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À Carmaux, Hollande invoque Jaurès et Mitterrand
Mis à jour le 17/04/2012 à 00:24 | publié le 16/04/2012 à 21:00
François Hollande, lundi, en visite à Albi (Tarn).
Le candidat socialiste met en garde les électeurs de Mélenchon contre «les cultures de gauche qui s'annihilent».
Il veut reprendre le fil. François Hollande savoure la continuité de l'histoire politique. Il y trouve de l'inspiration pour sa propre campagne. Il se souvient de la présidentielle de 1981. «La politique se renouvelle assez peu dans ses arguments», observe-t-il en citant les attaques de Valéry Giscard d'Estaing contre François Mitterrand en 1981. «Si la France choisit la gauche, ce sera la Pologne de l'Occident, disait le candidat sortant», note avec malice François Hollande, favori de la présidentielle, en référence aux déclarations de Nicolas Sarkozy, annonçant une catastrophe financière en cas de victoire socialiste en 2012.
Lundi, le candidat socialiste était dans le Tarn, sur les traces de Jean Jaurès: d'abord à Albi, où l'ancien homme politique avait prononcé son célèbre discours à la jeunesse en 1905, puis à Carmaux, la ville dont il était le député. François Hollande y a prononcé un discours en plein air. C'était là, en 1980, que François Mitterrand avait tenu son premier meeting de campagne. François Hollande a aussi rappelé que Nicolas Sarkozy «avait cité trente-deux fois Jaurès en 2007» lors de son meeting de Toulouse. «Aujourd'hui, l'a-t-il cité une fois?, ironise-t-il. Il ne le pouvait plus, il y avait tellement d'écart entre les paroles et les actes.» Dernière coïncidence de l'histoire, Hollande était le matin aux obsèques de Raymond Aubrac, né le jour de l'assassinat du député du Tarn.
Jean Jaurès, c'est la figure mythique du Parti socialiste. Porte-parole des mineurs de Carmaux, défenseur de Dreyfus, fondateur de la SFIO, ancêtre du PS, en 1905, pacifiste, il est assassiné en 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale. François Hollande rend hommage à «la synthèse jauressienne», «entre la radicalité et la responsabilité», résumée par une formule de l'ancien socialiste: «partir du réel pour aller vers l'idéal». Allusion aux promesses de Jean-Luc Mélenchon… Mais pour ceux qui connaissent bien François Hollande, d'autres figures planent sur sa campagne. «La figure la plus convoquée, c'est celle de Pierre Mendès France», estime Bernard Cazeneuve, en pensant au souci de réalisme économique affiché par le candidat. Un autre, Jean-Pierre Bel, souligne la filiation deloriste de François Hollande. Mais ni PMF ni Delors ne sont les plus cités par le candidat.
À moins d'une semaine du premier tour et porté par des sondages auxquels les socialistes disent ne pas croire, François Hollande assure garder la tête froide. «Est-ce que vous me sentez gagné par ce type de confiance?», sourit-il en aparté. Cette précaution étant dite, il est à l'aise. «Ça fait un an qu'on m'annonce que je peux gagner, je me suis préparé», admet-il. Dans les rues d'Albi, la foule qui l'accueille rassure les socialistes sur l'enthousiasme en faveur de sa candidature. «La campagne ne rend pas les gens tristes, elle les rend sérieux», estime Bernard Cazeneuve.
«Avantage» ou «handicap»François Hollande compte les jours… L'enjeu du premier tour est essentiel pour lui, alors que Jean-Luc Mélenchon continue sa pression à gauche. «Les comptes ne sont pas remis à zéro» au soir du premier tour, assure-t-il. «Vous partez avec un avantage ou un handicap. Le premier tour n'est pas un examen de passage. Il donne une dynamique. Le deuxième tour est fabriqué par le premier tour.»
Avis aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon. François Hollande en mettant en garde contre les «cultures de gauche qui s'annihilent», comme en 2002. «Les électeurs veulent la victoire», ajoute-t-il. C'est un bémol à la théorie de deux gauches, exprimée du côté de Mélenchon.
Une mauvaise surprise dimanche et ce sont les pronostics pour le 6 mai qui seront bouleversés. L'œil rivé aussi sur le second tour, François Hollande récuse enfin l'idée qu'il existerait une «majorité silencieuse» dans le pays. «Je refuse cette division des deux France. C'est une vieille thèse, qui n'a pas seulement été professée par la droite. Il n'y a qu'une France à laquelle je m'adresse, je ne fais pas de fragmentation», explique-t-il. C'est la formule qu'il rode pour la dernière semaine avant le premier tour.
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