Le Monde.fr | 12.01.2014 à 21h35 • Mis à jour le 13.01.2014 à 07h29 | Par Yves-Michel Riols
La réunion des Amis de la Syrie, le 12 janvier à Paris.
La réunion des Amis de la Syrie, qui regroupe les onze pays occidentaux et arabes soutenant l'opposition syrienne, s'est achevée, dimanche 12 janvier à Paris, par un appel à la Coalition nationale syrienne (CNS) à participer à une conférence internationale de paix dont le but est de parvenir à la fin du « régime despotique » de Bachar Al-Assad, selon la déclaration finale adoptée à l'unanimité.
Lire : L'opposition syrienne sous pression pour participer à la conférence de paix
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/01/11/l-opposition-syrienne-sous-pression-pour-participer-a-la-conference-de-paix_4346355_3218.html
Les ministres des affaires étrangères des onze pays présents ont avant tout voulu adresser un message de soutien à Ahmad Jarba, le président de la CNS, dont le mouvement est divisé sur une participation à des négociations avec des représentants du pouvoir syrien. Les délégués de la CNS doivent décider, vendredi 17 janvier à Istanbul, s'ils se rendent ou non aux à ces pourparlers dont le lancement est prévu en Suisse, le 22 janvier à Montreux.
RENFORCER L'ASSISE D'AHMAD JARBA
L'objectif de la réunion de dimanche à Paris, dit-on de source diplomatique, consistait surtout à renforcer l'assise de M. Jarba et à inciter l'opposition à se rendre en Suisse pour éviter que le régime de Damas ne fasse porter l'échec de ces négociations à ses adversaires. S'adressant à tous ceux, dans son camp, qui redoutent que l'ouverture de pourparlers ne contribue qu'à consolider le pouvoir syrien, M. Jarba a souligné : « Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il n'y a pas d'avenir pour Bachar Al-Assad et pour sa famille en Syrie. Son départ est inexorable. »
De son côté, Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères français, le seul à s'exprimer au nom des onze pays présents, a condamné les « atrocités perpétuées par le régime contre son peuple » et rappelé que les négociations en Suisse visaient à « faire en sorte que ce régime voie sa fin ».
A cette fin, la déclaration adoptée dimanche a réitéré la finalité des négociations, à savoir la mise en place « par consentement mutuel d'un gouvernement transitoire doté des pleins pouvoirs exécutifs ». Une façon de répondre au pouvoir syrien qui a déjà indiqué qu'il n'était pas disposé à discuter d'une transition politique. Autrement dit : il n'est pas question de négocier le départ de Bachar Al-Assad. Au point que les autorités syriennes ont fait savoir qu'elles pourraient même demander que soit mis à l'ordre du jour l'organisation d'une élection présidentielle à laquelle participerait M. Al-Assad. Une provocation destinée à torpiller le processus.
L'OUVERTURE DES NÉGOCIATIONS EST LOIN D'ÊTRE ACQUISE
Dans ces conditions, les réticences de l'opposition sont « compréhensibles », dit-on à Paris. D'autant que le régime syrien refuse la moindre concession avant le début des négociations, à commencer par la cessation du recours aux armes lourdes par Damas, la mise en place de couloirs humanitaires et la libération des prisonniers, réclamées par la CNS.
Autant dire que l'ouverture des négociations est loin d'être acquise. L'opposition demeure divisée sur la pertinence de cet exercice et le régime ne veut pas discuter du point clé des pourparlers, à savoir le départ de Bachar Al-Assad. Les négociations diplomatiques vont se poursuivre, lundi 13 janvier, à Paris lors d'une série de rencontres entre Laurent Fabius et son homologue américain, John Kerry, avec Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, et Lakhdar Brahimi, l'émissaire des Nations unies pour la Syrie.
Le chef de la diplomatie iranienne va se rendre en Syrie
Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, est arrivé à Beyrouth dimanche soir dans le cadre d'une tournée régionale qui doit le conduire en Irak, en Jordanie et en Syrie, principal allié régional de Téhéran, selon les médias iraniens.
L'Iran, qui soutient le président Bachar Al-Assad, n'est pas sur la liste des invités à la conférence internationale de paix sur la Syrie. Le secrétaire général de l'ONU souhaite l'inviter, et la Russie, principal allié de Damas, y tient également. Les Etats-Unis, eux, n'ont pour l'instant proposé qu'un rôle subalterne, que l'Iran a refusé.
Le président iranien Hassan Rohani avait estimé jeudi que la conférence de paix serait un échec si son pays n'y participait pas. L'Iran affirme appuyer une solution politique au conflit, mais est accusé, malgré ses démentis, de fournir un soutien militaire et financier à Damas.