Le Monde.fr avec AFP | 08.02.2014 à 23h49 • Mis à jour le 09.02.2014 à 10h24
Le socialiste Hamdeen Sabbahi, au Caire en mai 2012.
Une figure de la gauche égyptienne, Hamdeen Sabbahi, a annoncé samedi 8 février qu'il se présenterait à l'élection présidentielle, pour laquelle le chef de l'armée, Abdel Fattah Al-Sissi, est donné grand favori. Il s'agit de la première personnalité politique de poids à annoncer sa candidature au scrutin, prévu pour cette année.
M. Sabbahi a annoncé sa candidature dans un discours à ses partisans, retransmis en direct à la télévision, déclenchant des cris de joie parmi son auditoire : « Notre vote pour Sabbahi ». « J'espère que ma décision va plaire aux jeunes et répondra à leurs demandes », a-t-il ajouté.
Se réclamant de l'héritage du charismatique président Gamal Abdel Nasser, M. Sabbahi avait capté, lors de l'élection présidentielle de juin 2012, une importante partie du vote des jeunes et des « révolutionnaires » qui s'étaient soulevés contre le régime Moubarak.
Lors de cette élection, remportée par l'islamiste Morsi, il était arrivé troisième au premier tour, pas loin derrière M. Morsi et derrière un ancien premier ministre du président Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq. Il était ensuite devenu l'un des plus virulents détracteurs de M. Morsi, qu'il accusait de perpétuer les injustices sociales et l'autoritarisme de l'ère Moubarak.
LE MARÉCHAL SISSI PAS ENCORE OFFICIELLEMENT CANDIDAT
Lors de la présidence de M. Morsi, il avait fait partie du Front de salut national (FSN), actif dans les manifestations contre le pouvoir islamiste. Le 30 juin 2013, lors des importantes manifestations pour le départ de M. Morsi du pouvoir, il avait appelé l'armée à « agir » pour « faire respecter la volonté du peuple » si M. Morsi ne partait pas de lui-même.
Le FSN a été miné par de profondes divisions entre les partisans du maréchal Sissi et ceux de M. Sabbahi. Le maréchal Sissi et les autorités ont promis qu'ils ne reviendraient pas aux pratiques en vigueur sous le régime Moubarak, lors duquel des milliers de prisonniers politiques étaient détenus et où la liberté d'expression était bafouée.
Pourtant, plus de 1 400 personnes ont été tuées depuis la destitution de M. Morsi le 3 juillet, en majorité des manifestants pro-Morsi, et plusieurs milliers de Frères musulmans ont été arrêtés, selon Amnesty International. Et après les pro-Morsi, les forces de l'ordre ont ouvert plus récemment un nouveau front en s'en prenant aux mouvements laïques.
Très populaire, le maréchal Sissi, également ministre de la défense, n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature, mais il ne fait pas mystère de ses intentions. Les autorités avaient annoncé que la présidentielle se tiendrait sous trois mois et avant les législatives, un calendrier taillé sur mesure pour le militaire devenu en sept mois la personnalité la plus populaire du pays.