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La Cour suprême britannique reconnaît la Scientologie comme une religion
Publié le 11/12/2013 à 16:09
L'Église de scientologie a désormais le droit de célébrer des mariages en Grande-Bretagne.
En reconnaissant la capacité de l'Église de scientologie à prononcer des mariages, la juridiction suprême ouvre la voie à une normalisation de la secte outre-Manche.
L'Église de scientologie se rapproche d'une reconnaissance officielle par l'État britannique. La Cour suprême, plus haute juridiction du pays, a donné raison à une femme qui souhaite se marier dans une chapelle de l'organisation, reconnue comme «un lieu de culte».
Au Royaume-Uni, où il n'y a pas de séparation entre l'Église et l'État, le mariage religieux vaut mariage civil et une seule cérémonie est nécessaire. Un mariage célébré dans une église n'a pas besoin d'être ratifié dans une mairie, comme en France, pour être reconnu. C'est à ce titre que Louisa Hodkin, 25 ans, élevée dans la scientologie par ses parents, a déposé un recours après le refus d'un officier d'état-civil de reconnaître son union avec son fiancé Alessandro Calcioli, lui aussi scientologue. «Je voulais me marier dans mon église et ne pas avoir à faire deux mariages», a expliqué la plaignante.
Une «forme de discrimination religieuse inacceptable»
A l'unanimité, la Cour suprême a mercredi annulé une décision précédente d'une cour d'appel refusant la demande du couple, au nom d'une jurisprudence de 1970 qui ne considérait pas la scientologie comme «un lieu de culte». La Cour argumente sa décision par une évolution dans l'interprétation de la notion de culte, estimant que la définition de 1970 comme «la vénération d'un dieu ou d'un être suprême» était caduque. «La définition de religion ne doit pas être confinée à celles qui reconnaissent une déité suprême», ce qui serait «une forme de discrimination religieuse inacceptable dans la société d'aujourd'hui», justifie un juge de la cour suprême, qui estime que le bouddhisme serait exclu selon ce critère.
Cette évolution suscite une relative inquiétude dans un pays très tolérant pour les libertés individuelles. Le ministre des collectivités locales Brandon Lewis a annoncé que le gouvernement allait procéder à un examen juridique de la décision. «Je suis très préoccupé par cette décision», a-t-il déclaré, en particulier pour ses implications en termes de fiscalité. La reconnaissance de la Cour suprême sera sans doute utilisée comme une victoire par la Scientologie pour se faire reconnaître comme une Église à part entière et bénéficier du coup d'un statut fiscal particulier, comme c'est le cas depuis longtemps aux États-Unis après des années de lobbying.
«Les contribuables pourront se demander pourquoi les instances de la Scientologie devraient recevoir des exemptions fiscales», souligne le ministre. Son collègue en charge de l'éducation, Michael Gove, avait un jour décrit la scientologie comme «une secte nocive fondée par un individu pour s'enrichir en exploitant les plus faibles». Mais on est loin en Grande-Bretagne d'une condamnation quasi-unanime comme en France.