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Le vaccin antigrippe est moins efficace cette année
Publié le 10/03/2012 à 07h43
L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France a adressé une mise en garde aux établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes. Des alertes similaires ont aussi été diffusées partout en France.
Les autorités sanitaires sont confrontées à un souci particulier cette année avec le vaccin contre la grippe. La « souche » virale qu’il contient correspond à peu près — mais à peu près seulement — au virus qui circule en ce moment. Le vaccin est donc moins efficace cette année que les années précédentes, même s’il n’est pas inutile.
Cette situation alarmante est évoquée noir sur blanc dans un mail envoyé le 23 février par l’agence régionale de santé d’Ile-de-France aux directeurs d’établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad), que nous nous sommes procuré.
On y parle des risques qu’entraîne cette « souche majoritaire AH3N2 touchant particulièrement les personnes âgées, avec un risque de mortalité accrue ». Autre inquiétude avouée, « la protection vaccinale vis-à-vis de cette souche n’est pas absolue ». Les mêmes informations ont été diffusées au niveau national par les différentes agences régionales de santé.
Pour expliquer ce phénomène, il faut comprendre que, comme tous les ans, les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettent au point, six mois à l’avance, la composition du vaccin grippal en fonction de la circulation supposée du virus un semestre plus tard. Une forme de pari, qui d’habitude réussit, mais qui là se révèle moins performant.
L’explication est liée à une mutation partielle du virus. Dominique Rousset, virologue à l’Institut Pasteur, souligne que « lorsque l’on analyse la composition génomique des souches H3N2 qui circulent, on s’aperçoit qu’une partie d’entre elles a muté. Cela peut entraîner des échecs partiels de vaccination ». Il existe donc des virus grippaux « cousins » du H3N2, qui sont parfaitement résistants au vaccin grippal.
Toute la question est de savoir quelle est la proportion des mutants et des non-mutants. « Les H3N2 mutants sont minoritaires, mais on cherche à quantifier cela de façon précise », ajoute Dominique Rousset. Selon cette experte, cette difficulté ne remet pas en cause le bénéfice de la vaccination, en particulier pour les sujets à risque. Mais en prévision de la prochaine campagne vaccinale, dans six mois pour les pays de l’hémisphère Sud, l’OMS a déjà décidé de changer la composition du vaccin en incluant dans sa composition une nouvelle souche, plus proche de la H3N2 « mutante ».
Au cours des deux hivers précédents, c’était surtout le virus H1N1 qui avait circulé en Europe. Après la forte alerte en 2009-2010, avec le risque de pandémie grippale, il s’était avéré finalement assez peu grave, et avait circulé de façon atténuée au cours de l’hiver suivant.