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Le PS pourrait détenir tous les pouvoirs
Mis à jour le 07/05/2012 à 17:15 | publié le 07/05/2012 à 11:53
L'hémicycle de l'Assemblée nationale. Crédits photo : GAEL CORNIER/ASSOCIATED PRESS
En cas de victoire aux législatives, la situation s'avérera plus difficile à gérer qu'elle n'y paraît.Au début de la Ve République, c'était la droite, majoritaire en France, qui détenait tous les pouvoirs. Cet ordre s'est inversé: depuis 2004, la gauche a remporté toutes les élections locales. Désormais, le PS détient la quasi-totalité des régions, la plupart des grandes villes, comme Paris, Lyon, Lille ou Toulouse, et la majorité des départements. Depuis septembre 2011, le PS a aussi conquis le Sénat. Si les socialistes remportent les législatives en juin, ils auront tous les pouvoirs. La France a-t-elle basculé à gauche? Au PS, on se montre prudent dans l'analyse et l'on met en avant le rejet de Nicolas Sarkozy comme élément structurant du vote, plutôt qu'une adhésion à une ligne de gauche.
François Hollande, en fin de campagne, ironisait et rejetait l'accusation d'accaparer le pouvoir: «Nous contrôlons les collectivités locales, par le suffrage. Nous ne nous y sommes pas installés par effraction!»
A priori confortable, cette situation pourrait s'avérer plus compliquée à gérer en réalité. François Hollande a promis d'abroger la réforme territoriale qui aurait dû s'appliquer en 2014 et d'établir un nouvel acte de la décentralisation. Gérer les desiderata de ses propres soutiens pourrait rendre plus difficile d'imposer des choix douloureux. En période de crise, les collectivités territoriales devront, elles aussi, faire des efforts.
Pendant cinq ans, elles ont dénoncé les transferts budgétaires incomplets de la part de l'État… Mais pendant sa campagne, François Hollande n'a jamais promis de rattrapage. Il a promis de «réformer la fiscalité locale pour donner plus d'autonomie» aux collectivités «en contrepartie d'une plus grande responsabilité». Il faudra donc revoir les compétences et supprimer des doublons.
D'autres mécontentements sont à prévoir lorsqu'il s'agira d'imposer la règle du non-cumul des mandats. Le PS a souhaité se l'appliquer à lui-même dès les élections législatives de juin. François Hollande entend imposer la règle par la loi. À droite, où les élus sont devenus moins nombreux, la règle sera plus simple à appliquer qu'à gauche. Certains devront choisir: Arnaud Montebourg a renoncé à se présenter aux législatives. Ségolène Royal renoncera à sa région…
Majorité fragile au SénatD'ores et déjà, les socialistes préparent les élections intermédiaires de 2014: municipales, européennes et cantonales sont prévues! La gauche s'inquiète d'une sanction à venir. Elle n'a que des mandats à perdre et presque aucun à conquérir. Et le temps est court. Elle n'a que deux ans pour démontrer qu'elle peut réussir. C'est peu, même si François Hollande a prévu d'avoir engagé, à la fin de la première année de son mandat, trente de ses soixante propositions. «Avec tous les pouvoirs entre nos mains, nous n'aurons pas le droit à l'échec», confiait un cadre PS à la veille du second tour.
Outre les scrutins à venir en 2014, un risque pèse également sur le Sénat, dont le premier renouvellement par tiers est programmé pour 2014 également. La gauche n'y est majoritaire que d'une courte tête. Parmi les cadres socialistes, on n'est pas dupe. Pour emblématique qu'elle fût, cette conquête a surtout traduit l'exaspération des élus locaux contre la réforme territoriale de Nicolas Sarkozy. «Sans cela, nous n'aurions jamais dû gagner», reconnaît-on. Corollaire: après l'avoir gagnée, les socialistes peuvent reperdre la Haute Assemblée.
C'est là toute la fragilité de cette France en rose qui, à peine dessinée, porte déjà en elle les signes annonciateurs d'un changement de couleur.