Le groupe a changé quatre P-DG en deux ans : Le géant Sonatrach vacille

LE GROUPE A CHANGÉ QUATRE P-DG EN DEUX ANS

Le géant Sonatrach vacille

Samedi 19 Novembre 2011

Par Tahar FATTANI




M. Cherouati Nordine

Nommé il y a 19 mois, Nordine Cherouati cède sa place à Abdelhamid Zerguine.

Revirement spectaculaire à la tête de la Sonatrach. A peine vient-il d'infirmer son limogeage de la direction générale de cette entreprise que M. Cherouati reçoit un courrier mettant fin à ses fonctions! Ainsi, Nordine Cherouati a été limogé 19 mois après sa nomination. Il a été remplacé officiellement, jeudi dernier, par Abdelhamid Zerguine.

La cérémonie d'installation a eu lieu avant-hier à Alger en présence du ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi. Cet énième changement n'est pas passé sans susciter des interrogations. Les nombreux changements pourraient avoir un impact tant sur le plan national qu'international. Est-il normal que le premier groupe d'hydrocarbures en Afrique et l'un des meilleurs au monde «consomme» quatre P-DG en deux ans seulement? Pour les observateurs avertis, l'instabilité à la tête de ce géant national traduit un certain malaise dans la gestion des affaires internes du pays. C'est ce qui va nuire justement à l'image de Sonatrach. Celle-ci est censée être un exemple à méditer dans les investissements. Elle reste une vitrine du climat d'affaires en Algérie.

Elle reflète l'environnement économique du pays. Cela aurait été plus judicieux -pour préserver l'image de marque de l'entreprise - de choisir le patron de cette société devant une commission de l'Assemblée populaire nationale. C'est ce qui se fait dans les capitales des pays développés. Sur le plan national, une instabilité de «la mamelle» de l'Algérie, provoque une panique chez 35 millions d'Algériens. Quand Sonatrach éternue, c'est toute l'Algérie qui s'enrhume. Elle, le pilier des ressources de l'Algérie.

24 heures avant, M. Cherouati avait apporté «un démenti catégorique» aux informations le donnant partant. «Il n'y a rien de vrai dans tout ce qui se dit sur mon départ», a-t-il confirmé à la presse à la veille de son limogeage. L'ex-patron de la Sonatrach s'est dit conscient que la rumeur est loin d'être innocente. «Je dérange des personnes et des intérêts, car je veux changer certaines habitudes et certaines pratiques», avait-il affirmé.

Quelques heures après la publication de ces informations par la presse, la décision a été prise. M. Zerguini est le nouveau patron de la Sonatrach. Enfant de la boîte, le P-DG de ce géant national des hydrocarbures aura une tâche difficile. Il se dit, d'ailleurs, conscient quant à la difficulté qui l'attend. Il arrive à un moment particulier de la vie de l'entreprise. Dans une brève interview à l'APS, il estime qu'à Sonatrach «les axes de travail sont définis de tradition dans le plan à moyen terme». Les priorités sont arrêtées par l'assemblée générale et l'actionnaire unique, incarné par le ministre de l'Energie et des Mines, a t-il ajouté.

Et d'énumérer: «Les priorités fixées à ce propos consistent à soutenir l'effort de recherche et d'exploration pour conforter les réserves des hydrocarbures, augmenter la valeur ajoutée de tous les segments et les démembrements de la société, et travailler pour faire une meilleure intégration des projets énergétiques par les moyens nationaux. Ces priorités visent aussi à moderniser le groupe dans tous ses démembrements, notamment dans les domaines de gestion de ressources humaines, d'audit et d'éthique», a-t-il indiqué.

Sa nouvelle mission consiste également à améliorer le contrôle interne de Sonatrach, déjà secouée en 2009 par un scandale financier. Sur ce point, il précise que l'entreprise nationale a un degré de surveillance de son activité assez élaboré. «Les procédures (d'attribution de marchés) ont été revues et amendées, conformément aux orientations des pouvoirs publics pour en faire pratiquement une similitude avec le Code des marchés publics». Fraîchement installé, M. Zerguine emboîte le pas à ses prédécesseurs quant à l'impact qu'aurait ce scandale sur la santé financière de l'entreprise. «Sonatrach n'a pas été ébranlée par ce que vous appelez (la presse) des scandales. Elle est bien plus forte, c'est un groupe qui compte 160.000 travailleurs et qui regroupe 100 sociétés et filiales. Le groupe n'a jamais été affecté, je rejette donc cette affirmation...», a-t-il soutenu. Ingénieur de formation de l'Institut algérien de pétrole (IAP) en 1976, le successeur de M. Cherouati connaît bien la maison. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité dans le secteur. Il avait déjà assuré la présidence de Samco, filiale de Sonatrach, et de l'italien ENI, chargée de la commercialisation du gaz dont le siège est à Lugano en Suisse. Il était directeur général de l'entreprise de génie civil et du bâtiment (Engcb), vice-président de Sonatrach chargé de l'activité Transport des hydrocarbures (TRC), et directeur exécutif chargé des activités internationales de la même société. Notons que lors de la cérémonie d'installation du nouveau boss, le ministre Yousfi ainsi que M. Zerguine ont tenu à rendre un hommage appuyé à M. Cherouati pour les efforts inlassables qu'ils a déployés depuis qu'il a pris ses fonctions.