Sahara occidental : Le temps de la décolonisation
Publié le 16 novembre 2013
« Le moment est venu pour que la communauté internationale et les Nations unies mettent un terme à l’occupation marocaine », a souligné le président sahraoui.
La 38e Eucoco (conférence européenne de coordination), qui tient ses assises à Rome, sera-t-elle le virage décisif que le peuple sahraoui attend depuis des lustres ? Assurément, à la lumière de la prise de conscience de la communauté internationale unanime à reconnaître le déni colonial abject et le massacre à huis clos d’un peuple en résistance pacifique pour la satisfaction de ses droits nationaux reconnus internationalement légitimes.
Le « printemps arabe » s’arrêterait-il aux frontières sahraouies frappées du sceau de la complicité de certaines puissances et de la vision à double standard aux antipodes des vertus humanitaires et démocratiques tant proclamées ? « Il est devenu clair à tout le monde que la question sahraouie est un problème de décolonisation », a martelé le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, à l’ouverture de l’Eucoco. Fallait-il en douter ? La question sahraouie, inscrite sous le statut des TNA (territoires non autonomes) dans l’agenda onusien, est surtout victime de la cécité et de la duplicité occidentale sacrifiant sur l’autel des intérêts commerciaux la force du droit international.
« Le moment est venu pour que la communauté internationale et les Nations unies mettent un terme à l’occupation marocaine et ordonnent la destruction du mur de la honte séparant les camps des réfugiés sahraouis de leur territoire national », a souligné le président sahraoui. Plus qu’un forum, la voix des organisations internationales non-gouvernementales et de la société civile est l’expression d’un mouvement de solidarité avec la cause sahraouie marquée par l’émergence d’un consensus mondial brisant le mur du silence pour faire front contre la violation massive des droits de l’homme dans les territoires occupés.
Fait significatif : les révélations sur le charnier sahraoui à la veille du rendez-vous de Rome, le bilan particulièrement « énorme » de l’Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) activant en France relevant l’augmentation du nombre de détenus politiques au Maroc (255) représentant des jeunes, un militant sahraoui, des étudiants, des militants des droits de l’homme, des militants du mouvement du 29-Février, des syndicalistes…
La réalité de l’enfer marocain est aujourd’hui communément admise, comme le montre expressément le rapport « Tannock » du parlement européen, la fondation Kennedy et d’autres organisation humanitaires. Elle est aussi le fait des représentants de la société civile latino-américaine, présente à Rome, dénonçant le rôle « ambigu » des grandes puissances et solidaires de la lutte du peuple sahraoui. Au regard de la nature coloniale, le président de l’Eucoco, Pierre Galand, a exhorté l’Europe à ne pas accorder « un traitement de faveur » au Maroc. Le cas espagnol a été, à cet effet, évoqué par des parlementaires et des militants des droits de l’homme, plaidant la révision des privilèges octroyés par l’Europe.
« Les gouvernements espagnols, qui se succèdent, sont aveuglés par la priorité de préserver les intérêts économiques de leur pays en appuyant le Maroc et se préoccupent très peu de la situation des Sahraouis », a indiqué à l’APS, Pablo Escobar, parlementaire espagnol et défenseur des droits de l’Homme, mettant en exergue le fossé qui sépare la société espagnole et le gouvernement. Plus qu’une préoccupation, la question sahraouie est, pour la vice-présidente de l’Association des violations graves des droits de l’Homme au Sahara occidental, Ghaliya Djimy, une responsabilité fondamentale de la communauté internationale. « Maintenant que des parlementaires, des politiciens et des humanistes occidentaux ont constaté de visu l’horreur que vivent les Sahraouis, le monde a enfin ouvert les yeux ». L’ONU a aussi tout vu.
Larbi Chaabouni