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LES FRONTIÈRES ENTRE L'ALGÉRIE ET LE MAROC RESTERONT FERMÉES... : Lamamra "punit" Mohammed VI
Par Mohamed TOUATI - Mardi 17 Decembre 2013 -
Le poste frontalier Akid Lotfi
En matière de relations diplomatiques, l'arrogance se paie cash. C'est la leçon que vient de donner le ministre algérien des Affaires étrangères au souverain alaouite.
L'Algérie ne tendra pas l'autre joue. Ce n'est pas dans ses habitudes. L'affaire de l'emblème national du consulat d'Algérie à Casablanca, profané par un sujet de sa majesté en «service commandé» est loin d'être enterrée. La condamnation ridicule que lui a infligé la justice aux ordres du trône, complice de cet acte inqualifiable a durablement offensé le peuple algérien (2 mois de prison avec sursis) le jour où il célébrait le 59e anniversaire du déclenchement sa révolution. «Il ne s'agit pas d'un incident anodin pouvant survenir n'importe où, mais d'une grave et flagrante atteinte aux symboles et valeurs auxquels nous croyons et que nous pensons encore partager avec les frères dans la région», précise M.Lamamra qui a tenu à souligner que cet incident «a profondément heurté la conscience collective algérienne». Les Algériens se sont senti doublement blessés après ce verdict de complaisance qui s'apparente à de la provocation, sorti tout droit du Palais royal.
La réplique était attendue. Elle est arrivée comme un plat qui se mange froid. Une leçon magistrale. En matière de relations diplomatiques, l'arrogance se paie cash. C'est la leçon que vient de donner le ministre algérien des Affaires étrangères au souverain alaouite qui rue dans les brancards pour que les frontières entre son pays et le nôtre soient ouvertes.
Les frontières algéro-marocaines «seront rouvertes une fois disparues les causes à l'origine de leur fermeture. A ce moment-là, les choses reprendront leur cours normal», a indiqué, le 15 décembre, le patron de la diplomatie algérienne dans un entretien accordé à la chaîne France 24. «Cette question concerne le principe algérien qui veut que les frontières algéro-marocaines ne seront rouvertes qu'une fois disparues les causes à l'origine de leur fermeture. A ce moment-là, les choses reprendront leur cours normal avec le voisin marocain» a-t-il souligné pour rafraichir la mémoire des responsables marocains qui ont oublié qu'ils ont été les premiers à dégainer. Une véritable chasse aux Algériens résidant au Maroc avait, en effet, été organisée au lendemain de l'attentat qui a ciblé le 24 août 1994 l'hôtel Asni à Marrakech.
Les autorités marocaines ont accusé l'Algérie qui faisait pourtant face à des actes terroristes d'une extrême sauvagerie, d'être derrière cet événement. Cela s'est traduit dans un premier temps par l'instauration de visas pour nos compatriotes désirant se rendre au Royaume. Des dizaines d'Algériens ont été mis à la porte de leurs hôtels et expulsés sans ménagement tandis que des centaines ont affirmé avoir subi des brutalités de la part des services de police marocains...
Des vols spéciaux ont été affrétés par Air Algérie à partir de Casablanca pour les rapatrier. Tous les moyens de transports disponibles par air et par mer ont été mobilisés pour leur permettre de quitter un territoire marocain qui leur est devenu hostile. C'est cette amnésie qui est venue titiller le patron de la diplomatie algérienne. Ce sont tous ces actes d'agressivité et de haine que le pouvoir marocain doit désormais assumer. Ramtane Lamamra avait pourtant averti:«La retenue est extraordinairement importante quand il s'agit de pays voisins frères» a-t-il indiqué le 8 octobre 2013 sur les ondes de la Chaîne III.
Un conseil que les autorités marocaines ont préféré ignorer. Cette fois-ci le ton est plus martial, mais toujours dans les règles de l'art comme pour dire qu'il peut aussi monter d'un cran. On ne s'attaque pas impunément aux symboles de la guerre de Libération et à ses martyrs. Mohammed VI doit comprendre ce message. La balle est désormais dans le camp marocain.