Le Monde.fr avec AFP | 03.03.2014 à 03h31 • Mis à jour le 03.03.2014 à 07h58
Un SDF à Paris, en février.
Les maires estiment à une large majorité (80 %) que le nombre de personnes en situation de pauvreté dans leur commune a augmenté, selon un sondage TNS-Sofres pour le Secours catholique diffusé lundi 3 mars. L'association lance en effet une campagne intitulée « Ne laissons pas disparaître la fraternité », pour « mettre le vivre-ensemble au cœur des préoccupations » des municipales.
71 % des maires pensent ainsi que les personnes en situation de pauvreté sont, dans leur commune, « un peu plus qu'avant ». 9 % estiment même qu'ils sont « beaucoup plus qu'avant », et seulement 6 % jugent qu'ils sont « moins qu'avant ».
« Au Secours catholique, on sait qu'il y a une forte dégradation de la pauvreté, souligne Bernard Thibaud, secrétaire général de l'organisation. Mais ce qui nous surprend c'est l'ampleur de la prise de conscience par les maires. Le chiffre de la dégradation de la pauvreté était de 51 % en 2008, lors de la précédente enquête, et il est désormais de 80 %. »
LA DÉTRESSE DES SDF ET DES MIGRANTS MOINS PERÇUE
Pour une majorité d'élus, les femmes seules avec enfants et les jeunes sans emploi sont les deux catégories pour lesquelles la pauvreté s'est le plus aggravée (63 %), devant les personnes en emploi précaire (62 %) et les chômeurs de longue durée (55 %).
Bernard Thibaud s'étonne cependant que les maires aient « moins la perception d'une dégradation pour les personnes sans abri et les personnes migrantes, alors que nous-mêmes, on constate une dégradation importante de la situation des familles migrantes ».
Face à cette situation, les maires disent en majorité avoir « fait des efforts plus importants » pour l'aide aux impayés (loyer, gaz, eau, électricité) pour les familles en difficulté (58 %), les services d'aides à domicile (57 %) et le soutien scolaire aux enfants (56 %).
Par ailleurs, les trois quarts des maires (76 %) jugent que le lien social s'est plutôt dégradé en France, mais pas au sein de leur commune, où la situation s'est plutôt améliorée (40 %) ou n'a pas changé (46 %). Une large majorité (91 %) affirme avoir pris des initiatives pour renforcer ce lien social au cours de leur mandat, même si le plus souvent, « il s'agit d'actions ponctuelles ou ciblées, plutôt que de politiques structurelles », note M. Thibaud.
Méthodologie
L'enquête, menée régulièrement depuis 1995, a été réalisée du 21 janvier au 3 février, par téléphone, auprès d'un échantillon de 400 maires, représentatif de l'ensemble des communes françaises selon TNS-Sofres