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 Guinée-Bissau : l'armée aux commandes

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Jamel
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Jamel


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MessageSujet: Guinée-Bissau : l'armée aux commandes   Guinée-Bissau : l'armée aux commandes Icon_minitimeDim 15 Avr - 9:13

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Guinée-Bissau : l'armée aux commandes

Publié le 13.04.2012, 15h46 | Mise à jour : 14.04.2012, 07h50

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Le Premier ministre et candidat Carlos Gomes Junior le 18 mars dernier, lors du premier tour de l'élection présidentielle.

La Guinée-Bissau était en proie vendredi à un nouveau coup d'Etat militaire, au lendemain de l'arrestation du président intérimaire Raimundo Pereira et du Premier ministre Carlos Gomes Junior, dans la capitale désormais quadrillée par les soldats, à deux semaines de la présidentielle du 29 avril.

Un «commandement» sans visage basé à l'état-major a justifié ces nouveaux troubles dans la région, trois semaines après un putsch au Mali, en dénonçant un «accord secret» conclu entre l'exécutif et l'Angola. Dans ce pays très instable, les rumeurs de coup se faisaient insistantes depuis des jours, à l'approche du second tour de la présidentielle du 29 avril. L'assaut a été lancé jeudi soir, principalement sur la résidence à Bissau de Carlos Gomes Junior, homme fort de l'exécutif et favori du scrutin. Sa maison a été attaquée à la roquette, pendant que des militaires prenaient la radio nationale et bouclaient la ville. La radio publique, coupée depuis jeudi soir, a recommencé à émettre vendredi. Elle diffusait exclusivement de la musique et des communiqués laconiques émanant du «commandement militaire».

Le président, le Premier ministre et le chef d'état-major arrêtés. «L'armée confirme avoir déposé le président intérimaire Raimundo Pereira, le Premier ministre Carlos Gomes Junior et le chef d'état-major, le général Antonio Indjai. Les trois sont sains et saufs et se trouvent sous contrôle de l'armée», dit un communiqué vendredi soir, levant toute ambiguïté sur ce qui se tramait depuis la veille.

L'assaut --condamné par l'ONU-- a été lancé jeudi soir, principalement sur la résidence à Bissau de Carlos Gomes Junior, homme fort de l'exécutif et favori du scrutin. Sa maison a été attaquée à la roquette, pendant que des militaires prenaient le contrôle de la radio nationale et bouclaient la ville. Carlos Gomes Junior a été «conduit à la base de San Vicente», à 45 km au nord de Bissau, a-t-on appris de sources militaire et diplomatique. Le lieu de détention du président Pereira et du général Indjai n'était pas connu. Plusieurs responsables politiques ont également été arrêtés et conduits au siège de l'état-major, selon une source militaire.

Vendredi, les soldats renforçaient leur présence dans les rues, et les patrouilles à pied avaient cédé la place à des patrouilles en pick-up. Certains étaient postés devant les ministères des Finances et de la Justice et le siège du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), en centre-ville. «Les militaires sont partout et interdisent certains accès. Les radios ne fonctionnent pas», a affirmé à l'AFP une source diplomatique à Bissau. Des sources hospitalières n'avaient pas pour l'heure fait état de victimes.

«Un accord militaire secret» entre le pouvoir et l'Angola. L'armée est sortie de son silence par une poignée de communiqués laconiques à en-tête de l'état-major, et signés d'un «commandement» sans nom ni visage. «Le commandement n'a aucune ambition pour le pouvoir», selon le dernier en date de ces communiqués. «Il a été forcé à agir ainsi pour se défendre contre des manoeuvres diplomatiques du gouvernement bissau-guinéen qui visent à faire éliminer les forces armées bissau-guinéennes par une force étrangère», ajoute-t-il.

Un peu plus tôt, l'armée avait expliqué son coup de force par la volonté de dénoncer l'existence d'un accord militaire secret» entre le pouvoir et l'Angola. Selon elle, «cet accord vise à légitimer la présence de troupes étrangères, en l'occurrence la Mission militaire angolaise (Missang) en Guinée-Bissau, dans un souci de protéger le gouvernement en cas de crise».

Récemment, des membres de l'état-major ont accusé le gouvernement de chercher à obtenir une intervention de l'Angola «sous l'égide de l'Union africaine» (UA). Lundi à Bissau, le chef de la diplomatie angolaise, Georges Chicoty, avait annoncé le prochain retrait de la force, présente depuis 2011. Ses effectifs n'ont jamais été communiqués officiellement mais la Missang compte au moins 200 éléments, selon des sources concordantes. «La difficulté dans cette affaire est que les putschistes ne dévoilent ni leurs visages ni leurs ambitions, du moins pour le moment», a déclaré à l'AFP un responsable politique sous couvert d'anonymat.

Les condamnations internationales du coup d'Etat se sont multipliées. Ex-puissance coloniale, le Portugal a défendu la mission angolaise, «un facteur de sécurité et non un facteur d'instabilité», et dénoncé avec véhémence» le coup de force des militaires. La présidence angolaise de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) est allée jusqu'à brandir la menace de poursuites devant la Cour pénale internationale.

Les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont exigé «le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel et du gouvernement légitime» pour permettre aux élections d'avoir lieu comme prévu.

Comme l'ONU, l'UA a condamné le putsch «inadmissible» et exigé la libération immédiate des personnalités détenues. La France a fustigé «l'usage de la violence» et les Etats-Unis ont exhorté Bissau à «restaurer le leadership légitime des civils».

Près de trente ans de troubles. La Guinée-Bissau a une histoire jalonnée de putschs, tentatives de coups d'Etat militaires et violences politiques depuis son indépendance en 1974. Elle est devenue ces dernières années une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l'Amérique du Sud et l'Europe. La tension montait depuis plusieurs jours, en plein entre-deux tours de scrutin.

Jeudi même, quelques heures avant les troubles, l'opposition menée par l'ex-président Kumba Yala, qui est censé affronter le 29 avril Carlos Gomes Junior, avait appelé au boycott de la présidentielle, et mis en garde quiconque ferait campagne. M. Yala avait dénoncé des «fraudes massives» au premier tour du 18 mars, où il avait obtenu 23,26% des voix contre 48,97% pour M. Gomes. La campagne pour le second tour était censée démarrer vendredi.

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