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Egypte : L'armée annonce la tenue d'une élection présidentielle avant juin 2012
Mis à jour le 22.11.11 | 23h01 Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, s'est exprimé à la télévision égyptienne, mardi 22 novembre.
Dans une allocution télévisée très attendue en Egypte, le maréchal Hussein Tantaoui, représentant contesté du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui dirige le pays, a annoncé, mardi 22 novembre dans la soirée, une série de concessions aux revendications des manifestants réunis à nouveau depuis vendredi place Tahrir, au Caire. Il a ainsi annoncé la tenue d'une élection présidentielle "avant la fin juin 2012" et a assuré que l'armée était prête à organiser un référendum sur le transfert du pouvoir aux civils.
"L'armée ne veut pas le pouvoir", a assuré le maréchal Tantaoui à la télévision égyptienne, ajoutant qu'elle était
"prête à remettre les responsabilités immédiatement, si le peuple le souhaite, à travers un référendum populaire". L'armée s'est déjà engagée ces derniers mois à remettre le pouvoir aux civils une fois qu'un nouveau président serait élu. L'échéance de la mi-2012 pour la présidentielle est plus proche que celles souvent évoquées (fin 2012, voire 2013) faute jusqu'à présent de calendrier précis.
DÉMISSION DU GOUVERNEMENT
L'ancien homme de confiance du président déchu Hosni Moubarak a par ailleurs confirmé que les législatives, dont la première phase doit débuter lundi 28 novembre, auraient lieu dans les délais prévus
en dépit de la grave crise politique que le pays traverse. Cette crise, faisant suite aux manifestations et violences survenues durant le week-end, a conduit lundi soir le gouvernement d'Essam Charaf, nommé par le conseil militaire en mars dernier pour gérer les affaires courantes, à présenter sa démission au CSFA. Une démission que le maréchal Tantaoui a officiellement acceptée lors de son allocution télévisée. Il a par ailleurs présenté ses condoléances aux familles des personnes tuées dans les violences des derniers jours.
Ces annonces interviennent après une rencontre, dans la journée, entre le commandement militaire, qui se trouve aux abois depuis quatre jours, et les différentes forces politiques, dont les puissants Frères musulmans.
Si le maréchal Tantaoui n'a pas précisé lundi soir le nom du futur premier ministre, Mohamed ElBaradei ferait figure de favori pour remplacer M. Charaf. L'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) semble faire consensus, bien que le nom d'Abdelmoneim Aboul Fotouh, candidat potentiel à la présidence et ancien membre des Frères musulmans, circule également dans les travées du pouvoir égyptien.
Le respect de ces engagements fera l'objet d'une attention particulière des Etats-Unis. Les annonces
"rassurantes" et
"importantes" du maréchal Tantaoui
"fournissent une base pour veiller, à l'avenir, sur les engagements pris envers le peuple égyptien", a réagi Victoria Nuland, porte-parole du département d'Etat. Elle a toutefois pointé
"la responsabilité particulière" du pouvoir militaire dans la violence, condamnant fermement
"l'usage excessif de la force" par la police égyptienne, et a demandé aux autorités qu'elles protègent le droit à manifester des mécontents du Caire.
DES MILLIERS DE CAIROTES PLACE TAHRIRVue de la place Tahrir, le 21 novembre.
Place Tahrir, des dizaines de milliers d'Egyptiens ont quant à eux continué de réclamer, après cette allocution, la fin du pouvoir militaire, accusé de chercher à s'incruster et de perpétuer le système répressif hérité du président Hosni Moubarak. Poussé au départ le 11 février à la suite d'une révolte populaire, M. Moubarak avait remis ses pouvoirs à l'armée, faisant du maréchal Tantaoui le nouveau chef de l'Etat
de facto.
Certains ont dit ne pas croire un mot du discours du chef du pouvoir militaire.
"Nous ne pouvons pas croire ce qu'il dit. La balle était dans le camp du conseil militaire pendant des mois et ils n'ont rien fait", a affirmé Ibtissam Al-Hamalawy, une Egyptienne de 50 ans.
"Tantaoui, c'est Moubarak copié-collé, a estimé Ahmed Mamdouh, un comptable de 35 ans.
C'est Moubarak en tenue militaire et ce discours ressemble à celui de Moubarak."Malgré la violence de la répression policière, des milliers de Cairotes ont répondu mardi à l'appel des mouvements pionniers de la révolution de février dernier. Après quatre jours d'affrontements avec les policiers antiémeutes, trente protestataires sont morts, certains victimes de tirs à balles réelles. Des violences dénoncées par le candidat Mohamed El-Baradei.
"Du gaz lacrymogène contenant des agents innervants et des balles réelles sont utilisés contre les civils à Tahrir, c'est un massacre", a-t-il déclaré dans un message publié sur Twitter. En signe d'apaisement, le pouvoir militaire a annoncé la mise en place d'un comité chargé de faire la lumière sur ces violences.
De leur côté, les Frères musulmans, la principale force politique du pays, s'ils négocient avec le pouvoir en place, n'ont pas participé à la manifestation de mardi pour
"ne pas entraîner le peuple vers de nouveaux affrontements sanglants avec des parties qui cherchent davantage de tensions". Favoris des élections, les Frères musulmans, dont l'aile politique est le Parti de la justice et de la liberté, militent pour le respect du calendrier des échéances électorales. "La machine des Frères musulmans tourne à plein régime".
Jusqu'à présent, le pouvoir militaire a assuré qu'il quitterait le pouvoir au terme d'un long processus électoral qui doit débuter le 28 novembre avec l'élection de députés et aboutir à l'élection d'un président, dont la date n'est pas connue, au grand dam des Egyptiens et de la communauté internationale.