WEB- GOOGLE - Actualité > Tunisie, Egypte, Libye : le monde arabe se révolte
Ultimatum : «La Syrie ne s'inclinera pas», déclare Assad
Publié le 20.11.2011, 11h08 Des dirigeants arabes ont indiqué en privé aux Etats-Unis qu'ils proposaient l'asile au président syrien Bachar al-Assad
pour le convaincre de démissionner face à la contestation qui agite le pays
Bachar al-Assad ne cède pas. Le président syrien reste sourd face aux appels de la communauté internationale qui condamne la cruauté dont le régime syrien fait preuve pour réprimer l'opposition. Les violences n'ont pas connu de répit samedi en Syrie, faisant au moins 17 morts dont 11 civils, avant l'expiration d'un ultimatum de la Ligue arabe sommant le régime de cesser la répression de la révolte populaire. Ces nouvelles violences surviennent au lendemain de la mort de 15 civils, dont deux enfants, tués par les forces de sécurité qui ont tiré pour disperser des manifestations appelant à la chute du régime dans plusieurs villes du pays.
Assad prêt au combat. Dans un entretien publié dimanche par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times, Bachar al-Assad affirme que l'ultimatum de la Ligue arabe a été lancé pour «fournir aux pays occidendaux un prétexte pour mener une intervention militaire contre la Syrie». Se disant «tout à fait» prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères - «cela va sans dire et c'est indéniable» - Bachar al-Assad affirme qu'il ressent du chagrin à chaque goutte de sang versée dans son pays, mais que son régime doit faire respecter la loi face à des bandes armées. «Le conflit continuera et la pression pour assujettir la Syrie continuera», déclare le président syrien, ajoutant: «la Syrie ne s'inclinera pas».
L'ultimatum de la Ligue arabe expiré. Damas n'a pas officiellement répondu aux injonctions de la Ligue arabe qui lui avait donné mercredi trois jours pour cesser la répression des civils sous peine de sanctions économiques, après avoir suspendu la Syrie des travaux de l'organisation. Le délai accordé au régime expirait samedi à minuit. De plus en plus de voix se sont élevées pour mettre en garde contre une guerre civile en Syrie, l'un des pôles du Proche-Orient, allié de l'Iran, des groupes islamistes du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien.
Le Conseil national syrien s'organise. A l'image de la Libye, le CNS, regroupant la majorité des courants de l'opposition, a annoncé dimanche un projet de programme politique ayant pour objectifs la chute du régime syrien et la tenue d'élections à l'issue d'une période transitoire d'un an.
Selon ce projet diffusé sur son site internet, le CNS proclame que «la chute du régime syrien et de tous ses symboles est l'objectif de ce conseil qui représente la majeure partie des forces politiques, des groupes de l'opposition et des mouvements dirigeant la contestation». Selon ce projet diffusé sur Internet, le conseil national syrien «dirigera le pays avec l'institution militaire pendant la période transitoire afin de préserver l'unité et la sécurité du pays».
L'armée dissidente attaque à la roquette. Dimanche, Damas a été pour la première fois depuis le début du soulèvement en Syrie, le théâtre d'une attaque des adversaires au régime. Au moins deux roquettes ont été tirées à l'aube sur l'un des sièges du parti Baas au pouvoir depuis 1963 en Syrie, ont rapporté des habitants.
Quatre agents des services de renseignement ont été tués par des soldats dissidents, dans le centre du pays, selon l'OSDH «Des déserteurs ont tiré à la mitrailleuse sur un véhicule qui transportait quatre membres des services de renseignements de l'armée de l'air près du village de Al-Moukhtara sur la route reliant Salmiyeh-Homs, tuant tous les occupants», a déclaré à l'AFP le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Dans le même temps, deux militaires ayant fait défection ont péri dans des affrontements avec des soldats dans la région de Homs, selon la même source.
Des observateurs arabes à Damas.
Les pays arabes reprochent au gouvernement syrien de ne pas respecter, contrairement à sa promesse, le plan de sortie de crise arabe qui prévoit la fin des violences, le retrait des troupes des villes, la libération de milliers de détenus et l'envoi d'observateurs arabes sur le terrain.
Le secrétariat général de l'organisation devait aussi se réunir afin de se prononcer sur la demande syrienne de modifications à sa proposition d'envoyer à Damas une délégation de 500 observateurs. La Jordanie s'est d'ores et déjà dit prête à envoyer des observateurs, à la condition que Damas donne son accord.
Le voisin turc coupe les liens.
Il n'y a «plus place pour des régimes autoritaires, tels que le régime syrien sur les bords de la Méditerrannée», a indiqué dans un entretien à la presse britannique le président turc Abdullah Gül. Comme les Etats-Unis, l'Union européenne, la Turquie préconise une accentuation des sanctions. Paris, Berlin et Londres veulent présenter au Comité des droits de l'Homme de l'Assemblée générale de l'ONU une résolution condamnant la répression et un vote devrait intervenir mardi.
La France craint une «guerre civile». Face à la recrudescence des violences, les Etats-Unis, la France, la Turquie mais aussi l'Iran ont dit craindre une «guerre civile» alors que les attaques de militaires dissidents se multiplient parallèlement aux manifestations pacifiques. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a appelé l'opposition syrienne à éviter «le recours à l'insurrection armée».
De son côté, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, estime que le président syrien avait «franchi le point de non-retour» et risquait de connaître le même sort que les anciens dirigeants libyen Mouammar Kadhafi et irakien Saddam Hussein. Malgré les pressions croissantes de l'Occident et des Arabes, Bachar al-Assad peut encore se targuer des soutiens de ses alliés chinois et russe, qui refusent toute ingérence étrangère en dépit des violences qui ont fait plus de 3 500 morts en huit mois, selon l'ONU.