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 Obama à Bruxelles : tour d’horizon des sujets qui fâchent

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Petrus.m

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Obama à Bruxelles : tour d’horizon des sujets qui fâchent Empty
MessageSujet: Obama à Bruxelles : tour d’horizon des sujets qui fâchent   Obama à Bruxelles : tour d’horizon des sujets qui fâchent Icon_minitimeMer 26 Mar - 10:20

Le Monde.fr | 26.03.2014 à 10h45 • Mis à jour le 26.03.2014 à 10h51 | Par Philippe Ricard (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
Obama à Bruxelles : tour d’horizon des sujets qui fâchent Okyjwdf
Arrivée à Bruxelles de Barack Obama, mardi 25 mars.

Barack Obama effectue, mercredi 26 mars, sa première visite officielle auprès des institutions européennes, pour un sommet Europe-Etats-Unis. La capitale belge n’a plus reçu de visite d’un président américain depuis 2005 et le voyage de George W. Bush, venu, à l’époque, retisser des liens distendus par l’intervention militaire en Irak. Son successeur aura attendu plus de cinq ans pour se rendre au siège des institutions communautaires, où il déjeunera et discutera — pendant moins de deux heures — avec les président du Conseil européen Herman Van Rompuy, celui de la Commission Jose Manuel Barroso, la haute représentante pour la diplomatie, Catherine Ashton, ainsi que le commissaire au commerce, Karel De Gucht. Barack Obama aura aussi une rapide entrevue avec le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Tour d’horizon des sujets qui rapprochent et de ceux qui fâchent.

L’UKRAINE

Ce sommet fournit aux Européens et aux Américains l’occasion d’insister sur leur « étroite coopération » concernant l’Ukraine et « tous les grands sujets de politique extérieure », comme le dit un diplomate de haut rang. Sur l’Iran, la Syrie, le Proche-Orient, la Méditerranée, l’Afrique, « la voie d’un nouveau partenariat est ouverte », souligne-t-il, histoire de serrer les rangs face à la Russie ou la Chine. L’annexion de la Crimée par Vladimir Poutine oblige Barack Obama à réinvestir le Vieux continent, après avoir donné la priorité à l’Asie. Un mouvement de balancier que les Européens apprécient, quitte à occulter les sujets de friction : la prétendue unanimité sur l’Ukraine et l’attitude à prendre à l’égard de Moscou cachent quelques divergences sur le degré et l’ampleur de la riposte à lui opposer en termes de sanctions. D’abord agacé par l’attentisme des Européens, Washington a paru avoir systématiquement un temps d’avance, et a visé très rapidement l’entourage proche de Vladimir Poutine. Quant aux Européens, s’ils devaient en venir à la « phase 3 » de leurs sanctions (le volet économique), ils auraient d’abord à résoudre de profondes divergences internes.

Obama qualifie la Russie de puissance régionale

Au Pays-Bas, une cinquantaine de pays se sont mis d’accord pour améliorer la sécurité nucléaire. L’objectif du sommet de La Haye était d’empêcher des groupes terroristes de fabriquer l’arme atomique, une “bombe sale”. Les participants ont été appelés à réduire leurs stocks d’uranium fortement enrichi, pour éviter les détournements criminels. Mais ces deux jours de sommet ont été assombris par la crise en Ukraine. Barack Obama a déclaré que “la Russie était une puissance régionale qui menaçait ses voisins, un signe de “faiblesse”“. Selon le Premier ministre néerlandais, qui accueillait ce sommet, il y a dans le monde presque 2.000 tonnes de matériel en circulation, prêt à être utilisé comme une arme. “Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour atteindre les objectifs ambitieux fixés il y a quatre ans, a rajouté Barack Obama, pour entièrement sécuriser tous les matériaux nucléaires et radiologiques, civils et militaires, afin qu’il n’y ait plus de risque pour nos citoyens. C’est essentiel pour la sécurité du monde entier et compte tenu des conséquences catastrophiques de même une seule attaque, nous ne pouvons pas être complaisants.” L’autre annonce importante du sommet a été l’engagement du Japon à renvoyer aux Etats-Unis près de 500 kilos de plutonium et d’uranium hautement enrichi qui lui avaient été fournis pendant la Guerre froide. James Franey, notre envoyé spécial à La Haye, explique que cet accord est considéré ici comme une étape importante pour la sécurité nucléaire. Mais il y a deux problèmes : tout d’abord, il n’est pas contraignant, il s’appuie sur la bonne volonté des pays concernés. L’autre question, c’est cela signifie-t-il quelquechose, étant donné que la Russie, le pays avec le plus grand stock d’armes nucléaires au monde, a refusé de signer.

