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Syrie : Hollande piégé par la reculade d'Obama
Publié le 01/09/2013 à 19:37
À l'Élysée, avant le conseil national de défense qui s'est tenu, mercredi 28 août, sur la Syrie.
Seul pays à vouloir participer directement aux frappes, la France est suspendue aux décisions de Washington.
La semaine s'annonce extrêmement compliquée pour François Hollande. Parti sabre au clair pour frapper Bachar el-Assad sans délais, le chef de l'État est contraint de temporiser après la décision de Barack Obama, samedi, de consulter le Congrès, en congé jusqu'au 9 septembre.
Sur le front intérieur, le président de la République doit faire face à la contestation croissante de l'opposition qui réclame un vote au Parlement - et pas seulement le simple débat prévu mardi. Jeudi et vendredi, au G20 de Saint-Pétersbourg, Hollande, devenu au débotté le meilleur allié de Washington, pourra difficilement échapper au vent polaire qui souffle entre Barack Obama et Vladimir Poutine. Entre-temps, jeudi à Vilnius, en Lituanie, Jean-Yves Le Drian fera face à ses homologues européens, confortés pour la plupart par le «no» britannique à l'intervention en Syrie. Bref, la passe est délicate pour le chef de l'État qui a revêtu une nouvelle fois l'uniforme. Presque un vrai moment de solitude.
Son entourage le dit déterminé. Mais imaginons un instant le scénario qui verrait les parlementaires américains récuser une action de force contre Bachar: le général Hollande serait alors carrément lâché en rase campagne… D'autant qu'on est bien conscient à Paris, que plus on s'éloignera du 21 août, date des attaques chimiques près de Damas, plus la «sanction» risque d'être affaiblie dans ses effets politiques et militaires. Il lui faudra aussi préserver la cohésion au sein du «pack» gouvernemental. Pas évident, malgré les assurances officielles, compte tenu des différences de sensibilité.
Tandem Fabius-Kerry
À la différence du Mali, Laurent Fabius est monté au créneau le premier, dès le lendemain des bombardements, réclamant une action de force. En contact étroit avec John Kerry, le patron du Quai d'Orsay a brandi contre Bachar, sa bête noire, la force de ses «convictions» et d'une argumentation morale. «Il a été loin, parfois trop loin. Il se retrouve aujourd'hui en chaussettes», ironise le conseiller d'un ministre. Certes, devant les ambassadeurs, François Hollande, martial, a dégainé l'arme éthique et parlé de «punition», tout en évoquant la nécessité d'une réponse «appropriée».
Du côté de la Défense, on se félicite d'avoir amené la riposte sur le terrain sécuritaire de la non-prolifération et des «preuves». Une compilation de documents réunis par les services secrets français sur l'arme chimique en Syrie va être déclassifiée aujourd'hui. «Les Français ne comprennent pas l'argument moral, la pierre angulaire, c'est le renseignement», souligne un conseiller du ministère de la Défense en se félicitant d'avoir perçu le même écho chez Barack Obama. «Cela n'élude pas la question: des frappes pour quoi faire?», analyse le député européen Arnaud Danjean, président de la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement de Strasbourg, en doutant fortement de la capacité dissuasive ou préventive d'une action punitive ponctuelle «pour solde de tout compte». D'où l'hypothèse qu'il formule selon laquelle Obama l'indécis a pu jouer une carte tactique: crédibiliser au maximum la menace chimique pour exploiter la fenêtre diplomatique du G20.
«Poutine, qui ne veut surtout pas être court-circuité par les Américains comme Eltsine l'avait été au Kosovo, pourrait bien ressortir l'idée d'une conférence internationale dont il faut se souvenir que ce sont les rebelles qui l'ont refusée», relève Arnaud Danjean. Une sortie par le haut qui serait aussi pour François Hollande la divine surprise…