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Hollande, entre affaire privée et dilemme politique
Publié le 12/06/2012 à 20:43
François Hollande et ValérieTrierweiler, à Tulle, le 9 juin, veille du premier tour des législatives.
Le message de Valérie Trierweiler a créé de la confusion en pleine campagne législative.
Agacé? «Embarrassé», corrige-t-on. Auprès de ses proches, François Hollande n'a pas caché sa gêne. Compréhensible… L'encouragement lancé sur Twitter par sa compagne Valérie Trierweiler à Olivier Falorni, opposant à Ségolène Royal, son ex-compagne, a de quoi déstabiliser effectivement, à cinq jours du second tour des élections législatives et alors qu'il a adressé à l'ex-candidate à la présidentielle un message écrit de soutien. La journaliste n'avait pas prévenu son compagnon.
Le message a créé de la confusion en pleine campagne législative. «Espérons que cela n'aura pas d'incidence», indique-t-on dans l'entourage du chef de l'État. Mais personne n'en sait rien pour l'instant et personne ne comprend rien aux ressorts secrets de l'histoire. «Au début, j'ai cru que c'était un faux tweet», raconte un cadre du PS, médusé. Quoi qu'il en soit, la polémique a pris aussitôt. Au PS, l'inquiétude pointe: «Je veux bien que ce soit un couple normal, mais cela ne va pas», soupire un candidat. «Rien ne doit vampiriser la campagne.»
Première conséquence: le discours du président devant le Conseil économique, social et environnemental, mardi après-midi, est passé inaperçu. À l'entrée du Palais d'Iéna, les ministres font grise mine. Michel Sapin, Marisol Touraine et Valérie Fourneyron évitent les questions. «C'est quoi Twitter?», tente Michel Sapin. À leur arrivée, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et François Hollande ne lâchent rien non plus. Mais les deux hommes s'enferment plusieurs minutes, avant l'allocution du président. Plus tard dans l'après-midi, le chef du gouvernement répond à la presse: «Je viens de quitter François Hollande. Sa position est très claire: il soutient comme moi la candidature de Ségolène Royal.»
Silence radioConstat factuel résumé par un cadre du PS: «Valérie Trierweiler défie François Hollande.» L'élection de Ségolène Royal pourrait s'avérer encore plus difficile que prévu. Or le président peut difficilement accepter que l'ex-candidate, dont la voix compte au PS, soit battue.
Entre le président et sa compagne, le différend privé prend un tour politique. Mais «c'est une affaire privée», argumente un proche du président. Peu de gens en connaissent les ressorts: «On est spectateur», concède un dirigeant socialiste qui connaît pourtant le couple. Même stupeur au sommet de l'État, où l'on a observé un silence radio de deux heures mardi, après avoir découvert le tweet de Valérie Trierweiler. Puis on a pris ses distances: les positions de la première dame ne concernent pas la présidence, dit-on. «Il n'y a pas de statut de la première dame», feint-on de regretter. Sa communication n'a pas à être gérée par l'Élysée. Elle dispose pourtant d'un cabinet payé par l'État.
Côté Trierweiler, on démine: «C'est une position personnelle de Valérie. Le président est dans une autre position, il soutient tous les candidats socialistes», assure-t-on dans son entourage. «Elle n'est pas une femme politique, mais la femme du politique.» Elle aurait donc le droit d'intervenir comme bon lui semble. La journaliste est soucieuse de son indépendance effectivement. Et avant elle, d'autres premières dames ont pu prendre le contre-pied de leur époux. «Danielle Mitterrand quand elle défendait Fidel Castro, c'était pire», rappelle-t-on à l'Élysée.
La question des rapports Trierweiler-Hollande-Royal est tellement sensible que personne ne s'y aventure à visage découvert. Pour parler de la «question Valérie», l'anonymat est requis. Comme Hollande est «insaisissable», on cherche des «failles», explique un ténor du PS. La première dame, dont l'image est trouble dans l'opinion, pourrait en être une. Mais cette fois, c'est elle qui a donné des arguments à ses adversaires.