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Taxe sur les exilés fiscaux : Hollande étrille Sarkozy
Mis à jour le 13/03/2012 à 15:32 | publié le 13/03/2012 à 13:04 François Hollande, lors d'un colloque organisé mardi par l'Afep.
Devant les patrons de l'Association française des entreprises privées (Afep), le candidat socialiste a défendu son projet de hausse de prélèvement sur les entreprises. Il a également ironisé sur le président sortant, prêt à renégocier tous les traités sauf celui qu'il vient de signer…
Le moment était attendu. Premier des trois principaux candidats à la présidentielle invité à décliner ce mardi son projet lors du colloque sur «les défis de la compétitivité», co-organisé par l'Association françaises des entreprises privées (qui fédère les 100 plus grosses sociétés de l'Hexagone), François Hollande a déroulé les grandes lignes de son programme: une liste de mesures déjà connues (contrat de générations, modulation de l'impôt sur les sociétés selon leur taille, ciblage des aides de l'État sur les entreprises exportatrices, renforcement du crédit impôt recherche, développement des filières stratégiques, suppression de certaines niches fiscales…).
Le candidat socialiste a également confirmé son intention de ramener les comptes publics à l'équilibre en 2017, grâce à une augmentation des prélèvements sur les entreprises et les ménages les plus aisés, ainsi que via une maîtrise des dépenses publiques. Confirmant de facto qu'un effort serait demandé aux entreprises, sans soulever de réprobation dans l'assistance, il s'est dit prêt à «traiter individuellement» chaque patron dans la salle qui s'inquiéterait…
François Hollande reconnaît en outre un problème de coût du travail en France dans certains secteurs, notamment par rapport à l'Allemagne. Mais il estime ce coût quasi identique des deux côtés du Rhin dans l'industrie manufacturière. Par voie de conséquence, il fustige «la TVA dite sociale» que le président de la République a fait voter avant la fin de la législature: une mesure «injuste, inefficace et inconséquente». Selon lui, la TVA sociale n'aura qu'un effet modeste sur les exportations car elle profitera surtout aux secteurs non exposés à la concurrence.
«Il y a une surenchère en ce moment»Seule nouveauté du discours du candidat socialiste: la proposition de mise en œuvre d'un «pacte national de compétitivité» qui associerait l'État, les entreprises, les partenaires sociaux et aussi, peut-être, le système financier. Tout ce petit monde se mettrait d'accord pour fixer «des objectifs de compétitivité» qui pourraient dépasser le cap d'un quinquennat. «L'État serait là pour fixer la vision, le cadre fiscal, réglementaire, social en évitant de le changer tout le temps et surtout dans les dernières semaines du quinquennat», a précisé François Hollande.
L'ex-patron du PS s'est également exprimé sur deux récentes mesures fiscales dévoilées par Nicolas Sarkozy. La taxation minimale des grandes entreprises qui ne paient pas d'impôt en France? Cette disposition pénaliserait, selon lui, les sociétés qui ont décidé de garder leur siège en France. Il se montre beaucoup plus prolixe, et en verve, sur la taxation des exilés fiscaux formulée lundi soir sur TF1 par le chef de l'État.
«Il y a une surenchère en ce moment», ironise-t-il, peut-être en référence à son propre projet de taxer à hauteur de 75% les revenus supérieurs à un million d'euros par an. «Soit la mesure est un leurre parce qu'en définitive, si ça ne concerne pas les artistes, les sportifs et ceux qui ont mis leur patrimoine dans les pays concernés, ça concerne qui? Uniquement ceux qui auront des revenus du capital?, a-t-il jugé. Ou la mesure est beaucoup plus forte et concerne la question de l'ensemble de l'exil fiscal et ça supposera de négocier toutes les conventions fiscales avec les pays concernés.»
Conclusion lapidaire: «J'ai l'impression qu'en ce moment, il y a un candidat qui est prêt à tout renégocier sauf le traité qui vient d'être signé». François Hollande s'est en effet attiré les foudres de Nicolas Sarkozy, pour vouloir ajouter un volet sur la croissance au pacte de discipline budgétaire, signé mais pas encore ratifié par les États européens. «Je laisse à chacun le jugement sur cette façon de faire campagne», tranche le favori des sondages.