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Cet ex-avocat qui affirme que la police voulait sa mort
Mis à jour le 17/09/2013 à 09:32 - Publié le 16/09/2013 à 19:15
Karim Achoui
(ici en août 2010) retrouvera les tribunaux, ce mardi, pour la tentative d'assassinat dont il a fait l'objet en 2007.
Ce mardi débute le procès des six hommes suspectés d'avoir tenté d'assassiner Karim Achoui en 2007 au pied de son cabinet parisien.
Karim Achoui n'en démord pas: selon lui, la police, d'une façon ou d'une autre, est derrière la tentative d'assassinat dont il a été victime, le 22 juin 2007. Ce soir-là, il quitte vers 22 heures son cabinet parisien, boulevard Raspail. Un homme l'attend, qui plonge la main dans une sacoche et brandit une arme. L'avocat pique un sprint, des coups de feu claquent, il s'effondre, gravement blessé. Le pistolet s'est enrayé, sans quoi M. Achoui serait mort.
Six hommes comparaissent devant les assises de Paris à compter de ce mardi, pour «tentative de meurtre en bande organisée», crime passible de la perpétuité. Six personnages bien connus de la police mais nullement de M. Achoui, selon ses dires, soupçonnés d'avoir ourdi l'assassinat d'un avocat qui aurait trahi des intérêts inavouables. La victime ne porte plus la robe depuis sa radiation pour des malversations. À l'époque des faits, il était soupçonné d'avoir prêté main-forte, en 2003, à l'évasion d'Antonio Ferrara, l'un de ses clients détenu à Fresnes. Condamné en première instance, malgré le caractère très mince des éléments retenus contre lui dans ce dossier, M. Achoui a été acquitté en appel.
Le voici, aujourd'hui, partie civile. À 46 ans, mince, tiré à quatre épingles, Karim Achoui porte beau et s'exprime avec recherche. Moins affirmatif que dans l'immédiat après-crime - il est vrai qu'il a été condamné en diffamation en 2011 -, il continue à désigner les forces de l'ordre comme commanditaires, du moins indirectement, de l'attentat: en colportant auprès de dangereux voyous des malveillances à son égard, des fonctionnaires lui auraient accroché une cible dans le dos. Pourquoi? M. Achoui, plus réputé pour sa mise que pour sa modestie, répond qu'il était devenu la bête noire de la police, tant étaient nombreux, et éclatants, ses exploits judiciaires au bénéfice de gros bonnets du milieu. Comme il est le seul à tenir la comptabilité de ses innombrables triomphes, il faut le croire sur parole. Mais on notera qu'aucun de ses confrères connus pour leur efficacité ne s'est fait tirer comme un lapin en quittant son cabinet.
«Moi, personne ne m'a jamais mis à l'amende!»
Balayant d'un revers de la manche les rumeurs selon lesquelles il fut un «ripou» qui escroquait ses dangereux clients, Karim Achoui rétorque: «Moi, personne ne m'a jamais mis à l'amende!» Et de citer plusieurs de ses anciens confrères qui auraient été corrigés par des malfrats. Se disant lâché par l'Ordre et la plupart des avocats parisiens, il est certain qu'aux yeux de la justice, le crime du 22 juin 2007 n'était rien d'autre qu'un règlement de comptes entre voyous - il était à l'époque, rappelons-le, mis en examen pour l'évasion de Fresnes - et en voit une preuve dans le fait que les accusés sont poursuivis pour tentative de meurtre, et non d'assassinat. Certes, la circonstance aggravante de «bande organisée» sous-entend la préméditation et fait monter le quantum encouru à la peine maximale du Code pénal, mais M. Achoui reste inébranlable.
Il a, un temps, tenu un restaurant: «J'avais besoin de retrouver l'humilité qui me manquait», confie-t-il. Puis, en juin dernier, il a décidé de créer la Ligue de défense judiciaire des musulmans (LDJM) pour répondre à l'«islamophobie ambiante». Afin de pouvoir se constituer partie civile dès à présent - une association ne peut le faire qu'au bout de cinq ans -, la LDJM a absorbé une structure déjà existante. Et l'on parle notamment d'elle, se félicite son fondateur, dans des affaires de «femmes voilées à Trappes et Argenteuil».
C'est donc remonté comme une pendule en Armani que Karim Achoui s'apprête à affronter le box des assises, jusqu'au 4 octobre. Il envisage de tenter plus tard une réinscription au Barreau - ce n'est pas gagné d'avance. Il semble aussi hâbleur qu'avant son apprentissage de l'humilité dans la limonade. D'ailleurs, la seule hypothèse qu'il n'ait pas envisagée, c'est que le tireur l'ait visé par erreur.