L’Egypte dans l’engrenage de la violence, le guide des Frères musulmans arrêté
Par Agence | 20/08/2013 | 9:20
Le guide suprême des Frères musulmans a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi en Egypte, alors que la spirale de la violence s’est accélérée avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures dans le pays.
Mohamed Badie, le chef de l’influente confrérie du président destitué Mohamed Morsi, a été capturé avec deux autres hauts dirigeants du mouvement dans un appartement tout près de la place Rabaa al-Adawiya, sur laquelle plus de 280 partisans du chef de l’Etat déchu avaient été tués mercredi lors de la première opération de la police et de l’armée contre les rassemblements de manifestants islamistes.
Les télévisions publiques comme privées égyptiennes qui soutiennent quasi-unanimement le coup de force des militaires ont diffusé dans la nuit des images de Badie, 70 ans, emmené par la police et assis dans un bureau, l’air prostré dans sa jalabiya blanche, la longue tunique égyptienne traditionnelle.
La justice avait ordonné son arrestation notamment pour “incitation à la violence”, ainsi que celle de plusieurs autres cadres importants des Frères musulmans, le 10 juillet, une semaine après que l’armée eut destitué et arrêté Morsi, premier chef de l’Etat égyptien élu démocratiquement.
Depuis six jours, et malgré le tollé déclenché dans les pays occidentaux, le Qatar et la Turquie, qui dénoncent un “carnage”, le pouvoir mis en place par l’armée a ordonné la dispersion systématique de toute manifestation des pro-Morsi.
Les heurts avec les forces de l’ordre ont fait au total près de 900 morts depuis l’assaut de la place Rabaa mercredi.
Le pouvoir a donné il y a quatre jours l’autorisation aux soldats et policiers d’ouvrir le feu sur les manifestants s’en prenant aux biens publics et aux forces de sécurité. Le chef de l’armée et nouvel homme fort de l’Egypte, le général Abdel Fatah al-Sissi, a martelé dimanche que son pays ne “pliera pas” devant les “terroristes”, ainsi que le pouvoir et les médias qualifient les Frères musulmans.
Plus d’un millier de manifestants pro-Morsi ont également été arrêtés, dont les cadres les plus importants des Frères musulmans, qui doivent être jugés à partir du 25 août, comme Badie.
Le propre fils de Badie a lui-même été tué par balles durant une de leurs manifestations “contre le coup d’Etat” vendredi au Caire.
Badie est le 8e guide suprême des Frères musulmans, élu en janvier 2010 à la tête de la confrérie qui a remporté les premières législatives libres du pays début 2012, un an après la chute de Hosni Moubarak.
Dans le pays, les médias unanimes et une grande partie de la population qui considèrent désormais les Frères musulmans comme des “terroristes”, soutiennent la méthode forte de l’armée, qui a suscité à l’étranger une vague de critiques de plus en plus virulentes.
Human Rights Watch (HRW) a demandé lundi au gouvernement égyptien de cesser de tirer sur les manifestants, contestant également le bilan des morts établi par l’armée.
Amnesty International a dénoncé un “carnage total”, et déploré la “faiblesse” des réactions internationales.
Les pays de l’Union européenne, qui se sont dits prêts à “réexaminer” leurs relations avec Le Caire, tiennent une réunion ministérielle mercredi sur le sujet.
Les Etats-Unis ont lancé un appel à la réconciliation et déclarent continuer à examiner l’aide qu’ils fournissent à l’Egypte –1,5 milliards de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée–, tout en reconnaissant que leur « capacité d’influence y était limitée”.