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Le piratage de musique et de films émerge sur smartphone
Mis à jour le 29/11/2013 à 19:21 - Publié le 29/11/2013 à 19:06
L'application AnyPlay sur iPhone.
L'Hadopi publie un panorama complet des pratiques illicites de téléchargement et de streaming.
Avec le temps, les Français sont devenus de vrais experts en piratage. Une étude publiée vendredi par l'Hadopi montre que les pirates connaissent de nombreuses techniques pour écouter de la musique ou regarder des vidéos gratuitement et illégalement, et qu'ils sont capables d'en changer pour continuer à obtenir ce qu'ils cherchent.
Une des pratiques en vogue, notamment chez les plus jeunes, concerne les smartphones. Parmi les Français qui piratent, 17% ont déjà utilisé une application pour écouter ou visionner un bien culturel illégalement, dont les deux tiers depuis moins d'un an. Il peut s'agir de fichiers téléchargés sur un ordinateur et transférés sur le téléphone, mais pas seulement. Des logiciels comme AnyPlay sur iPhone permettent d'écouter sans payer de la musique hébergée illégalement sur Internet. Pour les films, l'application du réseau social russe vK donne accès à un large catalogue de longs-métrages directement depuis un smartphone. Il existe aussi des sites de streaming de films et de séries spécialement pensés pour une consultation sur mobile, dont Streaming4iPhone, cité en exemple par l'Hadopi.
L'étude de la Haute Autorité confirme que le piratage est multiforme et que les pratiques évoluent rapidement. «Le peuple illicite n'est plus mono-technique, c'est un écosystème complet, qui a l'habitude de faire de l'illicite. C'est aussi un peuple mouvant, qui cherche toute l'année du contenu le plus récent et gratuit dans la profusion», explique Éric Walter, secrétaire général de l'institution. Ces Français qui piratent peuvent aussi bien utiliser des applications mobiles, des logiciels de peer-to-peer, des sites de streaming, télécharger depuis des forums ou s'échanger des DVD, disques durs et clés USB. Pour cela, ils savent se montrer technophiles: 17% des pirates sont déjà passés par un VPN, un réseau privé, qui nécessite de modifier sa configuration d'accès à Internet.
L'expérience de l'Hadopi
Cette étude de l'Hadopi plaide, en creux, pour une large réponse au piratage, qui ne se limiterait pas à l'envoi massif d'avertissements aux utilisateurs de réseaux de peer-to-peer. Elle est publiée au lendemain d'une décision du tribunal de grande instance de Paris, qui a ordonné aux fournisseurs d'accès à Internet français de bloquer seize sites de streaming, dont le populaire DPStream, qui attire plus de 2 millions de visiteurs uniques par mois. En janvier, la présidente de la commission de protection des droits de l'Hadopi, Mireille Imbert-Quaretta, remettra les conclusions de la mission que lui a confiée la ministre Aurélie Filippetti sur la contrefaçon commerciale.
Pour l'Hadopi, la meilleure réponse au piratage viendra quoi qu'il arrive de la qualité de l'offre légale. La Haute Autorité, qui a aussi pour mission d'encourager le développement de ces pratiques, présentera dans deux semaines une «refonte de son approche de l'offre légale». Elle estime être allée au bout de ce qu'elle pouvait proposer, faute de moyens suffisants.
Le gouvernement a une nouvelle fois réduit le budget de la Haute Autorité pour l'année 2014. Il souhaite transférer dès l'an prochain les attributions de l'Hadopi au Conseil supérieur de l'audiovisuel, conformément aux recommandations de la mission de Pierre Lescure sur l'Acte II de l'exception culturelle. La Haute Autorité souligne l'expérience acquise en trois ans d'exercice. Elle estime que ses agents sont les mieux à même de poursuivre cette lutte contre le piratage. «Nous avons cette compétence et elle peut être transférable s'il le faut», note Éric Walter.