selon un rapport établi vendredi après-midi par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a parlé du plus «infâme des génocides commis par le régime syrien» et pressé le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution contraignante «urgente». Mais un bras de fer oppose toujours les pays occidentaux et la Russie, principal soutien du régime, sur un projet de résolution.
Morts de Treimsa : des versions divergentes.
L'armée syrienne affirmait vendredi avoir tué la veille un grande nombre de rebelles mais aucun civil. Si plusieurs dizaines de combattants rebelles figurent parmi les morts, selon l'OSDH, 17 personnes, dont des femmes et enfants, ont été tuées en tentant de fuir la localité. Outre les victimes de bombardements, de nombreux villageois auraient été exécutés de balles dans la tête, selon des témoins. Dans Sham News Network, un média favorable à la révolte, un militant assure que la majorité des morts appartenaient à l'Armée syrienne libre (ASL). Il ne dénombrait vendredi que sept civils tués dans les bombardements. «Un convoi de l'armée se dirigeait vers la région de Hama lorsqu'il a été attaqué par l'ASL. L'armée a contre-attaqué avec le soutien de renforts de villages alaouites
(entourant Treimsa la sunnite, NDLR). L'ASL a résisté pendant une heure avant d'être battue», a expliqué ce militant qui se fait appeler Jaafar. Les observateurs de l'ONU se disaient prêts vendredi à se rendre à Treimsa, en cas de cessez-le-feu, Amnesty International estimant que c'est la seule manière de savoir ce qui s'est «réellement passé».
Le CNS accuse la communauté internationale. «Nous faisons porter aux pays membres du Conseil de sécurité la responsabilité totale de la protection des Syriens sans défense et l'arrêt de ces crimes honteux», a déclaré le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, qualifiant la tuerie de Treimsa de «plus infâme des génocides commis par le régime syrien». «Arrêter cette folie meurtrière qui menace l'entité de la Syrie, la paix et la sécurité dans la région et dans le monde, nécessite une résolution urgente et tranchante du Conseil de sécurité», a-t-il poursuivi. Les Frères musulmans de Syrie, membres influents du CNS, se sont déchaînés contre Kofi Annan, mais aussi contre l'Iran et la Russie, les accusant d'être «responsables» de cette tuerie, par leur inaction.
Les discussions ont repris au Conseil de sécurité. Les 15 Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont repris vendredi leurs discussions sur un projet de «résolution, avec deux textes concurrents, l'un déposé par les Occidentaux qui menace Damas de sanctions si les armes lourdes ne sont pas retirées des villes, l'autre de facture russe qui n'évoque pas cette possibilité. La situation semble bloquée et Kofi Annan se rendra à Moscou lundi pour des entretiens avec le chef de la diplomatie russe. La France appelle de nouveau le Conseil de sécurité «à prendre ses responsabilités». «Ce drame illustre à quel point le premier pas vers la cessation des violences incombe au gouvernement syrien, qui doit cesser d'employer des armes lourdes et amorcer le retour dans les casernes de ses forces de sécurité», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
Egypte et Tunisie soutiennent la rébellion. Les présidents égyptien et tunisien, portés au pouvoir par des révoltes populaires, ont indiqué lors d'une conférence de presse vendredi soutenir les rebelles. «Nous sommes aux côtés du peuple syrien, de sa lutte et de sa révolution», a déclaré Mohamed Morsi, premier président civil de l'Egypte et premier islamiste à la tête du plus peuplé des pays arabes. «Nous sommes opposés à une intervention militaire étrangère en Syrie», a-t-il toutefois souligné.
Damas doit respecter la souveraineté libanaise. Le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns a déclaré ce vendredi à Beyrouth : «Nous insistons une nouvelle fois sur le devoir du régime syrien de respecter la souveraineté libanaise» ajoutant que son pays «s'inquiétait du fait que la violence utilisée par le régime syrien contre son peuple puisse causer une instabilité au Liban». Il y a eu ces dix derniers jours une série d'incidents à la frontière, dont certains furent meurtriers. L'armée libanaise a annoncé récemment avoir envoyé des renforts dans les zones frontalières. Pour sa part, Damas accuse régulièrement «des groupes terroristes armés» de chercher «à s'infiltrer en Syrie».
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Washington met en garde contre l'utilisation d'armes chimiquesDans son édition de jeudi, le quotidien Wall Street Journal, citant des rapports du renseignement, évoquait la possibilité que des armes chimiques soient en train d'être déplacées. «Nous avons clairement indiqué plusieurs fois que le gouvernement syrien avait la responsabilité de protéger ses stocks d'armes chimiques», a déclaré la porte-parole du Département d'Etat américain, Victoria Nuland.
Selon le journal, des responsables américains craignent que les armes soient utilisées contre des rebelles ou des civils. D'autres pensent que le matériel est mis hors de portée des groupes armés et des puissances occidentales. L'administration Obama est «particulièrement inquiète au sujet de stocks syriens de gaz sarin», a-t-il précisé. La Syrie aurait également des stocks de gaz moutarde et de cyanure.