Jamel Administrateur
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| Sujet: Au troisième procès, le docteur Muller acquitté Jeu 31 Oct - 22:22 | |
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Au troisième procès, le docteur Muller acquitté
Mis à jour le 31/10/2013 à 19:56 - Publié le 31/10/2013 à 19:50
Le docteur Jean-Louis Muller a été acquitté à son troisième procès. Par deux fois, les juridictions criminelles n'avaient pas cru l'homme accusé d'avoir maquillé le meurtre de sa femme Brigitte en suicide. À son troisième procès, la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle l'a acquitté.
L'avocat général en était convaincu: le 8 novembre 1999, Jean-Louis Muller aurait conduit, de force, son épouse Brigitte au sous-sol de leur maison d'Ingwiller (Bas-Rhin), l'aurait tuée par jalousie et aurait tenté de maquiller le crime en suicide. Il aurait utilisé un revolver chargé d'une munition très particulière en principe destinée à un fusil afin que la tête de la malheureuse soit pulvérisée, car il en avait besoin pour son scénario. Selon la démonstration de Jacques Santarelli, jamais Brigitte, jolie femme de 43 ans, ne se serait suicidée selon un mode qui la laisserait défigurée. Il fallait donc voir derrière ce crime «l'intervention d'une main experte et criminelle, celle de Jean-Louis Muller» - médecin légiste à l'époque. Bien. Quelles preuves le virevoltant magistrat à l'accent ensoleillé apporte-t-il jeudi au soutien de son propos? Aucune. Il formule des hypothèses et ne s'en cache d'ailleurs pas, puis choisit celles qui l'arrangent, estimant que le bon sens penche en leur faveur. Il pioche dans les multiples et contradictoires expertises, ce qui peut lui profiter et demande aux jurés de ne pas lire ces pièces «avec la prudence des experts, mais de manière beaucoup plus énergique», consigne qui laisse perplexe. À la fin, son débit devenant de plus en plus vif et sa voix, de moins en moins audible, il appelle Musset en renfort, car «on ne badine pas avec Jean-Louis Muller», avant de comparer le couple Jean-Louis et Brigitte Muller à Paillasse trompé par Colombine. «Il a tué la femme, il a tué la mère, ça mérite vingt ans», conclut-il, comme le maraîcher vous fait un prix sur le deuxième kilo de navets.
Une démonstration charpentée
Me Éric Dupond-Moretti se lève. «J'ai bien mal choisi mon innocent», lance-t-il, avant d'étriller son confrère de la partie civile, Me Vialle, auteur mercredi d'une affligeante prestation, en reprenant sa description de l'accusé, «paranoïaque, petit notable, médecin par défaut, fils de collabo…». Puis il prend à bras-le-corps ce que l'avocat général a soigneusement évité, tel un automobiliste zigzagant pour éviter des plaques de verglas: le détail des expertises balistiques et des résidus de tir. L'avocat a disposé, au début du procès, la table à tréteaux à côté de laquelle Brigitte Muller a été retrouvée sans vie. Avec l'aide de sa collaboratrice, Me Alice Cohen-Sabban, il propose, mieux, il donne à voir aux jurés une démonstration charpentée selon laquelle, en fonction des traces de sang et des projections de matières organiques, l'intervention d'un tireur est, il le martèle, «im-pos-sible», contrairement à ce qu'a prétendu le ministère public dans un réquisitoire rebaptisé «ratatouille». Me Dupond-Moretti accumule les éléments en faveur de son client, relevant notamment que les projections organiques étaient plus importantes dans la manche droite de la victime et lançant un défi: «Expliquez cela si Jean-Louis Muller est le tireur!» Quand il se rassied, l'impression est forte que cet accusé - qui ajoutera simplement: «Je suis innocent» -, ne pouvait pas être mieux défendu. En 2008 et 2010, il avait été condamné à vingt ans de réclusion (le second verdict a été cassé). Les jurés ont manifestement mieux goûté la plaidoirie âpre, puissante et intransigeante de la défense que la «ratatouille» de l'accusation. Le docteur Muller a été acquitté. | |
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