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Ehoud Barak, pour un retrait unilatéral de Cisjordanie
Mis à jour le 01/06/2012 à 15:33 | publié le 31/05/2012 à 19:35
«Israël ne peut pas se permettre de rester dans une impasse», affirme Ehoud Barak.
INFOGRAPHIE - Le ministre de la Défense israélien estime urgent de sortir de l'impasse des négociations avec les Palestiniens.
Ehoud Barak a créé la sensation en annonçant qu'Israël devrait se préparer à un retrait unilatéral de Cisjordanie en l'absence de négociations avec les Palestiniens. «L'inaction politique n'est pas une option», a prévenu le ministre de la Défense israélien dans une allocution prononcée mercredi à la conférence de l'Institut d'études pour la sécurité nationale de Tel-Aviv, qui rassemble chaque année le ban et l'arrière-ban de l'establishment sécuritaire et militaire israélien. «S'il devient évident qu'il est impossible de parvenir à un accord, nous devons envisager un accord intérimaire, ou même éventuellement un retrait unilatéral. Israël ne peut pas se permettre de rester dans une impasse.»
«Nous devons seulement conserver les gros blocs de colonies, et nous reposer sur des dispositions sécuritaires très strictes pour empêcher les tirs de roquettes sur la Judée et la Samarie, et le terrorisme dans nos rues. C'est une décision difficile, mais le temps presse.»
Cette déclaration a réussi à mécontenter beaucoup de monde. Les colons et leurs partisans, qui considèrent un retrait de Cisjordanie comme inacceptable et réclament une annexion pure et simple des Territoires occupés. Les Palestiniens, qui refusent toute approche unilatérale israélienne, et réclament la création d'un État sur les bases des frontières d'avant 1967 incluant Jérusalem-Est. Et enfin les Américains, qui estiment que les négociations sont le seul moyen d'obtenir une paix durable.
Une solution négociée resterait préférableLa déclaration de Barak est même en porte-à-faux avec la position de son premier ministre. «Nous devons parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens pour prévenir la formation d'un État binational», avait dit la veille Nétanyahou à la même conférence. «Nous ne voulons pas gouverner les Palestiniens, et nous ne voulons pas qu'ils deviennent citoyens israéliens.»
Ehoud Barak n'a pas élaboré les détails d'un éventuel retrait unilatéral, notamment quelles colonies seraient rattachées au territoire d'Israël, ni le statut éventuel de Jérusalem. Son entourage a précisé qu'une solution négociée restait préférable, mais qu'il entendait ainsi souligner l'urgence de parvenir à une issue. L'existence de l'une des plus larges coalitions gouvernementales jamais vues en Israël, depuis le ralliement de Kadima au début du mois, rend selon lui possible et nécessaire une action rapide.
Cette proposition est symptomatique de l'impasse totale dans laquelle se trouvent depuis maintenant plus de deux ans les pourparlers israélo-palestiniens. Au-delà des positions officielles, un certain nombre de responsables israéliens envisagent un tracé unilatéral des frontières comme une alternative à l'absence de solution négociée et comme un moindre mal par rapport au maintien du statu quo actuel. L'Autorité palestinienne a elle-même l'an dernier pris des mesures unilatérales en allant demander aux Nations unies la reconnaissance d'un État palestinien.
Simplement plier bagagePour Israël, les précédentes expériences de retrait unilatéral de territoires occupés ne sont pas très encourageantes. Ehoud Barak, alors premier ministre, avait été un précurseur de cette approche lorsqu'il avait retiré l'armée israélienne du Sud-Liban en 2000 après vingt-deux ans d'occupation de ce territoire, sans rien négocier avec les autorités libanaises. Les soldats israéliens avaient simplement plié bagage. Le Hezbollah avait crié victoire et installé ses rampes de lancement de missiles dans le secteur évacué.
Ariel Sharon avait réédité une opération du même type en se retirant unilatéralement de Gaza en 2005, évacuant sans état d'âme quelque 6 000 colons israéliens qui y vivaient, mais toujours sans rien négocier avec les Palestiniens. La prise du pouvoir par le Hamas à Gaza avait suivi, et les tirs de roquettes contre le sud d'Israël repris de plus belle.
L'armée israélienne avait dû mener deux guerres difficiles et peu concluantes dans ces deux territoires, au Liban en 2006 et à Gaza en 2009. Nétanyahou s'était à l'époque opposé fermement à ces deux opérations de retrait.