LA PROTECTION DES DONNÉES

Les écoutes massives de la NSA, y compris de dirigeants européens, restent évidemment « le » sujet qui fâche. MM. Barroso et Van Rompuy n’ajouteront toutefois rien à la polémique : il n’est même pas certain que la mention de la NSA figure dans les conclusions. Les Européens évoqueront, en espérant « une meilleure compréhension » de leur interlocuteur, le nécessaire respect d’un cadre juridique ou « les limites légales et légitimes » d’une pratique jugé trop invasive. Ils espèrent obtenir quelques promesses et mesures concrètes pour garantir, à minima, les droits de leurs citoyens et de leurs opérateurs. Ils voudraient aussi relancer – et conclure cet été en principe – la négociation d’un accord global sur la protection des données, évoqué depuis 2013. Son but serait de faciliter les transferts, dans le cadre de la lutte anti-criminalité, en assurant un « haut de degré de protection » pour les citoyens européens, ainsi que la capacité, pour ceux-ci, d’obtenir le cas échéant, aux Etats-Unis, la rectification de données erronées.

L’ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE

Lancées l’an dernier, les négociations s’annonçaient difficiles, et elles le sont. Le Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP) porte sur une grande variété de sujets sensibles. Sans s’appesantir, Barack Obama et les dirigeants européens devraient tenter de donner un peu d’élan à des tractations parties pour durer plusieurs années, au risque de l’enlisement. Américains et Européens espèrent réduire encore les droits de douane entre les deux régions, mais la création de cette zone de libre-échange suscite des inquiétudes sur les deux rives de l’Atlantique, en particulier dans le secteur agricole. Surtout, l’accord cherche à assurer la convergence des réglementations existantes. Mais les détracteurs de l’accord craignent un nivellement par le bas des normes en vigueur en Europe, par exemple en matière de culture des OGM. Les Etats-Unis réclament aussi un mécanisme d’arbitrage des conflits en matière d’investissement, dont se méfient les Européens. Ces derniers espèrent au contraire, sans grand espoir, l’ouverture des marchés publics américains. Au fond, l’objectif du TTIP reste de réaffirmer le leadership occidental face à la montée en puissance des pays émergents, dont la Chine. Mais les révélations sur les pratiques de la NSA ont plombé la confiance entre les deux parties.

L’ÉNERGIE

La crise ukrainienne a sorti les Européens de leur torpeur, aussi parce qu’elle a mis cruellement en évidence leur grande dépendance à l’égard des ressources énergétiques russes. Le géant Gazprom tire la moitié de ses bénéfices de ses exportations vers l’UE, dont la consommation de gaz dépend à hauteur de 25% à 30% des livraisons russes. Une proportion qui atteint 100% pour les pays baltes, par exemple. Du coup, certains pays européens projettent d’acheter du gaz américain, sans attendre la conclusion du futur accord de libre échange. Grâce à leur recours au gaz de schiste, les Etats-Unis sont certes devenus presque auto-suffisants, et pourraient en partie se substituer à la Russie. Un débat agite toutefois les milieux politiques et industriels outre-Atlantique : faut-il conserver cette source d’énergie peu onéreuse ou réaliser des bénéfices en l’exportant vers l’Europe ? En tout état de cause, les Européens devraient procéder à des investissements très lourds – il faudra construire des terminaux capables de recevoir ce gaz – et les projets ne se pourraient être réalisés avant deux ou trois ans au minimum.

Les discussions sur l’énergie incluront aussi un volet « climat ». Ce qui pourrait être l’occasion pour les Européens de vérifier le degré d’engagement de l’administration Obama qui, selon le secrétaire d’Etat John Kerry, a de « grandes ambitions » pour les futures négociations internationales sur le sujet, en 2015 à Paris.

LE PROBLÈME DES VISAS

Les citoyens polonais, roumains, bulgares, croates et chypriotes désireux de se rendre aux Etats-Unis doivent toujours, contrairement aux autres Européens, obtenir un visa. Pour obtenir la fin de ce régime, la Commission menaçait, en février, d’introduire une obligation de visa pour les diplomates américains. A ce stade, les pays concernés espèrent encore régler la question de manière bilatérale, option privilégiée par Washington qui espère leur imposer, en échange, des accords sur l’échange de renseignements dans le but de lutte contre le terrorisme ou la criminalité... Manifestement, Bruxelles ne haussera pas trop le ton face au président Obama, mais celui-ci « ne quittera pas Bruxelles sans être conscient de l’importance de ce sujet », assure un responsable du Conseil.

DES THÈMES OUBLIÉS

Les responsables européens ne parleront plus au président Obama de leurs revendications quant à la fermeture définitive du centre de détention de Guantanamo. « Nos soucis sont désormais ailleurs, plus proches », indique un officiel du Conseil, faisant allusion à l’Ukraine. Lorsqu’il s’est agi d’envisager la fermeture de la base, les Vingt-Huit n’ont, il est vrai, pas été capables de répondre à la demande américaine, visant à ce qu’ils accueillent sur leur territoire des dizaines de détenus qui auraient été libérés.

Pas un mot non plus sur la Syrie après les débats entre certaines capitales européennes (Paris en tête) et Washington sur une éventuelle intervention militaire. Inutile, par ailleurs, de remettre en évidence l’impasse diplomatique actuelle…
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