WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ Élections
En danger, Ségolène Royal joue son va-tout à La Rochelle
Mis à jour le 17/06/2012 à 11:13 | publié le 15/06/2012 à 19:37
Ségolene Royal dans un centre commercial de La Rochelle, le 14 juin dernier.
L'ex-candidate de 2007 est donnée battue dans la 1re circonscription de Charente-Maritime. Sa défaite ternirait la victoire attendue de la gauche.
C'est l'heure de vérité pour Ségolène Royal. Ce dimanche, la présidente de la région Poitou-Charentes affronter dans les urnes un candidat dissident du PS (exclu du parti), Olivier Falorni. Les sondages donnent ce dernier ultrafavori. Selon une enquête pour
Le Parisien, publiée vendredi, Royal serait battue avec 45 % des voix, contre 55 % pour Falorni. Mus par le TSS («tout sauf Ségolène»), les électeurs de droite, qui pour certains ont voté dès le premier tour pour Falorni, devraient se reporter en masse sur l'ancien patron du PS en Charente-Maritime. Selon BVA, Falorni recueillerait 79 % des voix des électeurs ayant choisi au premier tour un candidat de droite et du centre. Tous deux ont voté en milieu de matinée ce dimanche.
L'ex-candidate à la présidentielle de 2007 bénéficie donc peu de l'affaire ­Trierweiler, alors qu'au plan national deux Français sur trois jugent que la compagne de François Hollande a eu tort de prendre position en faveur du rival de Royal (selon un sondage Harris Interactive pour Gala). Autre coup dur pour Royal: une majorité de Français (58 %) souhaitent sa défaite, toujours selon BVA. Une défaite qui dimanche risque d'occulter en partie la victoire annoncée de la gauche.
Après l'affaire du tweet, qui a éclipsé mardi le déplacement de Martine Aubry et Décile Duflot, venues soutenir Ségolène Royal, la campagne s'est encore tendue. En rentrant jeudi soir à son domicile rochelais, la présidente de Poitou-Charentes a trouvé sur sa porte une affiche «Ici, c'est Falorni».«C'est une intrusion intolérable sur un domicile privé, c'est une menace (…), a-t-elle réagi, hors d'elle. Ce sont des méthodes de voyou (…). On voit que mon adversaire est prêt à tout pour gagner à n'importe quelles conditions.» Ségolène Royal a porté plainte vendredi au commissariat de La Rochelle. Ambiance.
Appel aux abstentionnistes Contre vents et marées, l'intéressée ne se départit pas de son sourire figé, et poursuit sa campagne. Vendredi, elle en a appelé aux abstentionnistes et aux indécis lors d'un porte-à-porte à Port Neuf, quartier de logements sociaux où l'abstention a été forte dimanche. «Falorni, c'est Sarkozy», répète-t-elle. «C'est une forme de fraude électorale d'aller chercher des voix de droite ou d'extrême droite», s'insurge-t-elle.
Sourd aux pressions des ténors parisiens de la Rue de Solferino, Olivier Falorni assure de son côté sentir «une vague». Ses partisans sillonnent la circonscription pour dénoncer le «parachutage par Solferino» de Royal. Lors d'une réunion publique jeudi soir, le dissident a dénoncé le «torrent de boue» qui lui est «tombé dessus» et la «démocratie confisquée», en réponse à ceux qui à l'instar de Ségolène Royal ou Maxime Bono, le maire de La Rochelle, lui reprochent de capter les voix de la droite. Devant ses partisans, il a mis en avant son «amour du territoire», et critiqué ces «touristes de passage venus pour se faire élire sur un perchoir doré». Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a fait passer le message au dissident: en cas de victoire, il ne siégera pas au groupe socialiste. «Il sera mis au banc de l'Assemblée!», peste un ministre ami de Royal.
Les proches de l'ex-candidate de 2007, qui refusent d'envisager la défaite, assurent qu'elle tient le coup. «Elle est égale à elle-même, jure la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Elle reste ce qu'elle est: une femme forte et courageuse. Une femme debout. Elle est toujours reboostée par les épreuves.» Mais l'inquiétude est palpable dans les rangs royalistes. Si Ségolène Royal perd ce duel, elle devra renoncer à la présidence de l'Assemblée, qu'elle briguera en cas de victoire. Et sa trajectoire politique, déjà plombée par sa cuisante défaite aux primaires socialistes, connaîtra un brutal coup d'arrêt.
«Si elle perd, ce sera une bête blessée, prévient un dirigeant du PS. Et en politique, comme à la chasse, une bête blessée est souvent la plus dangereuse.» Un ministre «royaliste» veut croire que Royal est «insubmersible». «Elle a une capacité de résilience extraordinaire. À chaque fois, elle renaît de ses cendres.» D'autres, au PS, sont plus sévères: «Ségolène a toujours été clivante, résume un dirigeant socialiste. Certains la vénèrent, d'autres la rejettent. Mais tout cela est bien loin de la politique. Si elle perd, ce sera un échec personnel.»