En attendant la reprise, la sous-traitance française résiste
Le Monde.fr | 19.11.2013 à 12h02 • Mis à jour le 19.11.2013 à 12h37 | Par Anna Villechenon
C'est un peu mieux que prévu. Les volumes de production du secteur de la sous-traitance industrielle en France repartent très légèrement à la hausse. La progression devrait être de 0,62 % cette année par rapport à 2012, estime un rapport du Midest, le salon de la sous-traitance industrielle qui a lieu du mardi 19 au vendredi 22 novembre à Villepinte, en région parisienne.
Un retour à l'équilibre bienvenu après une année 2012 morose, au cours de laquelle la sous-traitance avait enregistré une chute de 5,21 % de son volume de production par rapport à 2011, associée à une baisse du chiffre d'affaires de près de 3 %.
Cependant, si la profession voit sa production repasser dans le vert cette année, cela ne se traduit pas encore en termes de chiffre d'affaires : ce dernier devrait rester en baisse de 3 % à 4 % pour l'année 2013, par rapport à 2012.
"Dans ce contexte, la valeur technologique est essentielle pour se démarquer, explique Daniel Coué, économiste spécialiste de la sous-traitance industrielle et consultant pour Midest De fait, nous sommes dans une époque de spécialisation du travail, presque à outrance", souligne-t-il. A titre d'exemple, la construction d'une automobile est sous-traitée à plus de 50 %.
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LE TRAVAIL DES MÉTAUX, CHAMPION DU SECTEUR
Ainsi, le secteur qui enregistre la plus forte hausse de production en 2013 est celui du travail des métaux : fonderie (+ 2,2 %), forge (+ 4,8 %), fixations (+ 5,6 %), décolletage (+ 8,1 %).
"Ce secteur souffre moins de la concurrence pour deux raisons principales : sa production est plus difficile à copier, mais aussi plus chère à transporter, le métal étant lourd", souligne M. Coué.
La mécanique représente à elle seule 45 % de la sous-traitance, soit deux fois plus que le plastique et le caoutchouc (20 %), le reste du secteur se partageant entre l'électronique et le textile.
Sous-traitance / Évolutions 2013 / 2012 en année pleine.
Mais si la sous-traitance française résiste, elle souffre néanmoins de trois problèmes majeurs. Il y a, d'une part, la baisse du prix des matières premières, "que les clients demandent aux sous-traitants de répercuter dans leurs prix, relève M. Coué. Ce qui est loin d'être négligeable, sachant que les matières premières représentent 30 % en moyenne du prix d'un produit."
D'autre part, la France subit une forte concurrence des pays émergents, mais également des pays européens, "notamment l'Allemagne, bien plus compétitive", analyse M. Coué. "Berlin a décidé de baisser les salaires, contrairement à la France, ce qui se traduit aujourd'hui par un écart de compétitivité important", précise-t-il.
UNE "REPRISE TECHNIQUE" ATTENDUE EN 2014
Enfin, l'allongement des délais de paiement – à 60 jours – a participé à la formation d'une baisse artificielle des chiffres d'affaires, entre fin 2012 et début 2013.
"Combiné à une baisse des commandes en fin d'année 2012, le paiement en décalé des sous-traitants, qui intervient donc deux mois après la commande, a contribué pour l'année 2013 à une baisse du chiffre d'affaires, bien que la production ait très légèrement augmenté", relève M. Coué.
Selon une étude Altares-Dun & Bradstreet, publiée le 19 novembre, les experts estiment qu'environ un quart des défaillances d'entreprises enregistrées dans l'Hexagone sont dues aux retards de paiement.
Pour autant, le consultant se veut optimiste pour l'année 2014 : il attend une reprise technique d'ici à fin 2013-début 2014, grâce notamment à "la lente reprise du marché mondial, en particulier dans les pays émergents et aux Etats-Unis". Autre atout selon lui : la parité euro-dollar, qui "semble repartir à la baisse".
Anna Villechenon
Journaliste au Monde