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L'opposition russe s'affiche à Moscou contre Poutine
Mis à jour le 26/02/2012 à 21:42 | publié le 26/02/2012 à 18:30 Plusieurs milliers de manifestants exhibent une caricature de Vladimir Poutine,dimanche à Saint-Pétersbourg.
Une chaîne humaine a symboliquement encerclé le Kremlin dimanche.
À une semaine de l'élection présidentielle, l'opposition interne à Vladimir Poutine ne désarme pas. Dimanche, 11.000 personnes, selon la police - 30.000 selon les manifestants -, ont organisé une gigantesque chaîne humaine pratiquement ininterrompue autour du boulevard périphérique de Moscou, long de 16 kilomètres. Avec pour slogan officieux: «Ne laissons pas entrer Poutine au Kremlin». Alors que beaucoup d'observateurs prévoyaient un essoufflement du mouvement, les organisateurs estimaient, pour leur part, avoir gagné leur pari. La veille, déjà, près de 3.500 opposants s'étaient réunis à Saint-Pétersbourg, la ville natale du premier ministre.
Arborant des rubans blancs, signe de ralliement de la contestation, les Moscovites sont restés alignés plus d'une heure sur le trottoir bordant le périphérique intérieur, sans slogan ni pancarte. Une foule diverse, typique de cette classe moyenne qui s'affiche en nombre depuis les élections parlementaires controversées du 4 décembre 2011. Les participants étaient salués à coups de klaxon par les automobilistes qui avaient accroché des insignes blancs à leur portière. Plus ludique, cette nouvelle forme de contestation a été initiée début février, après que le régime eut décidé d'organiser ses propres contre-manifestations, tentant de noyer sous les chiffres le mouvement anti-Kremlin. Le 23 février, les autorités étaient parvenues à attirer plus de 100.000 personnes dans le stade Loujniki.
«Nous ne voulions pas participer contre Russie unie à cette espèce de course aux armements. Nous préférons organiser un type d'action tout à fait révolutionnaire, sans leader identifié, basé sur une activité en réseau. C'est ce qui rend ce mouvement insubmersible», théorise l'un de ses organisateurs officieux, le journaliste Sergueï Parkhomenko. La veille, sur Internet, l'Agence «du journalisme citoyen» ­Ridus avait recommandé aux manifestants de ne pas exhiber de pancartes, de se «tenir attentivement sur le bon côté de la route, de rester sur le trottoir» et de s'abstenir de tout conflit avec les policiers. Les forces antiémeutes (Omon) avaient été massées tout le long du boulevard sans qu'aucun incident ne soit ­signalé.
«Tromperies»Cette nouvelle manifestation, la qua­trième significative depuis le début de la campagne, n'empêchera pas Vladimir Poutine de remporter la présidentielle, dès le premier tour si l'on en croit les instituts de sondages. Selon le député du petit parti Russie juste, Guennadi Goudkov, «tout est devant nous». Selon ce parlementaire, l'un des rares à s'afficher aux côtés des manifestants, le pays risque de connaître de nouvelles turbulences d'ici à l'intronisation de Vladimir Poutine au Kremlin, le 7 mai prochain.
Ce dernier qualifie de «tromperies» plusieurs des concessions récentes du président Dmitri Medvedev destinées à libéraliser la vie politique. Les opposants à Poutine prévoient une manifestation dès le lendemain du scrutin, le 5 mars, et une autre le 8 mars qui, selon le leader du Front de gauche, SergueÏ Odaltsov, pourrait réunir 500.000 personnes. «Dès lors qu'il y a autant de monde, le Kremlin, qui regroupe des gens intelligents, ne peut plus nous ignorer. Ils seront obligés de trouver des compromis», estime Mikhaïl, un informaticien de 42 ans.
«Déjà, les choses sont en train de tourner», affirme un observateur occidental privilégié. Ce dernier en veut pour ­preuve l'ordre discret, donné vendredi par le chef du FSB, Alexandre Bortnikov, à tous ses agents, «de se débarrasser avant le 1er décembre 2012 de leurs biens enregistrés à l'étranger et non destinés à l'usage du service». Une traque anti­corruption initiée dans le saint des saints du pouvoir - les services secrets intérieurs - dont est justement issu Vladimir Poutine.