FORMATION DU PROCHAIN GOUVERNEMENT :
Y aura-t-il une femme en hidjab ?
Mardi 12 Juin 2012
Par Mohamed TOUATI
Les partis islamistes, qui ont décidé de ne pas faire partie du futur Exécutif, pourront y être symboliquement représentés si un tel choix était fait.Ce n'est pas un scénario de politique fiction. La réalité est bien là. Ce type de vêtement a investi en force la société et la manière de s'habiller des femmes algériennes. La sphère politique, qu'elles sont de plus en plus nombreuses à occuper, n'échappe pas à ce phénomène. Les dernières élections législatives du 10 mai sont là pour en témoigner.
Des dizaines de candidates portaient le foulard. Certaines d'entre elles feront leur entrée au palais Zighout-Youcef. Combien peuvent être ministrables? Le dernier mot reviendra certainement au premier magistrat du pays. Ces changements qui sont en train de profondément affecter certains us et coutumes propres à l'Algérie n'ont pas échappé à l'oeil acéré du président de la République qui a dénoncé cette forme d'acculturation qui a battu en brèche des valeurs et des traditions que d'aucuns pensaient inébranlables et solidement ancrées dans la société algérienne.
Un trait culturel emprunté qui est en train de façonner l'identité et la culture algériennes de manière pratiquement irréversible. «On est arrivé à un stade de fragilité de la personnalité nationale au point que nous avons perdu même nos habits traditionnels», avait fait constater le chef de l'Etat lors d'un discours qu'il avait prononcé le 8 mars 2006, à l'hôtel El Aurassi (Alger) à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. «Même le hidjab n'est pas de chez nous», a-t-il fait remarquer. «Je le dis en toute sincérité, nous devons renforcer l'immunité identitaire et culturelle chez nos citoyens» a ajouté Abdelaziz Bouteflika.
Les partis qui formeront le prochain gouvernement ont-ils présenté, au président de la République, des noms de femmes portant le hidjab susceptibles de figurer au sein de l'Exécutif? Possible et pourquoi pas étant donné que les secteurs où elles apparaissent accoutrées de cette façon, sont loin d'être marginaux (Education nationale, enseignement supérieur, santé, administration...qui demeurent les plus gros pourvoyeurs de postes d'emplois).
Alors y aura-t-il une femme en hidjab dans le prochain gouvernement? Deux conditions doivent être remplies. Il faudrait un Premier ministre issu d'un parti qui soit proche des thèses islamistes.
Le Front de libération nationale, qui de surcroît a remporté haut la main les dernières élections législatives, est le plus désigné pour mener une telle démarche. Cela serait un formidable pied de nez aux islamistes qui ont décidé de leur non-participation au gouvernement qui devrait être annoncé d'ici quelques jours.
Il faudrait surtout que le président de la République ait changé d'avis pour qu'un tel scénario puisse être envisagé. Il serait tout de même étonnant que Abdelaziz Bouteflika, qui a vigoureusement dénoncé tous les phénomènes qui ont affecté l'identité nationale et plus particulièrement le hidjab, ait, depuis, révisé ses positions. «J'entends dire qu'il s'agit de spécificités algériennes. Si c'est le cas, je refuse d'appartenir en tant que citoyen à cette spécificité» avait-il souligné à ce sujet il y a un peu plus de six ans (mars 2006). L'Armée nationale populaire, dont il est le chef, symbolise la République et reste la garante de ses institutions. Elle s'est érigée en rempart contre tout signe véhiculant une forme d'idéologie extrémiste ou pouvant y être associé. Le hidjab, qui a apparemment encore de beaux jours devant lui, devra probablement patienter pour faire irruption au sein du gouvernement.