Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 14.04.2014 à 08h42 • Mis à jour le 14.04.2014 à 09h34
« L'euro est anormalement fort compte tenu de la position de la zone euro dans le cycle économique et de son retard dans la reprise de la croissance par rapport à d'autres », affirme le gouverneur de la Banque de France.
Dans une interview accordée lundi 14 avril au Figaro, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, estime que le niveau actuel de l'euro est trop élevé. « L'euro est anormalement fort compte tenu de la position de la zone euro dans le cycle économique et de son retard dans la reprise de la croissance par rapport à d'autres », déclare M. Noyer, dans les colonnes du quotidien, en marge des réunions du G7 à Washington.
Selon le gouverneur de la Banque de France, cette situation est particulièrement préjudiciable pour l'économie française du fait de son « problème de compétitivité qu'il faut absolument traiter ». « La France a pris du retard par rapport à l'Italie et surtout à l'Espagne qui ont fait des ajustements de leurs coûts de production », ajoute-t-il.
Christian Noyer estime cependant que si « cette baisse est souhaitable, il est plus facile de l'invoquer que de l'orchestrer », réfutant le rôle de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) comme explication de cette hausse. « Le niveau des taux européens est aujourd'hui inférieur aux taux américains, sur pratiquement toutes les échéances et notamment à long terme. Les différentiels de taux d'intérêt ne sont pas à l'origine de ce qui se passe sur le marché des changes », a-t-il assuré.
Michel Sapin, le ministre des finances français, a réaffirmé lundi son opposition à un euro trop fort, se félicitant des propos du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi samedi à Washington. L'euro « trop fort » aujourd'hui, « est un frein à la croissance de la France », a assuré M. Sapin sur l'antenne d'Europe 1. Il a appelé de ses vœux « un euro qui doit être à un bon niveau, l'euro étant aujourd'hui à un niveau anormalement fort ».
LA HAUSSE DE L'EURO NÉCESSITERA UN ASSOUPLISSEMENT MONÉTAIRE
A propos des déclarations de M. Draghi qu'il avait trouvé samedi « intéressantes », le ministre s'est félicité que la BCE ait « pris conscience » que l'euro trop fort constituait « une gène pour l'ensemble des pays européens, et tout particulièrement pour la France ».
L'euro est en baisse lundi en Asie après les propos de Mario Draghi, le président de la BCE, en faveur d'un nouvel assouplissement de la politique monétaire en cas de maintien de la monnaie unique à un niveau élevé. Mario Draghi a ainsi estimé samedi lors d'une conférence de presse à Washington que la BCE pourrait décider d'une « action monétaire » si l'euro continuait de s'apprécier, pour que « la politique monétaire reste aussi accommodante qu'elle l'est aujourd'hui ».
S'exprimant par ailleurs sur les risques de déflation dans la zone euro, M. Noyer assure que « si la période d'inflation basse devait durer plus longtemps que prévu, nous avons à notre disposition de nombreux instruments » pour y remédier. « L'opinion publique et les marchés savent que nous ferons ce que nous devons pour que l'inflation remonte vers sa cible de 2 % », a-t-il conclu.
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