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Volgograd touchée par un deuxième attentat
Mis à jour le 30/12/2013 à 20:17 - Publié le 30/12/2013 à 19:17
VIDÉO - Les enquêteurs russes font le lien entre les deux attaques qu'ils attribuent à des kamikazes musulmans venus du Caucase.
https://www.dailymotion.com/video/x1918ov_russie-au-moins-14-morts-dans-un-nouvel-attentat-a-volgograd_news?search_algo=2
À la veille du Nouvel An, la Russie vit un cauchemar éveillé. Depuis dimanche midi, les écrans de télévision ne sont plus que débris humains, vitres soufflées et témoins horrifiés. Coup sur coup, à moins de 24 heures d'intervalle, deux attentats ont ensanglanté la ville de Volgograd, à un millier de km au sud-est de la capitale russe. Après l'attentat suicide qui a frappé la gare centrale dimanche midi, une nouvelle explosion a éventré un trolleybus lundi matin, peu avant 8h30 locales, dans le quartier Dzerjinski, au nord de la ville. Quatorze nouveaux morts sont venus s'ajouter aux 17 victimes de dimanche, sans compter les dizaines de blessés, dont certains, dans un état grave, ont été transportés par avion à Moscou.
Selon le Comité d'enquête fédéral, les explosifs utilisés dans l'attaque du trolleybus présentent des éléments «identiques» à ceux utilisés dimanche à la gare, ce qui «confirme la version d'un lien entre les deux attentats», qui «ont pu être préparés au même endroit». Le mode opératoire est également similaire: ce sont des kamikazes lourdement équipés qui ont agi.
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«Les attaques sur Volgograd, ville jusqu'alors préservée des incursions terroristes, est une grande gifle pour Vladimir Poutine»
Alexeï Malachenko, spécialiste du Caucase au centre Carnegie de Moscou______________________________________________________________________________________________________
Dans le cas du trolleybus, les enquêteurs sont formels, le kamikaze était un homme. Pour l'attaque de la gare, le scénario est moins clair. Dimanche, la piste d'une femme, une «veuve noire» du Caucase, avait été évoquée par un policier en faction devant les portiques de sécurité: «Les policiers qui ont survécu affirment qu'ils ont repéré une femme d'apparence suspecte. L'explosion s'est produite lorsque l'un d'eux a tenté de s'approcher d'elle.» Mais les caméras de vidéosurveillance de la gare montrent également un homme, au centre de l'explosion. Sur les lieux, les enquêteurs ont retrouvé un doigt, encore pris dans la goupille d'une grenade. Il s'agirait de Pavel Petchenkin, un homme né à Voljsk, dans la République russe de Mari-El.
Le chef des services secrets russes, Alexander Borotnikov, dépêché sur place lundi par Vladimir Poutine, promet de faire toute la lumière sur ces drames: «L'enquête sur les deux attentats de Volgograd est très active. Je pense que nous saurons élucider ces crimes, d'autant plus qu'il y a des pistes concrètes.»
Les enquêteurs devront également se pencher sur l'attentat suicide qui avait déjà frappé Volgograd le 21 octobre, lorsqu'une jeune kamikaze s'était fait exploser dans un bus, causant la mort de 6 personnes. Pour Alexeï Malachenko, spécialiste du Caucase au centre Carnegie de Moscou, les attaques sur Volgograd, ville jusqu'alors préservée des incursions terroristes, est «une grande gifle pour Vladimir Poutine». À l'unisson, l'analyste militaire indépendant Pavel Felgenhauer estime que «cette série d'explosions vise à créer une atmosphère de terreur avant les Jeux olympiques de Sotchi», le projet phare du président russe, qui n'a pas hésité à défendre personnellement la candidature de sa ville de villégiature. Vladimir Poutine ne s'était toujours pas exprimé publiquement lundi sur cette série noire et n'a pas non plus annoncé de déplacement à Volgograd. Pourtant, il est urgent de rassurer. «Après cette série d'explosions, nous avons perdu quelques milliers de spectateurs qui ne viendront pas à Sotchi», souligne Alexeï Malachenko.
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«Cette série d'explosions vise à créer une atmosphère de terreur avant les Jeux olympiques de Sotchi»
Pavel Felgenhauer, analyste militaire indépendant ______________________________________________________________________________________________
Si, pour l'heure, aucune de ces trois attaques n'a été revendiquée, toutes portent le sceau de la rébellion islamiste du Nord-Caucase, emmenée par Dokou Oumarov, un Tchétchène passé de la lutte indépendantiste au djihad islamiste. Dans un appel vidéo diffusé en juillet sur Internet, celui qui s'est autoproclamé «l'Émir du Caucase» enjoignait «les combattants de toute la Russie» à «déployer un maximum de forces» pour faire avorter les JO de Sotchi et ses «danses satanistes sur les os de nos ancêtres».
En frappant à Volgograd, les terroristes ont montré à la Russie sa vulnérabilité. Les autorités concentrent leur attention sur Sotchi, au risque de laisser sans défense d'autres villes. «Nous ne savons pas où et quand il y aura encore des explosions, mais personne ne doute que cela se produira encore», prédit Alexeï Malachenko. «Nous devons nous méfier aussi bien de ceux qui agissent seuls que des musulmans russes et de ceux qui ont combattu en Syrie», souligne-t-il.
Plus encore que l'Irak ou l'Afghanistan, le conflit syrien est un important moteur de radicalisation dans le Caucase. C'est ce que dénoncent depuis des mois les diplomates russes. Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères, n'a d'ailleurs pas manqué de replacer les attentats de Volgograd dans le contexte du terrorisme mondialisé. Selon lui, «les attaques criminelles de Volgograd sont organisées sur les mêmes modèles, par les mêmes cerveaux, qu'aux États-Unis, en Syrie, en Irak, en Libye, en Afghanistan ou au Nigéria».